Accueil > News > La Russie surveille l’Iran !



La Russie surveille l’Iran !
06.05.2008

Le mois dernier, les autorités azerbaïdjanaises avaient immobilisé pendant près de 35 jours un chargement russe destiné aux travaux d’achèvement de la centrale nucléaire de Bouchehr au prétexte que la Russie n’avait pas fourni les caractéristiques du chargement. L’Azerbaïdjan a recommencé la même opération le vendredi 2 mai en immobilisant un autre chargement russe destiné à cette centrale inachevée, et comme la dernière fois, Téhéran n’a émis aucune protestation officielle contre ce pays ou la Russie.



Interrogé le 5 mai au sujet de cette immobilisation évoquée le 3 mai dans les médias russes et azerbaïdjanais, Hosseini, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a dit qu’il s’agissait sans doute d’une rumeur qui était en cours d’étude ! Par cette réponse, il voulait justifier l’absence d’une réaction officielle du régime. Cette passivité est due au fait que Téhéran connaît bien le fond du problème et sait que le problème n’est pas technique mais politique.

A chaque fois que Téhéran décide de trouver une entente séparée avec Washington via des négociations bilatérales (c’est-à-dire sans la présence des russes), Moscou réagit vivement en créant des retards dans l’achèvement des travaux de la centrale nucléaire Bouchehr, sachant que Téhéran a fondé la justification de son programme nucléaire sur la nécessité d’être indépendant pour son approvisionnement en combustible nucléaire. Sans Bouchehr, le raisonnement nucléaire des mollahs tomberait à l’eau. Bouchehr est indispensable pour les mollahs et les russes utilisent ce point sensible pour contraindre les mollahs à se tenir loin de Washington, car l’Iran et son régime sont des atouts vitaux pour l’avenir de la Russie en Asie centrale mais aussi au Moyen-Orient.

Pour faire pression sur Téhéran et l’éloigner de Washington, pendant des années, les russes ont prétexté des retards de paiements iraniens pour arrêter périodiquement les travaux de Bouchehr. A présent, ils instrumentalisent l’Azerbaïdjan qui dépend d’eux pour ses besoins gaziers afin d’immobiliser des cargaisons maritimes destinées à cette centrale en souffrance.

Ce fut le cas, au moment de la première immobilisation, elle a eu lieu quand Téhéran avait affirmé avoir reçu une invitation américaine pour une reprise des négociations bilatérales à Bagdad. Cette fois, l’opération a été déclenchée au lendemain de l’arrivée à Téhéran d’une délégation irakienne, officiellement venue discuter avec Moqtada Sadr...

Les déclarations de cette délégation après son retour à Bagdad ont en fait prouvé qu’elle s’était rendue en Iran pour préparer la prochaine rencontre irano-américaine à Bagdad. La réaction du Departement d’Etat a également confirmé cette analyse.

Ce n’est pas la première fois que des émissaires irakiens se rendent à Téhéran pour ce genre de missions (négocier avec Sadr qui se cache en Iran), sans que Moscou réagisse aussi négativement. Cette fois, Moscou n’a pas hésité sans doute parce qu’il avait été informé par ses mouchards (en Iran) des intentions de cette délégation avant même qu’elle ne s’exprime à son retour à Bagdad.

Téhéran qui tient à l’achèvement de Bouchehr a finalement renoncé à sa rencontre avec les américains. Il préfère également ne pas officialiser l’affaire de l’immobilisation de son chargement par l’Azerbaïdjan en espérant que son refus satisfera ses impossibles alliés russes.


Quand la semaine dernière, Téhéran avait obtenu après de dures négociations avec les russes la fin de l’immobilisation du chargement destiné à Bouchehr, nous avions déjà prédit l’instabilité de cet accord dû à l’ambivalence des objectifs du régime. Cette ambivalence fait des mollahs des alliés contrariants pour l’ensemble de leurs partenaires présents ou futurs (sauf les grandes compagnies pétrolières).

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Une alliance stratégique vitale pour la Russie :
- Attaquer l’Iran équivaut à attaquer la Russie !
(Iran : Kouchner se rétracte et s’aligne sur Poutine)
- (19 SEPTEMBRE 2007 )

Ambivalence économique des mollahs :
- Iran - Gazoduc : Un chien dans un jeu de quille
- (13 FÉVRIER 2008)

Ambivalence diplomatique des mollahs :
- Iran Turkménistan : Contrat gazier sur fond de marchandage géopolitique
- (28 AVRIL 2008)

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Alliance IRAN-RUSSIE |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Nucléaire : Equipements & Centrales |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Caucase (Azerbaïdjan) |