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Iran : La semaine en images n°98
03.01.2010

Ce numéro de la semaine en images est presque entièrement consacré aux deux manifestations qui ont eu lieu cette semaine à Téhéran : la soi-disant révolution verte de Moussavi et la soi-disant mobilisation gigantesque du petit peuple en faveur du Guide suprême.



Révolution verte | Dimanche dernier, toutes les rédactions du monde entier avaient les yeux rivés sur Téhéran. Des images amateurs faisaient état d’une révolution menée par le Mouvement Vert de Moussavi : on affirmait que tout le peuple de Téhéran était dans la rue pour en finir avec le régime. L’info nous a surpris car le Mouvement Vert n’a jamais parlé de renverser le régime, mais de se battre pour mener au pouvoir Moussavi qui s’est engagé dans la course présidentielle « pour restaurer les valeurs de la révolutions islamiques dont notamment le refus de toutes concessions sur les droits légitimes du peuple iranien », ce qui dans le contexte actuel revient à un refus de toute négociation sur le nucléaire.

Peut-être que l’on confond aussi Téhéran avec Cavaillon, mais jusqu’à preuve du contraire, la capitale iranienne a 15 millions d’habitants : tout le peuple dans la rue signifie une agitation partout dans la ville. Nous avons alors appelé nos contacts à Téhéran : ils habitent les quartiers pauvres, là où la seule distraction bon marché est de se promener ou de regarder la télévision par satellite.

Ces contacts nous ont affirmé que Téhéran était calme, mais donnait l’impression d’être agitée car les scènes vues à la télé se passaient dans un secteur situé entre les deux plus importants carrefours de la ville. Selon eux, les gens du régime avaient investi ce secteur stratégique pour simuler une révolution sanglante afin de mobiliser les Iraniens et ainsi disposer d’une foule, preuve de sa légitimité populaire, pour forcer les Etats Occidentaux à reconnaître la primauté du Mouvement Vert sur l’Etat et ainsi bloquer les négociations sur le nucléaire.

Nous avons alors visionné les vidéos déposées sur YouTube par les partisans officiels du Mouvement Vert et avons constaté que nos amis avaient raison : tout se passait sur à peine 1 Kilomètre sur l’avenue Enghelab entre le carrefour Kaledj (College), centre de gravité de Téhéran et le croisement avec l’avenue Vali Asr, la plus importante avenue de Téhéran. le contenu des vidéos était encore plus grotesque : un gars mort et évacué sur une vidéo réapparaissait miraculeusement en vie sur une autre avant de mourir à nouveau, les révolutionnaires attaquaient un poste de police (vide) mais ne distribuaient pas les armes, pire encore, ils libéraient les miliciens qu’ils attrapaient. Les pompiers étaient présents pour empêcher que l’incendie des poubelles ne déborde pas sur les immeubles, on voyait même un gars avec un talkie-walkie donner des ordres aux « révolutionnaires » en train d’attaquer les miliciens : bref, un vrai petit tournage digne d’Hollywood.

Ce machin devait convaincre les Occidentaux et les forcer à reconnaître la légitimité du Mouvement Vert comme le porte-parole du peuple iranien, mais cela n’est pas arrivé. Ce machin devait convaincre les Iraniens de descendre dans la rue pour devenir à leur insu les figurants de cette révolution bidon, la preuve de la popularité du Mouvement vert. Cela non plus n’a pas marché car les Iraniens savent décoder les slogans très artificiellement révolutionnaires de ce Mouvement. In fine, le Mouvement Vert s’est mis au vert dès le lendemain pour ne pas devenir le porte-parole du ras-le-bol du peuple iranien.

Nous n’allons pas republier ces vidéos, mais de nouvelles images de cet événement : des photographies réalisées par le Club des Journalistes, agence de presse interne des Pasdaran. C’est édifiant : nos faux révolutionnaires d’un jour posent devant les caméras de leurs collègues les Pasdaran ! C’était une chouette journée : certains sont venus avec la copine, d’autres appellent bobonne, il y a des passants, mais le plus intéressant est le manque de flamme dans les yeux. On peut crier comme des sourds dans les vidéos, mais on ne peut pas simuler la ferveur révolutionnaire.
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Parenthèse hélas sans image (mardi) | Au cours de cette fausse révolution d’un jour, pour donner du réalisme à l’action ou pour inciter le peuple à se soulever, le Mouvement Vert avait évoqué des morts. Après le silence des chefs d’Etats Occidentaux, le régime a dû reconnaître ces morts pour les faire réagir. Il y avait même parmi eux le neveu de Moussavi ! Mais les Occidentaux n’ont pas reconnu la légitimité politique du Mouvement Vert, ils ont juste condamné cette effusion de sang. Ces morts (surtout le neveu inconnu de Moussavi) sont devenus des problèmes et ce d’autant plus que normalement le Mouvement aurait dû appeler ces millions de partisans à descendre dans la rue pour pleurer ces tués. Etant incapable de la moindre mobilisation, le Mouvement vert a prétendu que les cadavres avaient disparu ! Moussavi, l’une des personnes frappée par ce malheur a alors affirmé qu’aucune manifestation ne serait organisée tant que l’on ne retrouverait pas le corps ! Mais, le lendemain, il a publié un autre communiqué : le corps a été retrouvé, et enterré en toute confidentialité. Après cela on a eu droit à la rumeur de son propre enlèvement et le pauvre neveu imaginaire a disparu des mémoires du Mouvement Vert et des médias occidentaux. Même topo pour les autres martyrs de la révolution d’un jour !

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Mega réponse (mercredi) | En fait, ces disparitions étaient annonciatrices d’un changement de cap pour le Mouvement Vert : étant incapable de mobiliser, Téhéran a décidé de simuler un scission au sein des Verts via un scénario où Moussavi accepterait de composer avec ses ennemis, ceux qui veulent dilapider les jolis préceptes de la révolution islamique. Pour préparer ce scénario, le régime a annoncé une méga-contre-manifestation du peuple fidèle à la révolution et bien avant la fin de la journée, tous les médias qui avaient vu une révolution à Téhéran le 27 décembre ont vu près d’un million de personnes en faveur du régime.

Il ne faut pas exagérer. Dans les meilleurs des cas, depuis une dizaine d’années, pour ces manifestations officielles, Téhéran n’arrive guère à dépasser le seuil de 30,000 personnes qui sont généralement des gens de conditions très modestes acheminés sur les lieux en autocars. Cette fois, le régime a réuni un peu moins que ce nombre (au plus 20,000) comme nous le montrent ces images officielles, mais aussi quelques-unes qui nous ont été communiquées par une personne présente.

Parcours bis | Téhéran a parlé d’une marche gigantesque de 25 kilomètres allant de la Place Enghelab (ex 24 Esfand) située à proximité des portails de l’université de Téhéran jusqu’à la gigantesque place Azadi (ex Shah Yâd). Or, encore une fois il suffisait de regarder les photos : il n’y a aucune photo prise sur la Place Azadi, ni sur la portion très large de l’Avenue Enghelab qui y mène. La manifestation de mercredi a eu lieu sur les traces de la révolution d’un jour : le cortège a démarré du carrefour Kaledj (secteur 5), bloquant la circulation, elle a traversé le croisement Enghelab-Vali Asr (secteur 4), perturbant encore la ville pour l’impression d’une foule immense avant de finir sur la Place Enghelab (secteur 1-2-3). Avant les photos, voici d’abord une très grande carte d’ensemble pour vous repérer (vous pouvez cliquer puis zoomer sur la carte, mais aussi les photos pour les agrandir une ou deux fois).
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Dans la série d’images qui suit, vous verrez le pont aérien dans sa version vraie, puis sa version densifiée (image 3) par une agence plus grand public. Il en va de même pour la foule sur la place : elle a été densifiée par toutes les agences, mais nous avons une vraie vue grâce aux photos envoyées par la personne présente.
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Le pont aérien (secteur 5)


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Portails de l’université de Téhéran (secteur 4)


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Place Enghelab où a eu lieu le rassemblement (secteur 1-2-3)


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La carte de la Place Enghelab


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La Passerelle au sud de la Place


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La Tribune face à la Passerelle bleue


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La foule très dense (photos officielles)


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La foule normale devant la façade bleue (photo de notre manifestant)


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à la soupe | Pendant cette journée, le régime a aussi distribué de la soupe, une pratique courante pour attirer les pauvres. Nous avons donc décidé de clore ce numéro sur ces participants attirés par un bol de soupe. C’est un voyage intéressant sur des visages vrais.

On croise là non pas des mendiants, mais des gens de la classe moyenne qui vivent à plus de 85% sous le seuil de pauvreté, des enfants travailleurs, des femmes seules surprises par la ferveur artificielle d’un manifestant qui pose, une femme qui se cache.

L’Iran du chagrin.
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