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Iran : La France risque-t-elle un attentat iranien ?
10.08.2007

Le 7 Août, le Luxembourg a averti Paris dans la nuit d’une alerte terroriste nécessitant un accroissement des contrôles sur le réseau SNCF du grand Est. Les mesures de contrôle ont été renforcées sur les trains Luxembourg-Bâle : contrôles d’identité par la police et les agents SNCF, fouilles de voyageurs, messages avertissant les voyageurs d’un renforcement des contrôles dans le cadre du plan Vigipirate.



À l’origine de ce regain sécuritaire : une alerte terroriste et la diffusion des identités de quatre suspects d’origine iranienne.

Un message avait été émis par la préfecture du Haut-Rhin alertée par des informations d’origines Luxembourgeoise et allemande avertissant les autorités françaises d’un risque élevé d’attentat. Ces deux Etats ont également renforcé les mesures de sécurité sur leur territoire. Cinq personnes étaient susceptibles d’être mises en cause et les identités de quatre d’entre elles, d’origine iranienne, ont été communiquées aux autorités des pays concernées. Selon les dernières informations qui semblent de plus en plus verrouillées, aucun suspect n’a encore été interpellé.

Au fil des heures, l’info largement diffusée à l’étranger est devenue très discrète en France et, selon les médias, on est passé d’un risque élevé d’attentat estampillé made in mollahs à des « rumeurs de menace » selon la version Nouvel Obs, l’hebdomadaire qui semble avoir des difficultés idéologiques à admettre les liens entre les mollahs et le terrorisme. Pour finir le 9 Août, le Ministère de l’Intérieur a démenti les rumeurs en affirmant qu’« aucun risque terroriste particulier n’avait été identifié ». Mais le communiqué précise que le plan Vigipirate demeure au niveau rouge.

L’implication de ces individus porteurs de passeport iranien est préoccupante car le terrorisme du régime des mollahs correspond à des représailles politiques et ces dernières semaines, la France n’a rien fait pour contrarier la République Islamique d’Iran. Bien au contraire, alors que d’autres Etats esquissent des sanctions ciblées contre les mollahs, la France a développé de nouveaux investissements (Bel, Renault, Total) en Iran. Par ailleurs, l’entourage du président Sarkozy n’a cessé de donner des gages de bonne volonté au Hezbollah, le fleuron de l’ingérence régionale du régime des mollahs.

Mais également, le président Sarkozy, enivré par son succès auprès de Kadhafi, a plus récemment déclaré depuis le New Hampshire où il passe ses vacances que la France et les démocraties occidentales se devaient « d’accompagner les mouvements de démocratisation et de normalisation » (avec des Etats terroristes – ndlr). Il avait même ajouté que cette solution à la Libyenne constituait « un signe, notamment envers l’Iran, qu’il y a une issue ». Après tant de gestes d’apaisement, on pourrait se demander pourquoi les mollahs expédieraient 4 barbouzes en France pour ensanglanter le retour des vacances ?

Une des réponses est que le régime des mollahs se trouve en lutte contre les Etats-Unis afin d’obtenir une reconnaissance de son rôle régional et son arbitrage régional qui repose sur un réseau de groupuscules islamiques transnationaux mis en place par ce régime. Afin de réaliser son objectif, ce régime mène une guerre sans merci contre les Américains dans toutes les régions où ces derniers ont des intérêts stratégiques. L’objectif est d’arriver à une entente cordiale avec les Etats-Unis et non avec Nicolas Sarkozy.

Le président Sarkozy doit prendre garde à ne pas confondre la Libye avec l’Iran : ces deux pays diffèrent par leurs enjeux géopolitiques. Et les enjeux géopolitiques de l’Iran en font l’allié indispensable pour tout Etat qui voudrait dominer le Golfe Persique ou l’Asie Centrale, c’est-à-dire les deux réserves mondiales d’hydrocarbures.

La France n’est pas en mesure d’être cet Etat, d’autres comme la Chine, la Russie et les Etats-Unis [1] peuvent prétendre à ce rôle. Jacques Chirac s’est contenté de rester dans son rôle de diviseur et à ce titre il a servi pleinement les intérêts des mollahs, surtout en s’alignant sur la Russie et contre les Etats-Unis pour retarder les sanctions, diluer les alliances et faire durer interminablement les négociations. En échange, les entreprises françaises et Total se sont imposées comme des partenaires privilégiés du régime et de son incontestable patron, Rafsandjani.

L’atlantisme affiché de Sarkozy et sa complicité avec Bush déplaisent aux mollahs et surtout, ils ne peuvent admettre qu’un joueur inattendu se mêle à la partie et joue sur tous les tableaux, cherchant aussi bien une victoire diplomatique personnelle que des contrats militaires et nucléaires. Or, la vedette de ce spectacle ne peut pas être Nicolas Sarkozy, mais le régime des mollahs.

De plus, il n’y a rien à gagner pour les mollahs dans la fabuleuse proposition à la Libyenne de Nicolas Sarkozy : la force des mollahs vient de l’opacité du régime et de l’opacité de leurs capacités nucléaires et militaires, deux domaines réservés aux sino-russes, deux fournisseurs bien discrets. C’est justement, cette opacité combinée avec de vraies capacités en terrorisme et renseignements qui augmentent l’intérêt d’une alliance avec ce régime qui dirige le pays charnière placé au carrefour du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale.

Le président Sarkozy a été très mal conseillé sur ce coup et il a agi sans discernement. En réponse à ces erreurs de jugement, il risque de provoquer les mollahs alors qu’il n’a rien préparé pour riposter à leurs attaques.

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Ce que peut faire de mieux Nicolas Sarkozy :
- Iran : Lettre au futur ministre des Affaires Etrangères de Nicolas Sarkozy
- ( 15 mai 2007)

| Mots Clefs | Décideurs : Sarkozy |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : France |

| Mots Clefs | Terrorismes : Terrorisme Islamique |

| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |

[1Les Etats-Unis et les mollahs | Il ne s’agit pas de satisfaire des besoins énergétiques américains. Les Etats-Unis ont eux-mêmes des réserves en hydrocarbures et s’alimentent généralement au Canada, ils ont par ailleurs des vastes réserves en charbon estimées à 5 siècles. Le contrôle des réserves du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale a deux raisons complémentaires : économique et stratégique. En contrôlant le pétrole de ces régions, les Etats-Unis prennent principalement le contrôle des prix et donc le contrôle de la croissance de la Chine (et tout autre Etat dépendant de ses réserves, l’Inde, le Japon ou l’UE par exemple). |