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Iran : Les Etats-Unis entre deux eaux
17.07.2008

Les américains ont annoncé leur décision de prendre part aux négociations multipartites avec Téhéran. William Burns, numéro trois du département d’Etat, participera aux côtés de Javier Solana et des diplomates de France, Allemagne, Grande-Bretagne, Russie et Chine à une rencontre avec le négociateur iranien. Quelle est la portée de cette décision ?



Sa portée est sans aucun doute symbolique, car elle contredit les rumeurs de guerre, mais sur un plan concret son intérêt est nul pour les américains car ils cherchent une entente privée avec Téhéran à l’issue d’une négociation privée et non une rencontre en présence de leurs adversaires ou concurrents dans le domaine pétrolier.

Cependant, en acceptant de participer à cette rencontre sans intérêt concret pour son projet d’entente privée (mais symbolique), l’administration Bush cherche à préparer l’opinion américaine pour d’éventuelles négociations bilatérales et officielles avec Téhéran.

Une entente avec les mollahs est incontournable pour l’avenir de la suprématie américaine (Washington n’a pas d’autres choix). Cependant, il peut conclure une entente secrète avec les mollahs sans passer par des négociations bilatérales et officielles. Mais les choses sont plus complexes : pour affaiblir Téhéran et le forcer à accepter un deal (que ce dernier juge très inéquitable), Washington a utilisé l’argument des soi-disant activités nucléaires ou balistiques suspectes de l’Iran.

C’est ce volet de l’affaire qui pose problème : Washington doit trouver un moyen officiel et plausible pour justifier auprès de l’opinion américaine et surtout l’électorat républicain un abandon des charges et des sanctions contre les mollahs. Donc même en cas d’un deal secret, Washington est tenu de trouver le moyen de désactiver ses sanctions contre Téhéran, d’où l’utilité des négociations bilatérales et officielles. Ce genre de négociations engagerait également les mollahs à faire certaines concessions (sur le nucléaire ou encore le Hezbollah) .

En participant à cette rencontre sans intérêt pour son projet de dialogue et d’entente privés, l’administration Bush cherche à familiariser les américains avec un revirement (indispensable et programmé) de sa politique iranienne.

Cependant, cela reste très théorique : Téhéran ne veut pas du deal américain, mais d’une reconnaissance de son rôle régional (et l’impunité pour ses alliés : la Syrie, le Hamas et le Hezbollah). De plus, si l’administration Bush lâche la pression de ses sanctions, Téhéran se montrera encore plus récalcitrant. C’est une situation impossible qui ne dégénère pas en conflit ouvert en raison de l’intérêt que représente une alliance entre Washington et les mollahs.

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Un point de vue opposé sur cette situation impossible :
- Iran – Russie : Le torchon brûle entre les deux alliées
- (16 MAI 2008)

Une autre initiative américaine pour renouer le dialogue avec les mollahs :
- Iran : Gates propose une dédiabolisation des mollahs
- (16 MAI 2008)

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (des mollahs) |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |