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Iran : Analyse de la note de Javier Solana
14.02.2007

Le Financial Times a publié un étrange texte de Javier Solana. Ce texte dit ce que nous avons écrit sur ce site il y a un jour : l’Europe ne croit pas aux sanctions économiques contre l’Iran.



Il ne fallait pas être un devin pour le deviner. Mais le texte de Solana est un concentré d’insinuations. En premier, Solana dit avoir rédigé ce texte le 7 février pour la réunion du 12 février des ministres des affaires étrangères. C’est au cours de cette réunion que l’UE aurait trouvé miraculeusement un compromis au sujet de Gibraltar et fini par approuver la résolution de 1737.

Tout ceci n’a pas de logique, on sent que l’Europe veut justifier son retard à approuver la Résolution 1737 et les futurs retards pour les prochaines étapes du processus engagé dans le cadre du Chapitre 7 de la charte des Nations Unies. Dans un précédent article, nous avions signalé que la France avait exigé pendant longtemps une résolution à l’unanimité dans l’espoir qu’un tel consensus serait impossible à réaliser.

Finalement les Américains ont accepté d’utiliser les ruses dilatoires de Chirac et Villepin pour aboutir à une résolution qui serait la première pierre de l’édifice. Et parallèlement, ils ont commencé à appliquer des sanctions bancaires qui aujourd’hui ont placé l’économie iranienne dans une situation gravissime et le régime en l’instance d’effondrement.

Le rapport de Solana sur l’inefficacité des sanctions est à la fois faux et délibérément fabriqué pour influencer l’opinion. En premier lieu, l’ONU n’a pas encore décidé de sanctions contre l’Iran, on ne peut de ce fait affirmer qu’elles n’ont aucune efficacité et en second lieu, Solana crée une confusion entre Résolutions et sanctions. Il n’y a eu pour l’instant que deux résolutions (1696 et 1737) contre les mollahs et aucune sanction onusienne. En revanche, les sanctions bancaires américaines empêchent désormais les transactions en dollar et ont fini par arrêter les investissements pétroliers en Iran.

Le rapport ment mais ce n’est pas tout, il y a dans ce texte un appel à un assouplissement des conditions pour l’ouverture de futures négociations et une insinuation pour l’autre option (militaire), et là nous entrons de plein pied dans les campagnes de communication alarmiste des lobbies du régime des mollahs. C’est effrayant de voir que Solana emprunte ce même discours.

Le document conclut sur l’impuissance internationale à empêcher l’Iran (les mollahs) de développer les infrastructures techniques nécessaires pour construire sa propre bombe atomique. « En pratique, les Iraniens ont poursuivi leur programme à leur propre rythme, le facteur limitant étant les difficultés techniques plus que les résolutions de l’ONU ».

Or, comme nous l’avons vu, il n’y a pas eu « des résolutions ». Il n’y a pour l’instant que 2 résolutions : la première, la Résolution 1696 ne comportait aucun sanction. En revanche la 1737 peut déboucher sur une troisième résolution avec des sanctions onusiennes qui forceront les pays récalcitrants à cesser les relations économiques avec les mollahs.

Le cri : « les sanctions manquent d’efficacité » est synonyme de « nous n’en voulons pas ». Ce sont les intérêts Européens (et les intérêts français) qui sont en jeu et non la résolution de la crise nucléaire iranienne, ou encore un changement de régime qui mettrait fin à l’ingérence islamiste des mollahs en Irak, au Liban, en Somalie ou encore au Yémen.

Mais le rapport est bien plus pervers et affirme :

« Les tentatives d’amener l’administration iranienne à la table des négociations n’ont pas été fructueuses jusque-là... Les problèmes avec l’Iran ne seront pas résolus grâce à de seules sanctions économiques... Nous devons nous attendre qu’à un certain moment, l’Iran acquiert la capacité d’enrichir suffisamment d’uranium pour en faire un programme d’armement », prévient le document.

Si nous n’étions pas parano, nous aurions vu dans ces quelques lignes de conclusion un appel à une action militaire contre les installations du régime. Dans ce cadre, pour la première fois, l’Europe évoque une capacité nucléaire des mollahs alors qu’elle l’avait toujours démentie. Cette capacité simulée reste des plus suspectes. Mais elle permet aux mollahs de se montrer menaçants. Cet aspect menaçant peut déboucher soit sur un consensus pour empêcher une guerre, soit sur une option militaire.

Nous pensons que ceci est parmi les objectifs du régime des mollahs de provoquer un bombardement de l’Iran afin de récolter des victimes civiles qui lui seront utiles. Les iraniens attendent du soutien des Etats-Unis pour renverser le régime et s’ils ne recevaient que des bombes, il est clair que leur attente se transformerait en haine. Si cela ne ressemble pas à de l’amour pour le régime, du moins cette transformation mettra fin à une possible menace de soulèvement intérieur.

- Il existe une véritable nuance, pour la population iranienne, entre un bombardement, façon tapis de bombes, et une attaque terrestre qui peut déboucher sur un ralliement de la même population aux ennemis des mollahs.

Nous avons consacré deux articles à des demandes expresses de bombardements, demandes qui émanent de ceux que nous qualifions des faux opposants ou des lobbyistes du régime.

Cependant, la vraie force des sanctions réside dans la diminution des ressources du régime et son incapacité à rémunérer les milices intérieures. Sans la couverture de ces milices, les désertions se multiplieront et les défenses immunitaires du régime s’effondreront et un changement de régime de l’intérieur deviendra possible. En optant pour aucune sanction (car soi-disant inefficace) ou une option « frappe militaire », le rapport de Solana écarte en fait l’option changement de régime.

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