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Nucléaire : L’Iran espère diviser les Six
04.06.2008

Après avoir fermé la porte à toute négociation avec l’Europe, le régime des mollahs a finalement accepté que Solana se rende en Iran le 14 juin pour présenter la dernière offre des Six qui se veut très généreuse : l’une des clauses de l’offre est la proposition de faire de l’Iran le principal fournisseur énergétique de l’Europe. Téhéran qui n’entend accepter aucune concession prépare à sa manière cette réunion.



Après avoir accepté la demande de médiation des européens, Téhéran a fait savoir qu’il allait commencer deux importants chantiers de pipelines : d’une part le tronçon iranien du gazoduc européen Nabucco (reliant le gisement South Pars ou l’Asie Centrale à la Turquie) et d’autre part, un oléoduc d’une capacité d’un million de barils de pétrole par jour reliant le port de Neka sur les rives de la Caspienne à Jask sur le Golfe Persique pour y acheminer le pétrole de l’Asie Centrale.

Concrètement, les 2 projets évoqués n’ont qu’un intérêt théorique. Le premier est régulièrement remis en cause par un projet concurrent russo-italien ou par les annonces de retrait de ses participants, et le second projet (Neka-Jask) est tout simplement sans utilité. La Russie s’oppose à tout projet de tube subaquatique traversant la Caspienne reliant les divers producteurs d’Asie Centrale et du Caucase : de ce fait le tube Naka-Jask risque de ne rien transporter avant longtemps. De plus, l’Iran endetté par les mollahs n’a pas les moyens de financer ces projets (ou d’autres projets d’infrastructures) : ces annonces cherchent uniquement à montrer le large éventail des choix que représenterait l’Iran et une alliance avec les mollahs.

Téhéran joue comme toujours la carte de l’ambiguïté : par des projets de tubes qui contourneraient la Russie, les mollahs draguent l’Europe, mais ils entendent également rappeler que l’offre européenne ne vaudrait rien sans leur consentement. Cette offre ne peut donc en aucun cas devenir une faveur accordée à Téhéran contre laquelle l’Europe exigerait un arrêt des activités nucléaires.

Téhéran poursuit deux objectifs intermédiaires parallèles : influencer sur le contenu secret de l’offre avant la rencontre avec Solana en prenant l’avantage, mais aussi pousser Solana à proposer un deal secret et séparé entre les membres européens des Six et l’Iran (c’est-à-dire sans que l’on informe la Chine, la Russie et les Etats-Unis). Il s’agit de diviser pour régner. Repousser les sanctions , faire durer la crise, mettre la pression aux américains afin d’obtenir un deal parfait avec eux.

Très régulièrement quand l’Iran a besoin d’alliés pour servir de frein à de nouvelles sanctions, il annonce sa prochaine participation à divers projets gaziers susceptibles d’intéresser l’Europe. Pour l’instant ces efforts sont restés sans résultats, mais Téhéran qui manque cruellement d’alternative a recours à ces procédés abracadabrants.

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Les manoeuvres de Téhéran :
- Iran - Gazoduc : Un chien dans un jeu de quille
- (13 FÉVRIER 2008)

Les manoeuvres de Téhéran (2) :
- Nabucco - South Stream : L’Iran s’invite à la table des débats
- (23 JANVIER 2008)

| Mots Clefs | Enjeux : Gazoduc, Oléoduc & pipelines |

| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |