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Armes iraniennes en Irak : Pas de casus belli pour les Etats-Unis
02.10.2007

Les mollahs et les Etats-Unis sont en guerre en Irak, mais ils sont également en négociation. C’est une guerre atypique, asymétrique mais aussi psychologique.



Les Américains ont besoin de l’Iran. Par sa position sur la planète Terre, il constitue un couloir d’accès vers les richesses pétrolières de l’Asie Centrale et son régime islamiste révolutionnaire contrôle toutes les forces négatives du Moyen-Orient et de l’Asie. Pour préserver sa situation dans ces régions, l’Amérique doit arriver à une entente avec ce régime en particulier. Cette entente lui permettra également, du moins elle l’espère, de prendre le contrôle de ces forces négatives afin de les utiliser contre son principal adversaire : la Chine.

En revanche, les mollahs ne veulent pas de ce partenariat selon la configuration proposée par les Etats-Unis. Les mollahs veulent une entente statu quo (pas de désarmement du Hezbollah ou du Hamas) et pour y arriver ils n’hésitent pas à faire la guerre aux Américains en Irak. Mais leur objectif n’est pas la destruction des Américains, mais une défaite limitée qui pousserait les Etats-Unis à accepter l’offre des mollahs. La guerre asymétrique et terroriste en Irak est d’ailleurs en tout point parfaite à leurs yeux pour la réalisation de leurs objectifs : devenir l’interlocuteur privilégié des Etats-Unis dans la région, rester au pouvoir, s’enrichir impunément et s’imposer sans s’attirer des ennuis planétaires.

Si la guerre asymétrique irakienne est parfaite pour les mollahs, il n’en est pas de même pour les Américains car cette guerre est très mal notée dans l’opinion internationale, la rue Arabe et surtout auprès de l’opinion américaine. De ce fait, les Etats-Unis ne peuvent pas accuser les mollahs tout en caressant l’idée d’en faire des alliés. L’impopularité de cette guerre et le besoin stratégique d’une alliance avec les mollahs limitent les options américaines dans la guerre qui leur est imposée par les mollahs en Irak.

Les Américains ne peuvent ni accuser explicitement le régime des mollahs ni envisager des ripostes militaires. En les accusant de la mort des soldats américains dans cette guerre impopulaire, ils détruiraient la possibilité de faire accepter aux citoyens américains la nécessité d’une alliance avec l’Iran des mollahs. Et sans les accuser explicitement, ils ne peuvent justifier un casus belli et une riposte. De plus, en les attaquant, ils pourraient provoquer la chute d’un régime qu’ils jugent utile pour leur stratégie globale de Containment de la Chine.

Leur seule possiblité est la guerre économique contre les mollahs pour les ruiner en espérant briser leur effort de guerre... Et accesoirement, de lancer des accusations sans suite contre des livraisons d’armes iraniennes aux guerilleros djihadistes en Irak.

A chaque annonce de ce genre, les médias ultra-sensibles du net évoquent un casus belli et la posibilité de la guerre contre l’Iran. Or, les accusations américaines ont une forme particulière : elles ne remettent pas en cause les dirigeants du régime, elles sont floues et elles sont sans suite. Ce sont des accusations qui ne relèvent pas du casus belli, il n’y a pas de fabrication de preuves pour justifier une riposte. Il s’agit de rappeler aux mollahs que ce genre d’accusation pourrait limiter les chances d’une entente car les citoyens américains n’approuveraient pas une entente avec les assassins de leurs boys. Téhéran a horreur de cela et généralement, il réagit pour proposer une reprise des négociations.

La semaine dernière, c’étaient les mollahs qui avaient relancé les Américains : le seul moyen de pression de Téhéran étant encore plus de violence, les mollahs refusaient puis proposaient une reprise des négociations en Irak tout en multipliant les coups de force contre les troupes américaines ou leurs alliés locaux en espérant que l’administration Bush les supplie de reprendre les négociations. Les Américains avaient esquivé ces attaques et n’avaient pas répondu à la pression de Téhéran. Ils y répondent en évoquant ces missiles [1] dont ils ont parlé seulement un jour pour éviter tout casus belli dans l’opinion américaine.

De son côté, le message a été saisi : Téhéran a immédiatement réagi en refutant toute implication des centres de décision du régime et en se disant prêt à aider les Etats-Unis pour la stabilisation de l’Irak à condition que les Etats-Unis annoncent un calendrier du retrait de leurs troupes (c’est un oui mais).

Le processus du dialogue est un élément fondateur de la reconnaissance par les Américains du rôle d’arbitre que veut jouer Téhéran : Téhéran a besoin d’être consulté quand les choses vont mal. Téhéran a répondu par un oui-mais : pour ouvrir la porte, mais aussi pour faire peser la responsabilité de la situation sur la présence très critiquée des Américains en Irak. La déclaration est venue de Larijani, négociateur en chef pour la crise nucléaire, qui a précisé que si Washington persistait « dans ses erreurs, il ne devrait pas demander l’aide de l’Iran ».

C’est une véritable guerre des communiqués, de surrenchères, de petits avertissements sans suite, mais une vraie guerre terroriste qui tue tous les jours des dizaines, parfois des centaines de personnes, non pas des américains mais des civiles irakiens.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Technique de communiqués flous :
- Des armes iraniennes découvertes en Irak ou presque !
- (27 Février 2007)

L’administration Bush et l’ingérence des mollahs en Irak :
- Iran – Etats-Unis : Que veut dire l’expression « admettre leur échec » en Irak
- (20.05.2007)

| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Terrorismes : Ingérence des mollahs en Irak |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : IRAK |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

[1Communiqué furtif sur des missiles iraniens trouvés en Irak !

- Technique de communiqués flous. Le commandement américain en Irak a affirmé dimanche avoir saisi plusieurs missiles sol-air de fabrication iranienne dont certains ont été déjà « utilisés » par les rebelles irakiens qui combattent les troupes américaines dans ce pays, selon un porte-parole. « Je ne peux pas vous en dire plus pour le moment, mais nous en avons trouvé », a déclaré à la presse un porte-parole de l’armée américaine à Bagdad, le contre-amiral Mark Fox, en réponse à une question sur la présence en Irak de missiles sol-air Misagh-1 (missile portable équipé d’un système de guidage à infrarouge). Mais il a refusé de donner toute autre information, notamment sur le nombre de missiles saisis ou les circonstances dans lesquelles ils auraient été employés.