Accueil > News > Iran : une économie sous perfusion



Iran : une économie sous perfusion
06.10.2006

« R. B. » de France Info a fait ce matin un reportage sur la situation économique de la république islamique, un reportage où il évoque rapidement l’inflation qui serait plus de 20%, et le chômage qui serait de l’ordre de 25% de la population active. Mais nous connaissons bien « R. B. » et son reportage reste dans la franche ligne de France Info : 10% de vérité pour 90% de contenu pro-régime. L’objet de ce reportage était les sanctions et en 1 minutes 54 secondes, « R. B. » a eu le temps nécessaire pour glisser : la situation est déjà dure et les iraniens savent qu’elle peut empirer suite aux sanctions.



Afin d’étayer ses dires, le journaliste a même fini par trouver dans un quartier populaire du sud de Téhéran des détracteurs d’Ahmadinejad, des gens dont l’unique but est de survivre dans un pays en crise et dont le programme nucléaire est le cadet de leurs soucis. D’où vient cette témérité soudaine ? Car courant juin 2005, « R. B. » nous avait appelés pour demander des contacts en Iran susceptibles de lui faire visiter les quartiers pauvres et là où la survie tient à un fil. Une fois à Téhéran, il avait fait un reportage depuis une fête, entourée de jolies insouciantes : un reportage convenu et relativisant la dureté de la vie en Iran.

Ce dernier reportage du futur prix Albert Londres n’est pas réellement hostile aux mollahs car il oublie de mentionner les raisons profondes du marasme : nous avons donc décidé de compléter ce reportage par des vérités qui ne seront jamais bonnes à dire sur France Info.

Le reportage de France Info s’adresse à des Français et non à des iraniens. Sa diffusion n’est pas étrangère au refus persistant des mollahs d’accéder aux demandes d’une suspension sans laquelle l’Iran écoperait de quelques sanctions économiques. La France elle-même n’est pas favorable aux sanctions. Le reportage est un compromis entre infos sociales et données économiques. On y parle de solidarité sociale et de dynamique de quartier sur la foi des déclarations d’une obscure urbaniste francophone du pays des mollahs. A aucun moment le journaliste de France Info n’essaye d’approfondir les aspects économiques et internationaux des sanctions. Il y a une raison à cela. Ces sanctions seront un obstacle majeur à des investissements français en Iran ou plus concrètement elles feront fuir les investisseurs déjà présents. Que cache donc ce reportage : est-ce un clin d’œil aux mollahs pour qu’ils cèdent sans aggraver leur cas ou un appel discret aux investisseurs français présents en Iran à quitter le navire en perdition ?

Sans doute, un peu des deux car le navire Iran est en perdition et ne flotte que grâce aux investissements du Trio : Allemagne, France, Italie. Les iraniens n’ont plus confiance dans le régime : durant les cinq derniers mois, les Iraniens n’ont plus acheté une seule obligation gouvernementale tandis qu’en même temps, la banque française Société Générale a investi 2,7 milliards de dollars dans le pétrole et le gaz iranien.

Malgré la flambée des prix de pétrole, l’économie iranienne continue d’avoir besoin de très gros investissements étrangers comme celui de la Société Générale. La république islamique cède la quasi-totalité de ces hydrocarbures en contrats Buy-Back (pré-achats) au prix sacrifié de 8 dollars le baril. La hausse des prix de pétrole (le baril à 75$) a profité à tous les autres états pétroliers sauf à l’Iran. Ce qui explique son besoin d’importants investissements étrangers qui aggravent son surendettement et précipitent sa faillite.

Selon les sources officielles, 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et ce chiffre ne fait que croître malheureusement. Quand au chômage des jeunes, il dépasse les 35%. Mais en réalité, 85% des iraniens vivent dans la misère et le taux de chômage dépasse les 45% malgré le fait que les travailleurs ont plusieurs emplois pour joindre les deux bouts.

Même les chiffres officiels du régime de Téhéran n’arrivent plus à cacher l’inflation galopante, la faillite de nombreuses sociétés, et de très sévères problèmes financiers qui menacent à présent le système hospitalier du pays (mais comment « R. B. » occupe-il donc ses journées ?). Aujourd’hui les manifestations sont quotidiennes aux quatre coins du pays, elles sont le fait d’employés, d’ouvriers, de cadres et même de fonctionnaires qui réclament le paiement de leurs salaires en retard de plusieurs mois, parfois d’une année ! Mais cela n’a pas l’air d’émouvoir officiellement le président iranien ni les mollahs qui ont fait main basse sur le pays.

Les investissements français sont révélateurs de l’assistance européenne qui maintient le régime en vie, milliards après milliards, les capitaux étrangers font leur oeuvre contre la population iranienne et au service des mollahs. L’image qui vient à l’esprit est un Iran malade et sous perfusion, et c’est l’Europe qui fournit une assistance respiratoire ou de la morphine.

L’an passé, l’UE a exporté vers l’Iran pour plus de 15 milliards de dollars de produits de consommation, un chiffre en hausse de 30% sur 2004. Ce commerce est illicite au regard de la loi américaine d’Iran-Lybia Sanctions Act car ces sociétés européennes comptent des milliards de dollars de fonds de pension US parmi leur actionnaires. Trois pays se distinguent dans ce commerce pro-mollahs : la France, l’Allemagne et l’Italie. C’est via Siemens, Alcatel, la Société Générale, et indirectement grâce aux fonds de pension US que Téhéran peut échapper à une banqueroute historique.

Enfin et surtout, les iraniens se retrouvent ainsi débiteurs pour des générations vis-à-vis de pays qui auront aidé cette dictature islamique à se maintenir au pouvoir. Rien ne dit que les opposants une fois au pouvoir voudront honorer les engagements des mollahs vis-à-vis de leurs bailleurs, d’où la farouche opposition des Européens à un changement de régime en Iran.

Les bailleurs de la dette iranienne aident toujours plus les mollahs avec l’espoir de rentrer dans leurs fonds, espoir vain au vu les capacités de gestion des mollahs. C’est ainsi qu’on entre dans un cercle vicieux. Tous les démocrates du monde pourront bien s’émouvoir de la situation de l’Iran, tant que les prêteurs ne reverront pas leur façon d’agir, le problème demeurera.

Parfois les iraniens font remarquer que le plus grand malheur de l’Iran est d’avoir un sous sol ultra riche : s’il avait été pauvre, jamais le monde n’aurait toléré le régime des mollahs et depuis longtemps il aurait disparu et avec lui tous les problèmes de terrorisme islamique.... Il convient en fait de leur rappeler que l’Iran était déjà convoité avant la découverte de ses richesses et que sa plus grande richesse est sa position stratégique.

L’Europe devrait lui restituer sa neutralité pro-occidentale au lieu de chercher à perpétuer l’instabilité. Ce reportage de France info à Téhéran en est un exemple criard un chantage médiatique pour mettre mollement les mollahs sous pression. Il serait plus avisé que la France décide de rompre avec cette politique de médisances, de pseudo-représailles, et de perfusion économique.