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Iran : les 4 vérités d’Akbar Ganji
16.10.2006

Si vous faites partie de nos lecteurs, vous connaissez sans doute nos textes sur les faux dissidents, sur leurs discours et sur leurs sorties médiatiques. L’un d’eux est Akbar Ganji. Il voyage d’un pays à l’autre pour relativiser la situation en Iran et donner l’image d’un pays comme les autres. Ce faisant, il protège ses amis, les Gardiens de la Révolution.



Ce que dit Ganji doit être décortiqué car les Gardiens de la Révolution, les Pasdaran, ne sont pas un corps d’armée comme les autres. Leur histoire a pris naissance dans des viols, des meurtres, des spoliations des élites de l’Iran comme des plus pauvres dont les seules richesses à prendre étaient leurs enfants.

Les pasdarans sont devenus au fil des années et des décennies un état dans l’état, un puissant holding mafieux qui contrôle des secteurs entiers de l’économie et du marché noir. Ils ont par ailleurs écrit les pages les plus noires de l’histoire du Kurdistan. Il ne s’agissait plus d’une guerre contre les indépendantistes mais d’une guerre sale comme le font les soldats de Poutine en Tchétchénie avec son lot de civiles violées à qui l’on tranche les seins, violence qui a engagé le camp adverse dans des représailles encore plus sordides.

Les Gardiens de la Révolution ont fondé le Hezbollah et fait enlever et torturer les civils ou des religieux occidentaux au Liban. Les Pasdarans ont fait exploser les dortoirs des forces internationales présentes au Liban pour préserver une paix en lambeaux. En Iran, ils ont créé les services de renseignements avec l’aide de la Stasi pour importer en Iran des méthodes infaillibles. Les pasdarans ne sont pas un corps armé anodin crée pour défendre la nation ou la patrie, ils sont une milice qui défend ses propres intérêts ou ceux des mollahs. Il faut écouter Ganji et décortiquer ses paroles car cet homme n’est pas un journaliste comme les autres et il est l’alibi du régime et ne fait que voyager pour défendre ce régime. Avec quel argent voyage-t-il ? Un simple journaliste, qui dit avoir été en prison, possède-t-il un budget extensible pour ses voyages ?

Selon Ganji, « les Iraniens ne veulent pas connaître le sort des Irakiens », cependant, là aussi Ganji continue à défendre les Pasdarans. Car ce sont bel et bien ces mêmes pasdarans qui appliquent en Irak des méthodes de formations accélérées qu’ils enseignent aux recrues du Hezbollah au Liban. Ce sont les armes commandées par les Pasdarans qui sont utilisés par les combattants sans visages de l’Irak. Ce sont eux qui financent Moqtada Sadr et les rebelles sunnites par l’intermédiaire de la Syrie. Ce ne sont pas là des secrets. Ganji ne parle pas des souffrances imposées aux Irakiens par les pasdarans. Ce qu’il dit est inexact : la cause du chaos irakien est le régime islamique iranien. Si ce régime cessait d’exister, les pasdarans cesseraient leurs activités en Irak et les budgets du terrorisme diminueraient de manière significative. Ganji n’est pas sans savoir que le régime du mollah Khomeiny finance des dizaines de groupes islamistes, ce sont les Pasdarans qui les ont encadrés et ils continuent à les recevoir dans leurs bases pour les former.

Il est évident que Ganji adresse son discours aux Européens qui sont très sensibles au sort des Irakiens et rendent Bush coupable de ce chaos. Il est possible de croire une telle chose quand on est un citoyen français mais certainement pas quand on a appartenu aux Services des Renseignements des Pasdarans, ce qui est le cas de Ganji. Vous avez cru qu’il parlait de l’Iran mais il ne faisait que protéger des amis.

Actuellement, Ganji effectue officiellement une tournée mondiale pour dénoncer les violations de droits de l’homme dans son pays, mais il aborde tous les sujets sauf celui des droits de l’homme. Voici les questions posées par une journaliste apparemment naïve qui prétend ignorer tout des Pasdarans, les réponses de Ganji et nos commentaires.

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- Qu’est-ce qui vous a amené à vous distancier de la révolution islamique ?
- Quand la guerre a éclaté avec l’Irak, notre gouvernement voulait que nous nous engagions politiquement dans cette guerre. Nous avons refusé. Nous nous sentions responsables, en tant que gardiens de la révolution, du maintien d’une morale chez nous, mais nous ne voulions pas cautionner cette guerre.

Notes IRAN-RESIST | Ganji parle du gouvernement alors même que le régime iranien donne les pleins pouvoirs au Guide Suprême et que le gouvernement n’est qu’une façade pour donner l’apparence d’une république à cette aberration politique. Ganji a été engagé dans les services de Renseignements d’un régime totalitaire religieux qui contrôle ce que mangent les gens, ce qu’ils boivent, leurs vêtements, leurs lectures et il ose parler de morale ou d’éthique ? Ce régime demandait aux enfants d’espionner les parents et nombre d’enfants ont donné leurs parents aux Pasdarans qui les ont exécutés. Ganji peut tromper cette journaliste, mais ses propos produisent un effet répugnant en Iran où chaque famille a souffert de cette milice mafieuse que nul n’ose critiquer par peur de disparaître ou d’être effacé en jargon interne des pasdarans.

- Quels sont les défis les plus urgents pour la population iranienne aujourd’hui ?
- Sur le plan interne, ce sont les libertés. Mais depuis les menaces d’invasion des Etats-unis, notre peuple est devant un dilemme : sa sécurité ou les droits de l’homme. Les Iraniens ont très peur que leur pays soit envahi et détruit. Ils préfèrent pour l’instant un statut quo avec le gouvernement plutôt que risquer de se retrouver dans la situation des Irakiens.

Notes IRAN-RESIST | Le dilemme ne peut être que celui des gens du régime qui ont peur des lendemains de vengeance, car ce que les pasdarans ont fait subir aux Iraniens reste gravé dans leur mémoire, et chacun attend années après années l’heure de la délivrance pour se venger, pour venger une fille, une soeur, un frère, un ami.

Ganji sait qu’il n’échappera pas à cette vengeance obsessionnelle. Plus il se donnera l’apparence d’un doux et plus il offensera les mémoires des victimes et leurs familles. Il le sait. Il est le dernier à souhaiter la chute du régime. Ce dilemme dont il parle n’existe pas, en particulier car les Iraniens n’ont aucune sécurité avec les mollahs au pouvoir : l’économie jadis fleurissante de l’Iran est en ruine, les gens vivent dans l’insécurité, vendent leurs reins ou leurs yeux pour survivre, vendent leurs enfants pour nourrir leur famille. Le rôle de Ganji est de cacher ces vérités et de résumer la situation à un dilemme sur des notions abstraites : les Iraniens vivent comme des bêtes de somme et personne n’en parle. Jamais vous ne trouverez une ligne dans ses écrits sur la misère, la prostitution pour survivre, sur les trafics d’enfants (organisés par les Pasdaran), sur les ouvriers sans paye, sur les mutilés de la charia exclus du travail parce qu’invalides.

Ganji vous trompe, mais ce qu’il dit vous convient. Il tue les urgences et justifie que l’on aide ce pays en commerçant avec ses dirigeants.

- Qu’attendez-vous de la communauté internationale ?
- Qu’elle insiste pour que les violations des droits de l’homme en Iran fassent partie des priorités. Et que ces négociations soient transparentes. Il faut à tout prix éviter une situation opaque comme en Libye, où Kadhafi donne des garanties de sécurité sur le nucléaire à l’Occident et, en échange, on le laisse tranquille sur les graves exactions de son régime.

Notes IRAN-RESIST | En réalité, cette réponse ne parle pas des droits de l’homme mais de négociations. La réponse sous-entend qu’il faut négocier les droits de l’homme avec les mollahs. La réponse sous-entend qu’il ne faut pas cesser les négociations et imaginer des sanctions qui contraindraient ce régime à ne plus violer les droits de l’homme ou le TNP. Ne vous y trompez pas : en répondant à une question sur les violations des droits de l’homme en Iran, on aboutit à la nécessité de négocier et à la condition des droits de l’homme en Libye !

Pourtant le sujet qui nous concerne n’est pas la Libye mais l’Iran. Ganji passe habilement d’un sujet à un autre, et remplace les violations « civiques » des droits de l’homme par des généralités et des violations « politiques » des droits de l’homme. Il évite ainsi de parler de la nature des exactions en Iran et encore une fois utilise un exemple formaté pour des Européens.

Violations « civiques » des droits de l’homme ? | Ceci nous ramène à la définition des droits de l’homme par Ganji. Cette définition ne prend pas en compte les violations des droits de l’individu pour cause d’application de la charia.

Ce tour de passe-passe est l’œuvre d’un agent des renseignements formé pour manipuler les renseignements. Pourtant en Libye on n’a jamais appliqué la charia et l’on n’y a jamais autorisé le mariage des fillettes de 9 ans ! Alors pourquoi éviter des exemples aussi parlants qui bafouent la dignité humaine en Iran depuis le Triomphe de la révolution islamique ?

Ganji doit tuer les urgences : parler des droits de l’homme (en général) sans préciser la nature des souffrances des Iraniens, rendre abstrait les méfaits du régime des mollahs, le mariage autorisé à 9 ans pour une fille.

Ganji se revendique comme un révolutionnaire et jamais il ne remettra en cause les violations des droits des femmes, des enfants, des aliénés ou des prisonniers de droit commun qui tous sont dépourvus de droits selon la charia. Ganji doit tuer les urgences et empêcher un engagement immédiat des Européens pour secourir l’Iran et les Iraniens.

Un autre que lui n’aurait pu le faire, il est l’un des champions (avec Hassan Abbassi) de la manipulation verbale. Ceci est la méthode Stasi : 80% de vérité et 20% de messages subliminaux.

Ce 20% est qu’il n’y a pas d’urgence en Iran. Que la priorité des victimes du régime est la survie du régime. Que l’ennemi est les Etats-Unis et non le régime qui ordonne qu’on coupe une main d’un prisonnier pour un second vol à l’étalage. Pourquoi parler de la Libye et non des multitudes d’injustices en Iran ? pour tuer les urgences, pour banaliser le cas iranien.

- Vous avez dit dans une interview au quotidien Le Monde que si l’Inde et le Pakistan ont le nucléaire, pourquoi pas l’Iran ? Vous persistez, après les essais en Corée du Nord ?
- On a déformé mes propos. J’ai effectivement dit, qu’au niveau moral et légal, si un pays avait droit au nucléaire pourquoi pas les autres ? Il y a Israël, le Pakistan, l’Inde, la Russie, la Chine, donc pourquoi pas l’Iran ? Mais j’ai aussi dit que le mieux est de désarmer tout le monde.

Notes IRAN-RESIST | Ceci est la copie conforme des propos d’Ahmadinejad, lui aussi membre des services de renseignements des Pasdarans. Cette proposition est l’exacte copie de la doctrine nucléaire des mollahs dont l’objectif est de neutraliser la dissuasion et de relancer la course à l’armement conventionnelle.

Et la question est pourquoi un journaliste pacifiste défendrait le droit à la bombe nucléaire si ce n’est qu’il est l’alibi du régime et un porte-parole déguisé en porte-voix du peuple ?

D’ailleurs, la dernière question concerne ce point.

- Vos détracteurs (des Iraniens à l’étranger) vous reprochent un passé de tueur alors que vous vous présentez aujourd’hui sous les traits d’un Gandhi. Ils disent que vous êtes un opposant alibi pour le régime.
- Qui sont ces gens qui m’accusent de ces maux ? Pourquoi ne vont-ils pas me dénoncer à un tribunal ? Pourquoi n’apportent-ils pas des preuves ? Qui est derrière cette stratégie de diffamation ? Ce n’est pas clair. Mon passé est transparent, je n’ai rien à cacher. Ce n’est pas à moi de prouver que je ne suis pas un meurtrier. J’ai été récompensé par les plus prestigieuses organisations de droits de l’homme qui se renseignent quand même sérieusement avant de décerner des prix. Je suis contre cette manière de s’accuser mutuellement. C’est exactement ce que veulent les services secrets iraniens : distordre nos personnalités.

Notes IRAN-RESIST | Tout d’abord, ceux qui vivent en Iran n’oserait s’attaquer à un Pasdaran qui continue de couvrir les activités de ses (ex-) collègues en Irak ou auprès du terrible Hezbollah du Liban. C’est le cas d’un mafieux qui nie toute responsabilité dans des crimes commis par la mafia. Il a appartenu pendant 17 ans au bras répressif du régime.

Quant à la question : Qui sont ces gens qui m’accusent de ces maux ? On voit bien poindre une question d’un agent des renseignements. Un journaliste issu du peuple, un défenseur des humbles, comme Anna Politkovskaïa, n’aurait pas posé cette question car sa réponse est évidente : nous ne sommes personne et c’est la qualité de la démocratie de permettre à ceux qui ne sont rien, aux humbles, d’apostropher ceux qui sont dans la lumière. Quant à la seconde question : Pourquoi ne vont-ils pas me dénoncer à un tribunal ? Nous y travaillons et c’est d’ailleurs pourquoi Ganji dit vouloir retourner en Iran.

- Qui est derrière cette stratégie de diffamation ? des journalistes mais des vrais…
- Pourquoi n’apportent-ils pas des preuves ? voici nos preuves, ce sont des preuves de journalistes.

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<HTML>« Tuer les urgences » ou « Relativiser » | Décodages
- Iran : de la relativité au service des femmes
- (05.10.2006)

A l’approche des sanctions, le régime des mollahs réactive ses projets de communication. De nombreuses personnalités iraniennes ou occidentales prennent la parole pour témoigner de la modernité du système iranien ou de la possibilité de s’y exprimer librement. L’objectif est de relativiser la situation des droits de l’homme sous les mollahs et de donner l’image d’un pays qui cherche sa voix. L’ensemble de ces « dissidents » ou observateurs de la politique iranienne est de prouver que le régime est pluriel. Le régime iranien serait monolithique, c’est le fameux paradoxe iranien. Cependant, ces intervenants ne s’autorisent pas à critiquer la révolution islamique, son bilan, ses lois pédophiles et encore moins son rôle dans le terrorisme islamique.

Après le cas de Ganji, nous vous proposerons une étude de la dernière sortie médiatique de Mohsen Kadivar, un mollah qui se dit laïque mais ne cesse de donner son avis sur les affaires politiques. Il y aussi du nouveau dans le groupes des lobbyistes français des mollahs et nous nous pencherons sur leurs écrits : Emmanuel Todd et Karim El Karoui, disciple de Todd et l’ex rédacteur des discours de Raffarin.

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