Accueil > Articles > Saddam : l’homme qui en savait trop



Saddam : l’homme qui en savait trop
31.12.2006

Saddam Hussein avait de nombreux défauts : il était un tyran, un prédateur et un corrupteur. Il est mort pendu, « on tourne une page », « on regarde vers l’avenir », quel soulagement !



On rappelle sa facilité à disposer de la vie d’autrui, on se rappelle ses purges cigare au bec, ses répressions, son amour des pistolets plaqués or, son manque de pitié, sa dureté, son sourire narquois, le sentiment d’impunité qui émanait de ce sourire. Il y a une certaine unanimité pour saluer sa disparition.

Il manque pourtant quelque chose à ce tableau idéal : Saddam n’a pas dirigé ce pays selon ses convenances sans la complaisance de nombreux états occidentaux. Il a été jugé pour sa tyrannie, ses répressions, mais jamais, à aucun moment, il ne fut question de sa corruption, de la tragédie vécue par les irakiens pendant le programme Pétrole contre nourriture.

La pendaison de Saddam clôt ce dossier brûlant qui est l’un des nombreux exemples où non seulement Saddam était en cause mais aussi ses alliés, partenaires ou fournisseurs occidentaux. La pendaison de Saddam est un soulagement pour ceux qui ont trempé dans ces affaires : une amnistie générale expédiée sans cri ni tambour.

Beaucoup ont protesté contre l’application de la peine de mort, d’autres ont crié au scandale sur le déroulement des deux procès contre Saddam, mais personne n’a évoqué l’amnistie de l’occident qui se lave les mains de toute responsabilité. De droite ou de gauche, tout le monde avait mangé à la table de cet monstre et chacun attendait qu’il puisse se taire à jamais.

La pendaison de Saddam est totalement insensée, cela revient à la suppression d’un témoin clef ! Il n’y aura donc pas de procès où nous verrons défiler de hautes personnalités politiques comme Kofi Annan, des élus ripoux comme Pasqua, des PDG de compagnies pétrolières, bancaires ou pharmaceutiques ou de minables journalistes panégyristes, tous appelés à comparaître et répondre pour expliquer les raisons de leur engagement en faveur de Saddam, les raisons de leur silence pour couvrir le scandaleux programme Pétrole contre Nourriture.

Ce procès de la corruption et non-assistance à un peuple en péril n’aura pas lieu car les coupables sont des personnalités respectables, décorées, admirées, intoucables ! Les victimes de ce programme ont été effacées avec la pendaison hâtive de Saddam Hussein. Il s’agit d’un règlement de compte pour effacer des complicités immondes, des preuves.

Il n’y avait pas seulement le programme Pétrole contre nourriture qui posait problème et nécessitait une fin radicale pour tourner la page, et regarder vers l’avenir ! Il y avait aussi le problème de la vente des armes chimiques que Saddam a déversées sur les civils Kurdes et les soldats iraniens. Des tonnes et des tonnes d’armes chimiques vendues par on sait qui. Et que dire de ces kurdes qui semblent peu intéressés par le fait de découvrir les véritables artisans de leur génocide.

La pendaison de Saddam clôt cet autre dossier purulent, il semblerait que l’on a voulu faire disparaître le témoin clef afin que personne ne soit en mesure de soulever les questions aussi essentielles que le rôle du gouvernement Britannique dans ces ventes fort lucratives.

Il y a également eu l’invasion du Koweït et ses lourds secrets diplomatiques. Saddam a payé, regardons vers l’avenir ! Quel Soulagement…

Que de déception également devant cette montagne de notes, de commentaires et de blagues vaseuses qui vont dans le sens de cris de soulagement des ex-complices du « dictateur ». La pensée unique est partout. Et pourtant le problème est exactement le même dans le cas iranien : sans l’apport financier des états occidentaux, Saddam n’aurait pu demeurer au pouvoir et continuer ses forfaits.

La pendaison de Saddam a été saluée unanimement : la teneur du soulagement et des salutations (au nom de la souveraineté irakienne) est proportionnelle au degré d’implication de chacun avec ce partenaire sulfureux.

- Combien sont-ils ce soir à pousser un soupir à l’idée que leur responsabilité dans le programme pétrole contre nourriture sera oubliée ? Combien de compagnies seront dispensées de répondre de complicité de crime contre les enfants d’Irak ? Combien de politiciens retraités ont souri en regardant l’impassible Saddam, devant la corde, prêt à emporter à jamais leur secret. Et ceux qui ont pendu Saddam sont les artisans de cette entreprise d’amnistie générale pour les ex-profiteurs qui ont affamé et laissé crever leurs compatriotes.

Pour nous iraniens, cette pendaison inopportune programmée pour en finir avec des dossiers très compromettants nous prive également d’informations sur les liens entre Saddam et ses mercenaires iraniens, mercenaires payés par Saddam pendant la guerre Iran-Irak pour servir directement ou indirectement ses intérêts. Il y eut Radjavi et les OMPI qui ont servi Saddam directement en s’engageant sur les lignes du front pour tuer des soldats iraniens...

Parallèlement, Saddam a entrepris le projet de diviser l’opposition légitimiste iranienne en distribuant plus de 70 millions de dollars à un homme sur qui comptaient naïvement de nombreux iraniens pour unifier l’opposition.

Saddam avait choisi cet homme car il était animé par une ambition dévorante. Saddam n’avait eu qu’à le convaincre qu’il serait le sauveur de l’Iran. Cet homme était Chapour Bakhtiar. Avec les millions de Saddam, il nomma un cabinet ministériel en exil et distribua de confortables salaires à ses ministres ou ses équipes de journalistes : ces hommes et femmes ont accepté cet argent sale pendant plusieurs années sans se poser de question sur la provenance et l’aspect éthique de cette collaboration.

Si la pendaison de Saddam a été accélérée pour clore des dossiers compromettants pour l’occident, elle a aussi permis de blanchir le dossier posthume de Bakhtiar, de Radjavi et d’autres traîtres à l’Iran, larbins du « Raïs » irakien.

Parallèle iranien | Cette pendaison a sans doute fait réfléchir les mollahs qui tyrannisent l’Iran. Et même si ces derniers ont salué la victoire du peuple irakien, le peuple iranien n’est pas dupe et sait que les mollahs ne souhaitent pas finir comme Saddam.

Sincèrement, nous espérons que le peuple Iranien aura plus de jugeote que le peuple Irakien et surtout, que nos compatriotes auront, au lendemain du renversement, des nouveaux dirigeants moins démagogues que l’actuelle équipe dirigeante irakienne.

Nous espérons qu’au lendemain de la chute des mollahs, nos nouveaux dirigeants se garderont de pendre les mollahs et les sinistres Pasdaran et qu’ils se hâteront à préparer l’acte d’accusation d’un procès fleuve pour comprendre comment les mollahs sont arrivés au pouvoir, comment ils y sont restés aussi longtemps et avec quelles complicités intérieures ou internationales.

Et si quelqu’un organise alors une pendaison collective pour faire disparaître les preuves et les témoins, nous saurons que celui-ci ne représente pas les intérêts de notre peuple.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Pays : IRAK |

| Mots Clefs | Terrorismes Islamiques : Moudjahidines / OMPI / CNRI |

| Mots Clefs | Décideurs : Hommes Politiques Arabes |

| Mots Clefs | Décideurs : Politiciens Irakiens |

Gibiers de Potence (que l’on devrait éviter de pendre)

| Mots Clefs | Mollahs & co. : Rafsandjani |

| Mots Clefs | Mollahs & co. : Montazéri |

| Mots Clefs | Mollahs & co. : Khamenei |

| Mots Clefs | Mollahs & co. : Khatami |

| Mots Clefs | Réformteurs : Akbar Ganji |