La version iranienne de la dépêche diffère de sa version française où Nicolas Sarkozy évoque sous une nouvelle forme sa formule préférée : « la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran ».

Cette fois au lieu d’évoquer une attaque américaine ou atlantiste, Sarkozy évoque une attaque regrettable de la part d’un Israël excédé !

Sarkozy a dit : « L’Iran prend un risque majeur à continuer le processus d’obtention du nucléaire militaire, ce qui est notre certitude, parce qu’un jour, quel que soit le gouvernement israélien, on peut se retrouver un matin avec Israël qui a frappé… Il ne s’agit pas de savoir si c’est légitime, si c’est intelligent ou pas. Qu’est-ce qu’on fera à ce moment-là ? Ça sera la catastrophe. Il faut éviter cette catastrophe. Comment l’éviter ? La position internationale c’est de dire, l’Iran doit arrêter l’enrichissement ». Nicolas Sarkozy a aussi invité les mollahs à accepter d’ouvrir leurs sites aux inspecteurs de l’AIEA pour montrer leur bonne foi et en échange il s’est dit prêt à aider l’Iran à se doter du nucléaire civil en « témoignage de la bonne volonté » des pays occidentaux.

A Téhéran, la presse iranienne se dit étonnée par la compassion affichée par le président français pour un Iran agressé par une frappe israélienne. En revanche, l’évocation d’une frappe israélienne n’a nullement fait réagir les médias qui semblent lassés par ce bluff américain auquel personne ne croit plus vraiment. Le reste des propos du président français est tout simplement réinterprété.

Téhéran affirme que la poursuite des activités nucléaires iraniennes est problématique, mais que la France l’accepte à condition qu’elles se fassent sous la surveillance des inspecteurs de l’AIEA et comme preuve de cet assouplissement, Téhéran cite l’offre de Sarkozy d’aider l’Iran dans ses activités nucléaires pacifiques ! C’est d’ailleurs cette phrase qui fait le titre des principaux articles consacrés à ces propos.

Cette attitude doucereuse des mollahs qui font semblant de ne pas comprendre les insinuations de Sarkozy présage d’une invitation qui sera lancée au président français de se rendre à Téhéran comme il s’est rendu à Damas. D’ailleurs, le régime des mollahs flatte le président français en se disant convaincu que Damas peut jouer un rôle pour la résolution de la crise nucléaire iranienne !

Les mollahs ne sont certes pas des diplomates aguerris, mais ils savent manipuler leurs interlocuteurs, c’est la base de leur apprentissage religieux. Malgré la similarité des propos du président français avec ses précédents discours sur l’Iran, le régime des mollahs laisse passer, l’encourage dans ses initiatives diplomatiques, dans l’espoir de l’attirer jusqu’à Téhéran pour une visite qui sera synonyme d’une reconnaissance de son rôle d’acteur majeur de la région (le sien, pas celui de Sarkozy).

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