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Iran : Le placebo turc - mode d’emploi
26.10.2009

Téhéran attend la visite d’Erdogan, le Premier ministre turc ce lundi. Il serait accompagné de plus de 200 hommes d’affaires de haut niveau qui souhaitent investir en Iran. A l’heure où l’on parle d’un renforcement des sanctions américaines, l’évocation d’investissements originaires d’un des plus importants alliés des Etats-Unis sent la tentative d’entente.



Aujourd’hui, l’administration Obama évoque ouvertement la nécessité de parler aux mollahs pour parvenir à une entente. Pour les Américains, l’enjeu est d’obtenir un couloir d’accès vers l’Asie centrale, mais aussi de contrôler les mollahs, idoles de la rue arabe pour en faire un facteur de nuisance contre la Chine et la Russie.

Pour Téhéran, il s’agit de vendre cher cette entente en exigeant le droit de préserver ses milices terroristes, le Hamas et le Hezbollah, facteurs d’instabilité chez les alliés arabes des Etats-Unis.

En réponse à cette exigence incompatible avec ses projets hégémoniques, Obama applique comme ses deux prédécesseurs (Bush et Bill Clinton) une politique qui combine des sanctions et des offres de dialogue. Mais dans ce dispositif, l’offre de dialogue est une formalité, la réussite des efforts pour obtenir une entente conforme aux attentes américaines dépend entièrement du processus de sanctions. En clair, il faut toujours plus de sanctions !

Cela pose un énorme problème : le régime des mollahs est très affaibli, mais ne cède pas car il est certain que Washington a trop besoin de lui pour adopter des sanctions fatales (dont l’embargo sur les carburants).

C’est en réponse à cette attitude des mollahs que Washington a demandé à Erdogan de se rendre en Iran à la tête d’une délégation de 200 hommes d’affaires : il s’agit d’évoquer tous ces contrats que les mollahs ne pourront pas avoir tant qu’ils continueront de refuser un apaisement avec les Etats-Unis.

C’est comme si l’on empêchait quelqu’un de boire en plein désert tout en lui agitant sous le nez une gourde d’eau fraîche. C’est une astuce pour renforcer les effets (psychologiques) des sanctions au lieu de renforcer les sanctions elles-mêmes.

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Cet artifice n’est d’ailleurs pas nouveau, Washington l’avait appliqué dès 2007, date de début des sanctions. La première mission était d’ailleurs assurée par ce même Erdogan, qui avait alors signé des contrats gaziers qui n’ont pas encore été finalisés.

Cet artifice étant un subterfuge pour des vraies sanctions, quand en novembre 2008 Bush était pressé de conclure une entente pour finir son mandat en beauté, il avait expédié en Iran trois poids lourds économiques de la région avec trois promesses alléchantes.

Plus près de nous, une semaine avant la rencontre de Vienne, pour inciter les mollahs à coopérer, Washington avait levé son opposition à un important investissement de Total en Iran. Téhéran n’a pas saisi la perche. Washington revient à la charge avec Erdogan.

Cet usage forcené de ce placebo a surtout convaincu les mollahs que Washington était toujours sur une ligne d’entente, ils ont immédiatement durci leur position dans le dossier nucléaire en affirmant qu’ils ne souhaitaient se séparer que d’une très petite quantité de leur stock d’uranium faiblement enrichi en échange du combustible proposé par les Six.


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| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

| Mots Clefs | Instituions : Economique iranienne |

| Mots Clefs | Pays : Turquie |