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Iran : Le rapport américain pourrait relancer Ahmadinejad
08.12.2007

Ahmadinejad a déclaré que la publication du rapport américain sur le nucléaire iranien était une victoire pour la république islamique. En dehors des mollahs, El Baradei et la Russie ont également revendiqué une victoire de leurs thèses et nous avons consacré des articles à leurs cas. La victoire et des réajustements diplomatiques sont à la mode du côté des amis des mollahs, mais qu’en est-il de la république islamique après ce bouleversement inattendu ?



En juillet 2005, Ahmadinejad a accédé au pouvoir et nous avons alors publié un article pour affirmer que son élection avait été programmée pour remettre en cause les engagements nucléaires pris par son prédécesseur avec la Troïka. Ahmadinejad a effectivement remis en cause ces engagements et nous avons alors affirmé qu’il appliquait un programme défini et conçu par Rafsandjani, le patron occulte du régime qui décide de toutes les politiques du pays en tant que président du Conseil du Discernement, entité créée sur mesure pour lui, par son demi-frère, l’ayatollah Khomeiny. Nous n’avons cessé d’assener l’avertissement que le programme nucléaire des mollahs était une partie de poker et qu’ils entendaient utiliser des bluffs anxiogènes pour déboucher sur une situation de crise et de guerre afin de pousser leurs adversaires à accepter un consensus géopolitique qui serait la reconnaissance du rôle des mollahs au Liban et en Palestine.

Or, la publication du rapport américain qui efface la dangerosité de leur programme nucléaire a chahuté leurs projets anxiogènes. Ils ont d’ailleurs réagi en évoquant leur intention d’augmenter le nombre de leurs centrifugeuses à 50,000 afin de relancer les messages à caractère anxiogène. Le rapport n’a pas seulement chahuté leurs projets anxiogènes, mais aussi les mises en scènes politiques qui accompagnaient ces bluffs nucléaires.

Même si constitutionnellement il n’est pas décisionnaire, le régime avait concentré l’ensemble de ses activités anxiogènes sur la personne d’Ahmadinejad. C’est lui qui jouait l’agitateur assermenté du régime et multipliait les provocations pour bousculer le train-train des négociations avec l’Europe pour provoquer la tenue des négociations bilatérales avec les Etats-Unis, négociations indispensables pour lui faire obtenir un statu d’interlocuteur officiel des américains dans la région et une reconnaissance de son rôle régional au Liban. Ahmadinejad devait se charger du programme d’amplification de la crise et disparaître pour céder la place à un « modéré » (Khatami) ou à un « pragmatique » (Rafsandjani) pour qu’il mène les négociations pragmatiques à sa place avec les américains.

Dans les premiers mois de sa présidence, il y a eu trois soi-disant tentatives d’assassinats à son encontre. Le régime pensait alors que les provocations d’Ahmadinejad permettraient très rapidement de créer une situation de crise internationale et une intervention américaine pour des négociations de normalisation des relations entre les deux pays, mais les américains attendaient une application des sanctions contre l’Iran et un début d’affaiblissement économique avant de tendre la main aux mollahs (comme aujourd’hui). Le régime a alors renoncé à un scénario de sortie violente d’Ahmadinejad, avec un attentat le blessant grièvement, sortie qui aurait alors conformément à la constitution débouché sur une nouvelle élection, occasion pour Rafsandjani de prendre sa revanche électorale !

Les mois ont passé sans que les provocations toujours plus fortes d’Ahmadinejad ne poussent les américains à intervenir directement et finalement le régime a redécouvert les capacités à long terme de nuisance d’Ahmadinejad. A ce moment, le régime a annoncé une modification du calendrier électoral pour faire des économies ! Mais la modification écourtait le mandat d’Ahmadinejad de 18 mois et alignait les prochaines élections sur l’élection présidentielle américaine (vis-à-vis destiné à faire élire le meilleur candidat pour composer avec le nouveau président américain).

Ahmadinejad a été reconfirmé à son poste et le régime a décidé de préparer les esprits des occidentaux à sa chute et au retour des « modérés » par des mises en scène organisées au cours desquelles des soi-disant « étudiants réformateurs » fustigent la politique d’Ahmadinejad mais ne fustigent que cet exécutant et jamais les décideurs comme Rafsandjani. Il s’agit de justifier le retour de l’« autre », ou d’un équivalent dans un plébiscite populaire justifiée.

Ainsi on a diabolisé Ahmadinejad dans tous les domaines et c’est volontiers qu’il a joué ce rôle du méchant officiel. Ce scénario a débuté alors que les mollahs s’étaient axés sur une politique d’amplification de crise pour pousser au consensus par peur d’un affrontement. Or, le rapport américain a modifié ce scénario.

Désormais, Téhéran a fait un bond en arrière de plusieurs années et se retrouve sans un programme nucléaire anxiogène : il est en position d’avoir besoin d’un agitateur nucléaire comme Ahmadinejad non pas comme chef de l’opposition mais comme président.

Finalement, ce rapport inattendu risque d’avoir des effets inattendus. Il convient d’observer les mouvements politiques du régime qui cherchera sans doute à modérer les attaques contre Ahmadinejad en organisant également des attaques contre les réformateurs et aussi en annonçant quelques bonnes réussites économiques à mettre au crédit d’Ahmadinejad.

Téhéran a certes crié victoire à la publication du rapport, mais ce document a bouleversé tous ses plans et ses prévisions et il doit en trouver d’autres pour survivre à cette crise qu’il a inventée mais en a perdu l’initiative.

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