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Iran - Etats-Unis : Obama adopte le slogan présidentiel d’Ahmadinejad
10.01.2008

Battu dans le New Hampshire, Barack Obama s’est lancé dans un discours où il a affirmé à plusieurs reprises : « Nous pouvons guérir cette nation. Oui, nous pouvons réparer le monde. Oui, c’est possible ».



« C’est possible et nous le pouvons » (michavad va mitavanim) a été également le leitmotiv du candidat Ahmadinejad ! Cela fait un peu trop de coïncidences quand on sait que le conseiller en affaires étrangères du candidat Obama est un certain Brzezinski, l’inventeur des Talibans et concepteur de l’alliance entre l’Amérique et l’Islam révolutionnaire !

Très récemment, Brzezinski avait rappelé la nécessité d’une entente entre Téhéran et Washington. Ses efforts ne sont pas récents ; en 2004 David Ignatius révélait dans le Washington Post qu’il participait aux côtés de Kissinger à des réunions avec Jean-Louis Gergorin pour encourager Jacques Chirac à continuer le dialogue avec Téhéran...

Qui est Brzezinski ? | Il n’y a rien d’étonnant, Brzezinski est membre du Council on Foreign Relations, l’organisme qui planche en permanence sur les futures orientations de la diplomatie américaine. En 1976, Brzezinski a intégré l’administration Carter afin de réaliser son projet d’Arc de Crise conçu avec Bernard Lewis et Samuel Huntington. Ce projet devait se solder par un remodelage du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale et l’arrivée au pouvoir des groupes islamistes qui auraient permis à Washington de créer un front de tempête susceptible de déstabiliser les provinces musulmanes du sud de l’URSS et de l’est de la Chine (le véritable adversaire économique des Etats-Unis). La création des talibans et la révolution islamique d’Iran étaient les deux épicentres du projet.

Contrairement à ce que l’on pense, les talibans ne sont pas une résultante de l’invasion de l’Afghanistan mais le contraire. Le pouvoir en place avant l’invasion était déjà prosoviétique. Par la suite, dans un entretien accordé en 1998 au Nouvel Observateur, Brzezinski a reconnu que dès le 3 juillet 1979, selon sa recommandation, le président Carter avait signé la première directive sur l’assistance clandestine par la CIA aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul.

Mais Brzezinski avait préparé le terrain pour que les agents de la CIA puissent intervenir sur le terrain. Cette préparation a été le renversement en 1977 de Zulfaqar Ali Bhutto au Pakistan, un an après l’arrivée au pouvoir de l’équipe Carter-Brzezinski. Bhutto a été remplacé par Zia ul Haq, un général islamiste qui se mit totalement au service du projet américain d’islamisation de la région.

Simultanément, les américains ont commencé une campagne de déstabilisation contre le Chah, pour éliminer le principal facteur de la stabilité de la région mais aussi un régime qui sous son impulsion était en train d’éradiquer le pouvoir de l’islam en Iran et s’émanciper de son alliance avec l’Amérique.

L’objectif du projet d’Arc de Crise était une déstabilisation permanente de ces régions, d’où son nom : Arc de la Crise, c’est-à-dire « ondes de choc » qui devaient ébranler les autres Etats musulmans et les renverser pour exploser les pays existants et créer une balkanisation de la région.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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L’objectif n’était pas de créer un super Etat musulman en Iran, mais un ensemble d’Etats ethniques (kurde, baloutche, azéri, ahwazi…), tous islamiques (à l’exemple du modèle irakien actuel : l’Irak divisé en 3 avec une constitution non laïque). Pour y parvenir, il fallait éliminer le Chah et l’armée iranienne (garant de la sécurité du pays). C’est ainsi que les américains ont composé une alliance de tous les groupes hostiles au Chah, le tout sous la direction islamique des mollahs, mais ils ne s’attendaient pas à ce que les mollahs prennent le pouvoir au sein de ce groupe et chassent les autres pions des Etats-Unis comme l’OMPI qui devait proposer un projet d’autonomie du Kurdistan d’Iran, l’anti-chambre pour le démantèlement de l’Iran et la balkanisation de la région. Aujourd’hui, la donne a changé, le régime des mollahs est là et les américains doivent trouver une solution avec ce régime.

L’équipe Bush a cherché à affaiblir économiquement le régime des mollahs pour obtenir une entente ponctuelle qui devait déboucher sur une volonté d’ouverture de Téhéran. L’idée était d’organiser des élections libres et les américains espéraient que leurs pions fédéralistes auraient le droit d’y participer, parallèlement ils ont tout entrepris pour affaiblir la milice des Pasdaran qui remplace l’armée et représente une certaine garantie pour l’intégrité territoriale iranienne. De ce fait, il est insensé de se réjouir de son affaiblissement car cet affaiblissement ne sera pas suivi de la libération de l’Iran mais de son effondrement et sa balkanisation.

Le lien entre Brzezinski et Obama | En dehors du fait qu’il y une continuité dans la politique étrangère des Etats-Unis et que l’équipe Bush a appliqué le concept initial imaginé par Brzezinski, ce dernier semble avoir pressenti l’échec de l’approche des républicains et préfère une entente rapide avec les mollahs à défaut de l’application du projet initial qui est mort à présent.

Dès lors, Brzezinski est devenu actif dès 2004, en organisant des réunions avec les conseillers de Chirac, mais aussi en signant une pétition contre le projet des sanctions économiques contre l’Iran et finalement en multipliant les interventions sur l’absence du danger du programme nucléaire iranien, la nécessité d’une entente ou encore le danger d’une confrontation militaire. Cependant, n’ayant pas été entendu bien qu’il fut le concepteur du projet de Balkanisation et d’alliance avec des islamistes, il a décidé d’éviter une répétition de l’épisode Bush en s’investissant au côté d’un candidat qui appliquerait son plan de sauvetage du projet Arc de Crise sans contester ses conseils. Ce candidat est Barack Obama. Il est d’origine musulmane.

Au fond, qu’Obama soit musulman ou apostat protestant, qu’il ait été ou pas contraint d’aller à la mosquée quand il était petit, ou encore que son éloquence rappelle les prêches que l’on apprend dans les écoles coraniques, cela joue mais cela a peu d’importance : il est avant tout un symbole d’indulgence à l’égard des musulmans, une passerelle. C’est tout ce dont Brzezinski a besoin pour briser la glace avec Téhéran.

« C’est possible et nous le pouvons », ce devrait être la devise de Brzezinski ! Très précisément, son poulain a déclaré : « Oui, nous pouvons réparer le monde. Oui, c’est possible ». Imaginez qu’en guise de bienvenue, Ahmadinejad (ou son successeur « modéré ») lui écrive une lettre pour « réparer le monde ». Il y aurait des chances que le président Barack Obama fasse ce qu’il a déjà promis dans ses discours : négocier pour un accord.

Cet accord aura une allure de statu quo. Le Hezbollah gardera ses armes et les mollahs seront rassurés. Le Liban restera chaotique. Le Hamas peut aussi sauver ses billes. Pour ce qui est du peuple iranien, il doit accepter la situation et continuer à se défoncer ou fuir l’Iran. Israël ne sera pas plus en danger qu’il ne l’a été au cours de toutes les années de l’existence de la république islamique d’Iran.

L’enjeu de cette entente est que l’Iran devient l’allié des Etats-Unis pour ouvrir un couloir d’accès vers l’Asie centrale et ses richesses gazières afin que cette région cesse de fournir la Chine en pétrole ou en gaz. L’Iran pourrait également cesser de vendre du pétrole à la Chine et finalement les mollahs cesseraient d’être les alliés de Vladimir Poutine qui utilise l’alliance Iran-Russie pour affaiblir la présence américaine au Moyen-Orient et en Asie Centrale. Le jeu s’appelle qui va diriger le monde.

Obama et les autres candidats | Il y a une importante machine électorale derrière Obama qui est censée réussir l’exploit de conclure un accord avec les mollahs. Toute l’industrie pétrolière américaine qui avait misé ses billes sur la bande à Cheney est intéressée par les potentiels du dialogue avec l’islam de Barack Hussein Obama.

On est tenté de croire que les républicains (qui sont financés par les mêmes pétroliers) ont accepté de céder la main : ils ont aligné devant Obama une brochette de candidats insipides et sans charisme. Le seul obstacle entre les lobbies pétroliers et d’armes qui espèrent récupérer le marché iranien est Hillary Clinton. Si Obama passe cet obstacle, il sera assuré de sa victoire en novembre 2008.

Cependant, rien ne permet de croire que les mollahs accepteront le deal imaginé par Brzezinski et proposé par Obama car in fine l’objectif des américains est de balkaniser la région et réduire les mollahs à un rôle d’agitateurs spirituels. Ce projet réduira leur domaine à un territoire iranien amputé de sols riches en pétrole ou en cuivre. A terme, ils finiront à la merci des américains et ça les mollahs n’en veulent pas, avec ou sans Hussein Obama.

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| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Décideurs : Les Démocrates US |

| Mots Clefs | Histoire : Brzezinski et Carter |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |