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Iran : La France essaie de prendre la direction de crise
14.09.2007

Mohammad el Baradai, le directeur de l’AIEA, a longtemps employé toute son énergie pour empêcher l’adoption d’une nouvelle résolution et de nouvelles sanctions contre les mollahs, prêchant la poursuite d’un dialogue aussi interminable qu’infructueux. Ses prises de positions polémiques l’ont finalement isolé et il a dû renoncer à son discours partisan pour revenir à une demande de respect par l’Iran des injonctions des deux précédentes résolutions du Conseil de Sécurité.



Cependant, El Baradai aurait préféré que les Européens lui apportent leur soutien pour défendre son projet initial de continuer le dialogue avec Téhéran selon les termes d’un accord de coopération qu’il avait signé avec les mollahs en août 2007. Le Quai d’Orsay a laissé entendre que Paris jugeait que le plan de travail et le calendrier présentés par El Baradai étaient insuffisants pour créer la confiance sur le programme nucléaire iranien. En l’absence de ce soutien, El Baradei a quitté la réunion du Conseil des Gouverneurs en signe de protestation.

Ce comportement est un message envoyé à Téhéran pour dire qu’il ne pouvait pas faire plus pour défendre la cause de Téhéran. El Baradei a essayé de rejeter la faute sur les Européens et plus particulièrement sur la France qui s’est mise en avant dans les critiques de son plan.

Mais Alors que la France aurait pu saisir l’occasion pour remettre en question le comportement d’El Baradai, elle n’a rien fait et même au contraire, Paris a renouvelé sa confiance à l’AIEA et surtout à l’indispensable El Baradai, le champion des discours à double sens et le plus efficace intermédiaire pour plaider la cause de la poursuite du dialogue.

En rappelant El Baradei à l’ordre et en lui accordant sa confiance, la France a prouvé sa capacité à jouer de son influence (sur le dossier et sur ses partenaires occidentaux). La France a ainsi prouvé qu’elle pouvait se poser en arbitre du désordre qui règne dans la gestion de cette crise. C’est un avertissement aux mollahs, mais ceci n’est vraiment pas un bon signe puisque la France agit en fonction de ses nombreux intérêts économiques en Iran.

Désormais toutes les actions diplomatiques françaises concernant l’Iran seront des demi-mesures et des demi-avertissements : ceci est aussi valable pour les sanctions. Ainsi, Sarkozy évoque d’abord le fait qu’il a la possibilité d’adopter des mesures économiques efficaces contre les mollahs pour revenir immédiatement à des déclarations plus modérées sur la nécessité de poursuivre le processus engagé avec ses partenaires Européens au sein de l’ONU.

La France a choisi une ligne peu orthodoxe pour prouver sa capacité à jouer de son influence (sur le dossier, sur les mollahs et sur ses partenaires occidentaux). Nous doutons de l’efficacité de cette versatilité érigée en méthode.

Certes les mollahs ont la même méthode, mais elle est faite pour diviser leurs adversaires. De plus ils ont dans leur panoplie l’arme du terrorisme, que la France n’a pas. La France peut manipuler El Baradei ou imposer des sanctions contre les intérêts économiques de Rafsandjani en Europe, mais là sont les limites du rôle d’arbitre de la crise que veut jouer l’impatient M. Sarkozy.

Son impatience l’a déjà placé dans une position où il donnait l’impression de faire des cadeaux diplomatiques aux mollahs notamment au Liban et en Irak. A trop changer de direction, il risque de devenir non pas un arbitre de la crise, mais un agitateur de plus dans cette crise où déjà les Russes et les Chinois veulent jouer l’arbitre. Il se trouvera aux côtes de ces deux alliés stratégiques des mollahs.

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| Mots Clefs | Décideurs : Sarkozy |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : France |

| Mots Clefs | Enjeux : Intérêts Européens en Iran |

| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : El Baradei |

| Mots Clefs | Nucléaire 2 | AIEA : Conseil des Gouverneurs |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |