L’un des composants de la crise nucléaire iranienne est la menace. Face à la menace d’une nucléarisation militaire de l’Iran, les Etats-Unis laissent entendre épisodiquement qu’ils pourraient intervenir militairement ou laisser les Israéliens prendre en charge le job. Les Etats-Unis agissent ainsi pour intimider les mollahs afin de les inciter à dialoguer avec eux pour une entente bilatérale qui sera très bénéfique aux Américains. Téhéran est le principal obstacle au passage des pipelines subaquatiques pour désenclaver l’Asie Centrale. En cas d’entente, les Etats-unis détacheraient cette région riche en hydrocarbures de la double influence russe et chinoise, infligeant ainsi de sérieux dégâts à l’économie de ces deux adversaires.

Cependant, la menace d’une frappe est dépourvue de fond : si les Etats-Unis autorisaient cette intervention, le régime des mollahs deviendrait la victime d’une agression et recevrait immédiatement le soutien des Russes et des Chinois. On s’acheminerait alors vers une entente globale de l’Iran avec les Six ou encore Washington verrait Téhéran glisser unilatéralement vers Moscou ou Pékin.

Malgré la vacuité de la menace, Téhéran cherche de son côté à acquérir une DCA digne ce nom, en particulier le très performant système russe S300 qui permet de neutraliser une attaque de grande ampleur avec les avions furtifs.

Avec ce système de DCA russe, l’équilibre des forces changera : les Etats-Unis seront privés de cette menace-bluff et devront renforcer leurs sanctions contre les mollahs. C’est ce que souhaite Téhéran : amplifier la crise pour que l’on s’achemine vers une entente globale dont ne veut pas Washington afin de pousser les Américains à plus de souplesse. En résumé, Téhéran veut utiliser la puissance défensive russe pour arriver à une entente avec les Américains ! C’est pourquoi Moscou refuse de livrer cette DCA achetée en 2007 alors qu’il l’a livrée à tous ses alliés dont Chavez. De même, pour la même raison trouble qui anime les mollahs, les Chinois et les Russes refusent à l’Iran sa demande d’adhésion à l’Organisation de Coopération de Shanghai qualifiée de l’Otan sino-russe.

C’est en l’absence d’une évolution favorable à ses attentes du côté de ses seuls alliés de poids, que Téhéran s’est adressé à l’AIEA pour instaurer une règle « interdisant toute frappe militaire sur des installations nucléaires n’importe où à travers le monde ». Le régime des mollahs demandera que le sujet soit débattu en septembre prochain pendant la prochaine session du Conseil des Gouverneurs de l’AIEA.

Ali-Asghar Soltanieh, le représentant iranien à l’AIEA, a précisé que cette proposition visait à limiter Israël, car cet Etat ne jouit pas d’une cote favorable parmi les pays membres de l’AIEA jaloux de son arsenal nucléaire acquis en violation des règles de la non prolifération onusienne. En fait, en l’absence de DCA, Téhéran a porté le cas sur le plan politique et polémique, là où il s’estime plutôt fort. Il ne faut cependant pas céder à la panique : en 1990, le régime des mollahs avait fait la même proposition à l’AIEA sans obtenir gain de cause.

Cette demande précoce avait été soumise à l’Agence atomique sous la présidence de Rafsandjani, le père de l’actuel programme nucléaire et balistique iraniens, le patron du régime qui joue actuellement le rôle du modéré gentil.

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Les mollahs et l’AIEA :
 L’Iran, l’ordre du jour, le compromis et l’affaire du TNP
 (9 MAI 2007)