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Iran Etats-Unis : Les deux guerres d’Irak
28.04.2008

A peine deux jours après la conférence du Koweït sur la sécurité en Irak avec la participation des mollahs, deux hauts gradés, un irakien et un américain, ont évoqué séparément deux aspects du rôle joué par le régime des mollahs dans la guerre civile dans ce pays. | Explication de texte |



Le général Qassem Ata, porte-parole de l’opération contre les miliciens de Moqtada Sadr, a indiqué lors d’une conférence de presse que sur les 712 roquettes et mortiers tirés à Bagdad le mois dernier, la « plupart d’entre eux étaient de fabrication iranienne ». Cependant il n’a pas accusé les mollahs de la livraison de ces roquettes. Ata a reproché à « tous les autres pays voisins de l’Irak de fermer l’oeil sur le passage à travers leurs frontières » des armes fabriquées en Iran, comme s’il ne voulait vraiment pas accuser les mollahs de livrer les armes fabriquées en Iran ! Ces déclarations alambiquées ont été complétées par celles de l’amiral Patrick Driscoll, un porte-parole militaire américain, pour qui « la plupart de ceux qui tirent ces roquettes ont été formés en Iran ». Mais comme Ata, Driscoll s’est bien gardé de nommer les formateurs de ses djihadistes formés en Iran…

Les propos restent délibérément autocensurés et surtout non recoupés (partiels et disparates), dans la pure tradition des communiqués militaires américains concernant l’ingérence iranienne en Irak. Il s’agit de ne pas aller trop loin afin de ne pas impliquer le régime des mollahs et de ne pas le présenter comme le parrain de toutes les milices en Irak.

Les américains ne souhaitent pas détériorer l’image du régime des mollahs car ils espèrent aboutir à une entente avec l’Iran, entente vitale pour le maintien de leur hégémonie régionale.

En revanche, en les accusant partiellement ils justifient le maintien d’une politique de fermeté de l’administration Bush à l’égard de l’Iran, politique qui contient des sanctions dont l’objectif est d’asphyxier le régime des mollahs et le contraindre à accepter une entente stratégique avec les américains sur la base des attentes régionales des Etats-Unis. Cependant ces accusations partielles s’accompagnent aussi d’évocation par intermittence d’« une option militaire qui resterait sur la table ».

C’est ce que dénonçait l’amiral Fallon, l’ex-commandant des forces américaines au Moyen-Orient en parlant d’un « roulement de tambours inutile ». Fallon n’approuvait pas l’emploi des communiqués militaires à des fins d’intimidations politiques en complément des sanctions économiques. Fallon a démissionné et il a été remplacé par Petraeus, le général intellectuel, un des artisans de cette communication partielle et disparate.

Comme nous l’avions dit dans les précédentes analyses, le départ de Fallon et son remplacement par Petraeus ouvrent une nouvelle ère de communication fallacieuse dont l’objectif reste de justifier la poursuite d’une politique de sanctions pour aboutir à une entente.

Cette semaine a d’ailleurs marqué le début officiel de cette nouvelle ère de communication fallacieuse. Le coup d’envoi a été donné par l’amiral Michael Mullen, le chef d’état-major interarmées américain au cours d’une conférence de presse. Tout en écartant le risque d’une confrontation, Mullen s’est dit « de plus en plus inquiet des activités de la brigade Qods (Pasdaran) pas seulement en Irak mais à travers toute la région ». Comme s’il ignorait que les Pasdaran sont les fondateurs du Hezbollah et que 5000 d’entre eux sont en permanence basés au Liban pour semer le désordre dans cette région. Mais en parlant de la « région », Mullen ne parlait des réalités du Moyen-Orient, il parlait dans le cadre de « cette communication scénarisée », puisque la région dont il parlait se situe autour de l’Iran, très exactement dans le Golfe Persique !

Par le plus grand des hasards, un navire commercial de l’armée américaine a fait feu sur des vedettes iraniennes des Pasdaran dans le Golfe Persique au lendemain de ces déclaration de Mullen parlant d’un danger des Pasdaran dans la région ! C’est après ce doublet que nous avons eu droit à ces déclarations séparées de deux militaires, l’un irakien et l’autre américain…

Pour mémoire rappelons que ni l’irakien, ni l’américain n’ont fait référence aux Pasdaran ou encore à la Brigade Qods, de peur que le recoupage des infos ne produise un rejet d’une entente dans l’opinion américaine.

Il y a donc désormais deux guerres en Irak : la vraie qui tue les irakiens avec des miliciens de tous bords financés et équipés par les mollahs et une guerre américaine de communiqués formatés, pour dissimuler l’autre guerre afin de ne pas gâcher une entente avec des terroristes au pouvoir en Iran qui pourrait faire des américains les maîtres de la région (au détriment de tous les arabes).

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Pour en savoir + sur cette ENTENTE irano-américaine vitale pour Washington :
- Iran-Irak : Analyse globale des relations irano-américaines
- (10 AVRIL 2008)

Parrain de toutes les milices de la région :
- Attentat au Yémen : Possible implication de l’Iran
- (3 JUILLET 2007)

Le Roulement de tambours inutile :
- Iran : Le cas du soldat Fallon
- (14 MARS 2008)

Les communiqués de l’armée américaine :
- Armes iraniennes en Irak : Pas de casus belli pour les Etats-Unis
- (2 OCTOBRE 2007)

| Mots Clefs | Terrorismes : Ingérence des mollahs en Irak |

| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Enjeux : Option militaire |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |