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Russie : « L’Iran devrait négocier » - Décodages
02.04.2008

L’ambassadeur de la Russie auprès des Nations unies, Vitali Tchourkine, a exhorté lundi l’Iran à cesser de s’opposer à l’ouverture de négociations sur son programme nucléaire avec les six pays impliqués dans le dossier, estimant que la question ne pourrait être résolue que par le dialogue. Décodages d’une formule qui sans en avoir l’air est très très précise.



Le représentant de la Russie a très précisément insisté sur un dialogue, mais un dialogue avec les Six, c’est-à-dire avec les Etats-Unis, mais aussi la Russie. En fait, chaque fois que les mollahs sont à la veille d’une reprise de rencontre en tête-à-tête à Bagdad, la Russie réagit en se plaignant d’un manque de coopération iranienne pour remédier à la crise nucléaire iranienne. Nous avons signalé un tel comportement russe, le 28 février 2008, 27 février 2008, 18 février 2008, 03 février 2008, et surtout le 20 novembre 2007 !

Les russes savent fort bien qu’il y a un bras de fer aux enjeux géostratégiques entre Téhéran et Washington, un affrontement qui doit se solder par une entente. Ils savent également que pour imposer leur version d’entente aux mollahs, les Etats-Unis les bombardent de sanctions au motif d’activités nucléaires suspectes en Iran. Les russes savent également que les mollahs répliquent en imposant via leurs milices irakiennes une guerre civile aux troupes américaines en Irak (les russes et les chinois y participent en fournissant les armes). De ce fait, les russes ne négligent pas l’intérêt des rencontres irano-américaines, qui sont vues comme des pourparlers de paix, portes d’accès vers une entente qui sera bénéfique aux deux.

Les russes se manifestent donc quand les faits plaident en faveur d’une reprise du dialogue irano-américain à Bagdad. La réaction russe varie selon les circonstances : par exemple à la veille de chaque nouvelle résolution, ils ont menacé ne pas s’y opposer comme à d’autres occasions, ils avaient menacé de cesser leur coopération pour l’achèvement de Bouchehr.

Mais entre deux résolutions, leur marge de manœuvre est très limitée. La menace directe ne convient plus. C’est pourquoi nous assistons à une réaction précise qui est beaucoup plus subtile qu’elle n’en a l’air. En fait, le représentant russe a laissé entendre que les mollahs pourraient obtenir des contreparties plus intéressantes notamment dans le domaine économique et des garanties de sécurité, s’ils acceptaient d’afficher « une attitude plus constructive » en acceptant l’idée d’une négociations avec les Six. En des termes très diplomatiques, Moscou rappelle à son allié récalcitrant qu’il peut encore défendre ses intérêts alors que Washington veut lui imposer une entente selon des termes qui ne lui conviennent pas.

Cependant cette offre généreuse de la Russie comporte aussi un autre aspect : par cette déclaration, la Russie avertit également deux autres membres des Six, la Chine et l’Allemagne, d’importants partenaires commerciaux de l’Iran, qu’ils pourraient être lésés par un rapprochement entre Téhéran et Washington… Moscou laisse entendre qu’ils devraient -comme d’autres européens- l’aider dans cette entreprise pour empêcher une entente séparée en tentant Téhéran par la possibilité d’obtenir des garanties de sécurité (ou reconnaissance de son rôle régional) que lui refuse Washington.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir plus sur l’offre de contreparties faite aux mollahs :
- Offre des « Six » : L’Iran à l’épreuve de la transparence
- (6 MARS 2008)

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : RUSSIE |

| Mots Clefs : Alliance IRAN-RUSSIE |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les relations avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Enjeux : Intérêts Européens en Iran |

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