Les deux actions, l’appel de Rafsandjani et les cris verts d’Ahmadinejad, sont des composants inévitables de la fameuse guerre des clans qui pointe le bout de son nez chaque fois que le régime est en phase d’écoper d’une nouvelle série de sanctions.

Le but ultime de ces joutes verbales est de prouver l’existence d’une alternative modérée au sein du régime. Cette alternative pourrait résoudre la crise nucléaire iranienne par le dialogue et la modération. Les deux grands champions médiatiques de cette soi-disant alternative sont Khatami et Rafsandjani. Or, c’est justement Rafsandjani qui a été l’initiateur du programme nucléaire des mollahs en 1985 et Khatami qui a pendant 3 ans a fait semblant de vouloir suspendre les activités nucléaires afin d’épuiser les européens dans d’interminables négociations et remises en cause des promesses données.

Mais les mollahs savent que tous les acteurs de cette crise, les américains, les européens ou encore les sino-russes, tous cherchent à les préserver (pour différentes raisons) et que l’objectif final étant une entente ou un statu quo, ces pays ne remettront pas en cause le discours sur l’existence des mollahs modérés. La république Islamique d’Iran dit : regardez Ahmadinejad, il est fou et agité et regardez Rafsandjani, il est si pragmatique et tous les médias de tous les pays (qui ont des intérêts en Iran) répètent et répèteront cette contre-vérité autant de fois que nécessaire afin qu’elle devienne une vérité admise.

Cependant il n’en reste pas moins vrai que l’opinion publique a du mal à croire ces sornettes. Pour la convaincre et pour rendre plausible l’existence chronique des modérés en Iran, cette fois le régime ira très loin, et même jusqu’à organiser le procès de Moussavian, un soi-disant modéré, proche de Rafsandjani.

Ce procès permettra aux médias iraniens calibrés sur mesure pour ce genre de désinformation d’attiser le feu de ces débats factices. L’ironie du sort : c’est l’IRNA, l’agence de presse officielle du régime, dirigée par un Pasdaran proche d’Ahmadinejad, qui diffuse les points de vue des uns et des autres. A quoi serviraient ces manigances, si personne n’en entendait parler ? L’AFP qui a passé un accord avec l’IRNA diffuse à son tour ces rumeurs pour que les français ne ratent pas une miette de la fameuse guerre des clans entre les modérés et les autres.

Mais sur des sujets de fond comme la lapidation ou les lois pédophiles, l’aide aux djihadistes irakiens ou au Hezbollah, la publication de mandats d’arrêt internationaux pour des dirigeants modérés du régime reconnus coupables de terrorisme, l’inflation à 40% qui a commencé sous Khatami, les contrats buy-back qui ont runié le pays, sur tous les sujets économiques qui taraudent les iraniens, personne n’entend ces soi-disant modérés ou les étudiants modérés.

Cette mise en scène de guerre des clans a une utilisation médiatique exclusivement réservée à la crise nucléaire. Il s’agit de prétendre que les modérés ou étudiants modérés sont hostiles à Ahmadinejad et qu’il sera battu aux prochaines élections comme l’écrit la dépêche de l’AFP-IRNA. Il s’agit de laisser entendre qu’il faut retarder l’adoption de nouvelles résolutions et attendre le retour des modérés.

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