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Iran : Le cas du soldat Fallon
14.03.2008

Si l’on suppose que les Etats-Unis ont toujours eu des plans pour envahir l’Iran, on serait tenté d’interpréter le départ de William Fallon comme un risque de conflit. Cependant, du point du vue d’Iran-resist, Washington n’a jamais envisagé une telle option et a toujours cherché à arriver à une entente avec les mollahs, c’est pourquoi notre analyse de la démission du patron du « Centcom » [1] est totalement différente.



Les médias américains parlent du malaise créé par des déclarations inattendues et pacifistes de Fallon à propos l’Iran : le seul hic est que Fallon a toujours tenu ouvertement des propos pacifistes et très modérés en parlant de la république islamique d’Iran. Fallon a été nommé à son poste le 4 janvier 2007 suite à la nomination de Robert Gates au Pentagone en novembre 2006.

Toujours en novembre 2006, après l’arrivée de Gates, l’administration Bush avait tenté de préparer le terrain pour une entente avec le Rapport Baker. En réalité, le rapport Baker était la suite d’un rapport rédigé par Gates lui-même et Brzezinski. Le rapport Baker stipulait des négociations directes avec Téhéran et Damas. Cette tentative a échoué car Téhéran ne voulait pas partager la vedette avec Damas, ni renoncer à son ingérence en Irak en échange d’une hypothétique reconnaissance non explicite de son rôle régional via des négociations qui n’avaient même pas l’aval formel du président américain.

C’est après cet échec que l’administration Bush a changé de tactique : Fallon, proche du clan Gates- Brzezinski, a été nommé en Irak et l’armée américaine a attrapé une dizaine de Pasdaran au Kurdistan irakien pour forcer Téhéran à céder et accepter des négociations. À ce moment, l’armée américaine a dû aussi se transformer en « agence de com » afin de fustiger mollement l’ingérence des mollahs en Irak tout en se gardant d’accuser les mollahs de soutien à Al Qaeda afin de ne pas griller les chances d’une entente. Fallon, le « modéré » proche du duo Gates-Brzezinski (artisans de cette politique), a été chargé de cette mission militaro-médiatique.

Cependant puisque Washington avait renoncé à ses accusations sur le rôle des mollahs en Irak, Bush, ses conseillers Gates y compris) ou encore ses alliés n’ont cessé d’affirmer que toutes les options étaient encore sur la table. Dès lors, Fallon a été sans cesse en décalage avec cette stratégie de fausses menaces émanant de Washington ou de ses alliés. C’est à ce titre que l’on peut qualifier sa nomination d’erreur de casting.

Si l’on examine les propos tenus par ce soldat au cours de sa mission ingrate en Irak, on constate toujours une fidélité absolue à la ligne éditoriale des services de communications de l’armée américaine définie par Gates. En fait contrairement à ce qu’a affirmé l’article d’Esquire qui devait le couler, Fallon n’a jamais agi en diplomate ou en politicien mais en soldat. La rupture s’est fait sentir en automne 2007 où Fallon a enchaîné 3 déclarations dissonantes par rapport à la stratégie de fausses menaces choisie par Washington.

Dissensions impardonnables | Le 30 septembre 2007, il a dénoncé sur la chaîne al Jazeera le « roulement de tambour constant » de Washington [2], avant de remettre en cause les capacités militaires revendiquées par Téhéran et acceptées sans nuance par Washington car indispensables pour maintenir active l’option militaire américaine (l’évocation par Bush de la « troisième guerre mondiale »). Ce sont toujours ces soi-disant capacités qui ont été à l’origine des propos incendiaires de Kouchner, propos qui devaient faire réfléchir les mollahs ! La encore, Fallon avait agi en contradiction, balayant d’un revers cette menace virtuelle en affirmant lors d’un déplacement au Caire en novembre 2007 que « les États-Unis excluaient toutes attaques contre l’Iran ».

Fallon n’a jamais été au diapason avec les tentatives pour effrayer les mollahs [3]. Il a été mis en retraite anticipée et poussé vers la sortie par un article qu’il a jugé empoisonné.

Son départ n’est pas synonyme d’une attaque de l’Iran mais du maintien de cette politique du « roulement de tambour » en parallèle avec des efforts entrepris par Washington pour enchaîner des mini ententes et préparer l’entente finale, de préférence avant l’élection présidentielle américaine du novembre 2008.

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| Mots Clefs | Décideurs : Robert Gates |

| Mots Clefs | Enjeux : Option militaire |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

[1CENTCOM : Commandement central des forces américaines au Moyen-Orient.

[2In an Al-Jazeera broadcast on September 30, 2007, he criticized those publicly urging war, stating "This constant drum beat of conflict is what strikes me which is not helpful and not useful. [...] I expect that there will be no war and that is what we ought to be working for." He also stated that Iran was not as strong as it claimed, "Not militarily, economically or politically."

[3Si Fallon (ci-dessous) a éré une erreur de casting, on ne peut pas en dire autant du général Petraeus, commandant des forces armées en Irak qui joue pleinement le jeu de Washington. D’ailleurs, de notoriété publique le courant passait mal entre les deux. Parions que l’un fera un jour le politicien à Washington et l’autre préférera une retraire « paisible ».