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Iran : La petite histoire de la Peugeot 207i
22.02.2010

Dernièrement, Téhéran a annoncé une libération des prix. « En prévision d’une hausse du litre de l’essence », il vient de dévoiler une voiture « de faible consommation » : la 207i, version iranienne de la Peugeot 207 du constructeur français pour satisfaire les consommateurs iraniens. Il n’y a pas un mot de vérité dans cette annonce. | Décodages |



Il y a près d’un an et demi, le régime des mollahs avait annoncé sa volonté de revoir la répartition des aides à la consommation (subventions), car elles coûtaient cher à ses finances sans vraiment profiter aux pauvres vu qu’ils payaient les produits au même prix que les riches. Le système était injuste pour l’Etat et les pauvres. Pour mettre fin à cette double injustice, il fallait supprimer toutes les subventions, libérer tous les prix, ainsi alléger les frais de l’Etat, faire payer les riches pour partager le butin à parts égales entre l’Etat et les pauvres qui auraient touché des allocations en liquide.

Cela n’avait aucun sens car l’Iran compte 85% de gens sous le seuil de pauvreté, 14% d’habitants à la limite de la pauvreté et moins d’1% de riches capables de payer les produits à leur prix coûtant. Il était impossible de financer des allocations pour 60 millions de pauvres avec la moitié des bénéfices dégagés sur la consommation des produits de base par 1 million de personnes.

En fait, le régime mentait. Sous le poids des sanctions américaines, il venait de perdre des contrats pétroliers et commençait à manquer de devises nécessaires pour acheter les produits de bases qu’il ne produit pas en quantité suffisante. Puisque sa situation ne pouvait qu’empirer, il devait trouver le moyen de réduire de force la consommation des ménages dans les proportions des volumes à importer, mais désormais inaccessibles pour sa bourse.

Dans le cas de l’essence (vendu à 1/20 de son coût de production), cette réduction forcée passe par la libération des prix, mais aussi une loi visant à retirer de la circulation un très grand nombre de véhicules bon marché au prétexte qu’ils sont trop polluants en proposant à leur place des produits réputés moins polluant mais au moins 5 fois plus chers donc inaccessibles. C’est le plan qui se dessine derrière le lancement de cette 207i vendue de 15,000 à 19,000 dollars à des fonctionnaires dont le salaire n’excède pas les 200 dollars et qui roulent dans l’incassable Pride (Ford fiesta iranienne) vendue sur le marché de l’occasion de 2,000 à 3,000 dollars soit un 10 à 15 mois de salaire contre 7 à 10 ans de salaire pour la 207 iranienne (l’une des moins chères actuellement vendue en Iran).
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En fait, la 207i des mollahs n’est pas une voiture destinée à être vendue, mais une voiture destinée à ne pas être vendue d’autant plus que le marché iranien d’automobiles est actuellement en difficulté. Il est loin le temps béni d’avant la révolution quand la voiture nationale iranienne Peykan était à 160,000 rials à moins de 4 mois de salaire d’un jeune fonctionnaire.


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article complémentaire :
- Iran : Le régime a un sérieux problème de financement
- (14 JANVIER 2010)

Pour en savoir + :
- Iran : C’est la chasse au gaspi !
- (19 NOVEMBRE 2009)

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |