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PETROLE contre nourriture : Russie et France en tête des détournements
27.10.2005

Plus de 4.500 entreprises dans plus de 60 pays, essentiellement russes et françaises, ont participé au programme « pétrole contre nourriture » à l’Irak de Saddam Hussein, et plus de la moitié ont effectué des malversations, selon un rapport de la commission d’enquête indépendante à l’ONU, cité jeudi par la presse américaine.



La commission, dirigée par l’ancien banquier fédéral Paul Volcker, va dévoiler jeudi le cinquième et dernier rapport de l'enquête qui révèle les détails sur la manière dont les pays ont contourné les sanctions internationales imposées par l’Onu au régime de l’Irak de Saddam Hussein après l’invasion du Koweit, selon le New York Times qui a interrogé trois enquêteurs qui ont requis l’anonymat.

Le rapport identifie des entreprises et personnalités qui sont impliquées dans les supposées malversations, délibérément ou par inadvertance, et va examiner en détail 30 à 40 d’entre elles, selon le Times.

Parmi les sociétés impliquées, certaines sont de réputation internationale ou sont des entreprises nationales très bien implantées dans leur pays, ajoute le rapport.

Certaines ont déjà été interrogées et ont nié toute implication ou répondu qu’elles ne savaient pas qu’il s’agissait d’éventuelles malversations, ajoute le NYT.

Selon un enquêteur interrogé par le Washington Post, le fait que des entreprises soient citées dans le rapport Volcker ne signifie pas pour autant qu’elles ont mal agi. Mais « certaines des personnes (citées) peuvent être innocentes », ajoute l’enquêteur.

L'ex-ambassadeur de France à l'Onu, Jean-Bernard Mérimée et l’ancien secrétaire général du Quai d’Orsay, Serge Boidevaix, tous deux « ambassadeurs de France » à vie, passés dans le privé, ont été récemment soupçonnés de « trafic d’influence » et de « corruption active d’agents publics étrangers ».

Plusieurs autres personnalités françaises sont également accusées d’avoir bénéficié des largesses de l’ancien président irakien, dont l’ex-ministre de l'Intérieur Charles Pasqua.

Début septembre, Moscou avait indiqué qu’il « étudiera avec attention les conclusions de la commission Volcker ». Des responsables russes sont soupçonnés de corruption, notamment Alexandre Yakovlev, employé de l’Onu, qui plaide coupable.

En vigueur de 1996 à 2003, le programme « pétrole contre nourriture » permettait à Bagdad de vendre du pétrole et d’acheter en échange des biens de consommation courante. D'une valeur totale de 64 milliards de dollars, il a été faussé par le gouvernement irakien et plusieurs milliards de dollars ont été détournés.

Le programme a été détourné par le gouvernement irakien, par le biais de sur-facturations ou de ventes parallèles, sous la forme notamment de bons d’achat (pour du pétrole) donnés en cadeau ou en paiement de biens importés à l’insu des Nations Unies.

Le scandale a éclaté en janvier 2004 quand un journal irakien a publié une liste de personnes ou d’entreprises qui auraient bénéficié de l’argent détourné.