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Iran : Propositions économiques indécentes dans le Figaro
19.06.2008

Le 14 juin, Javier Solana a transmis aux mollahs le paquet d’offres des Six. Ces derniers ont progressivement adopté une position plus modérée en affirmant qu’ils étudieraient l’offre. Mais Téhéran entend mettre à profit ce délai de réflexion pour des manœuvres susceptibles d’affaiblir le Conseil de sécurité ou l’unité des Six.



Ces manœuvres peuvent revêtir différents aspects (remise en cause du TNP ou encore du Conseil de Sécurité). Par exemple dans un premier temps, Téhéran a évoqué la présence d’au moins un Etat musulman dans le Conseil de Sécurité qui en l’absence d’un tel membre est présenté comme un club impérialiste par excellence. Mais, comme nous l’avons déjà affirmé, ce genre de proposition politisée, malgré son ingéniosité, ne peut être immédiatement utile à Téhéran. D’ailleurs, cette dernière proposition (de Khamenei) n’a pas été commentée dans les médias car elle indispose les Etats musulmans plus qu’autre chose. C’est pourquoi Téhéran a décidé de faire appel à une proposition moins polémique et certainement plus efficace.

Dans un entretien accordé au Figaro, le ministre iranien des affaires étrangères évoque le projet du régime de vendre toutes les industries et ressources naturelles iraniennes aux investisseurs étrangers ! Sous le prétexte de libéralisation ou projet de modernisation de l’Iran, tout sera soldé : la sidérurgie, les télécommunications, mais surtout la pétrochimie, c’est-à-dire le pétrole.

Ceci est déjà presque le cas puisque le régime des mollahs a renoncé à la production destinée à l’export et vend uniquement des droits d’exploitation pétroliers aux grandes compagnies comme Total, Shell, Eni…

Cependant, cette promesse de dénationalisation des ressources naturelles n’est pas nouvelle : depuis l’été 2005, toutes les plateformes de lobbying du régime évoquent ces projets de privatisation pour attirer en Iran les capitaux étrangers. Il faut croire que le Journal d’Iran et ses experts (Thierry Coville, Parviz Mina) et leurs confrères freelance (Jérôme Monod, Bernard Poletti…) ont échoué puisque Téhéran a décidé d’opérer en direct par la voix de son ministre des affaires étrangères !

Dans cet entretien, les questions ont l’air d’avoir été rédigées par les mollahs. Jouant la carte de la sincérité, Téhéran a accepté de répondre à toutes les questions du Figaro et ce afin de créer la confiance chez ses lecteurs. Mais attention, les questions soulignent invariablement la bonne volonté de l’Iran dans tous les domaines y compris celui du nucléaire en attribuant aux mollahs le projet de la création d’un consortium de fabrication de combustible, mais l’accent est mis sur ces potentiels pour les investisseurs étrangers qui boudent les mollahs depuis 3 ans. L’interview commence et se termine sur ce sujet primordial pour les mollahs.

Cependant, sincérité oblige, la question du Hezbollah au Liban est abordée très brièvement et quant au rôle des mollahs en Irak, le ministre iranien dément et Renaud Girard, un habitué du cirage de pompes des mollahs boucle le sujet en posant une question sur le rôle très modérateur des mollahs dans ce pays ! Les deux sujets ont été évoqués pour éviter à Renaud Girard d’être taxé de faire du lobbying pour une reprise des investissements en Iran. Débarrassé de l’Irak et du Liban, Renaud Girard a immédiatement enchaîné sur une autre confidence que les mollahs voulaient partager avec les investisseurs français !

Girard demande : « Êtes-vous favorable à l’idée de créer, en territoire iranien, une zone franche internationale sur la rive nord du golfe Persique ? »

Et le ministre du régime des mollahs répond spontanément : « C’est une excellente initiative. Si, en Europe, il y a des sociétés qui souhaitent participer à un tel projet, nous l’étudierons très sérieusement. »

Et dans la foulée, il en profite pour confier à son interlocuteur du Figaro que le régime des mollahs dispose déjà de deux zones franches (à Chabahar ou sur l’île de Kish) pour faciliter les investissements ! En d’autres termes Téhéran promet à la fois de solder toutes les richesses du pays à très bas prix mais aussi une totale opacité dans une zone off-shore et même des possibilités de blanchiment d’argent à ses futurs investisseurs.

Nous vous rappelons que cette île de Kish sert déjà à des transactions bancaires douteuses pour contourner les sanctions imposées aux banques iraniennes ou pour rapatrier des fonds iraniens déposés dans les banques européennes ou encore pour toute sorte de trafic y compris de matières illicites.

On est là dans le domaine des mollahs ! Téhéran cherche à impliquer les investisseurs européens dans ses trafics afin d’en faire des complices pour utiliser leurs réseaux politiques pour bloquer les sanctions à son encontre.

Cependant si cette tentative de corruption échouait, Téhéran reviendrait à ses arguments habituels de représailles économiques contre les investisseurs étrangers déjà présents en Iran. L’option a même été évoquée par le porte-parole du ministère des affaires étrangères aujourd’hui, c’est-à-dire au lendemain des propositions indécentes du chef du même ministère. Ceci en dit long sur la sécurité des futurs investissements faits en Iran en empruntant un circuit off-shore !

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Les investisseurs français déjà présents en Iran :
- Comment Paris pourrait durcir les sanctions contre l’Iran
- (20 SEPTEMBRE 2007)

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (des mollahs) |

| Mots Clefs | Enjeux : Représailles Economiques Iraniennes |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Journalistes et média Français |

| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs ! |