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Iran : Delara Darabi, exploitée même dans l’au-delà
05.05.2009

Tout ce qui se passe en Iran est politique du moment qu’il est médiatisé : c’est le cas avec l’arrestation de Roxana Saberi ou la pendaison de Delara Darabi. Dans l’article que nous avons consacré à cette pendaison, nous étions loin d’imaginer que le régime voulait utiliser cette exécution pour animer une campagne présidentielle morose et sans surprise. L’info nous arrive via Delphine Minoui, l’attachée de presse du régime des mollahs !



Il est toujours intéressant de lire les conclusions biaisées de Delphine Minoui : elles contiennent ce que le régime veut véhiculer comme message.

Sur son blog du Figaro, cette attachée de presse du régime –qui lit à peine le persan- signale que l’annonce de la pendaison programmée de Delara a donné lieu à un « article dans le quotidien réformiste Etemad Meli, où Mehdi Karoubi, candidat à l’élection présidentielle de juin prochain, et ex-Président du parlement iranien, s’est ouvertement prononcé en faveur de l’abolition de l’exécution des mineurs ».

Cette affirmation est vraie, mais le fait est qu’il n’y avait eu aucune annonce de pendaison de Delara Darabi. Bien au contraire, le régime avait annoncé le gel de la procédure, sinon il n’y aurait pas eu de surprise à l’annonce de son exécution.

Cela veut dire que le régime des mollahs a d’abord mis en orbite l’appel de Karroubi (dans son propre journal) avant de passer la corde au cou de Delara pour créer la vague médiatique nécessaire pour faire de la publicité à ce soi-disant réformateur modéré !

Pour exploiter dignement ce filon, deux autres garçons (Amir Khaleghi et Safar Angouti), ont été placés en isolement pour être bientôt pendus ; le second ne figurait même pas sur la liste des mineurs en instance d’exécution. Le décompte repasse à 77. On touche le fond de l’ignoble. Tout est politique, médiatique, instrumentalisé.

On se demande pourquoi ce valeureux modéré ne s’est pas manifesté avant quand le régime avait aligné les pendaisons de mineurs ? Pourquoi son quotidien n’a-t-il jamais écrit sur les 77 cas de mineurs dans le couloir de la mort, jeunes qui constituent 60% de tous les mineurs condamnés à mort dans le monde ?

En fait, ces soi-disant modérés ne dénoncent que ce qui fait l’objet d’une campagne de dénonciation internationale et oublient de parler du reste. En épousant les campagnes internationales de dénonciation, Téhéran perpétue son choix d’occulter le reste comme la pédophilie dépénalisée et le mariage temporaire, deux fléaux qui combinés font de l’Iran un important point de chute régional pour le tourisme sexuel.

Cette dissimulation est l’œuvre de personnes comme Shirin Ebadi ou encore Delphine Minoui : elle a été pendant des années chargée pour les éditions Autrement d’une collection consacrée à la jeunesse iranienne, mais elle n’a jamais parlé de la détresse des jeunes, de leurs très haut taux de suicide, des enfants qui travaillent ou des enfants dans le couloir de la mort. Non seulement elle n’a jamais parlé de la jeunesse sous pression, mais elle a aussi œuvré pour donner une fausse image heureuse de cette jeunesse malmenée.

Et cela continue ; Minoui vient de donner une série de conférences sur les « Filles de Khomeiny » en Allemagne, pays ami des mollahs [1], conférence où elle a résumé la vie des femmes en Iran à ses « Pintades de Téhéran », filles assumées de la révolution islamique.

La pauvre Delara, négligée de son vivant, n’a pas fini son voyage : elle est désormais un filon inépuisable. Nous n’avions donc pas tort ! A présent, Shirin Ebadi a aussi rejoint le carnaval de l’exploitation de sa pendaison en signant sa première pétition contre la pendaison des mineurs 6 ans après son Prix Nobel ! On se demande pourquoi elle n’a jamais parlé de Delara de son vivant dans l’une de ses nombreuses conférences et voyages ou pourquoi elle n’a jamais défendu l’un des 26 mineurs pendus en Iran au cours de ces 3 dernières années ?

La seule consolation est que nos compatriotes ont pleinement conscience que ce sont là des manoeuvres médiatiques destinées à donner aux médias occidentaux l’illusion que les élections présidentielles du régime ont un sens, que certains candidats sont à l’écoute de la société. Les Iraniens ne sont dupes et ils n’aiment pas cette instrumentalisation de la souffrance : cette indignation vient même de pousser le régime à changer sa version de son exécution. Désormais, ce n’est pas le bourreau de la prison de Rasht qui a passé la corde au cou de la malheureuse Delara, mais l’un des fils (anonymes) de sa victime.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Pour en savoir + sur Delara :
- Iran : Delara ou la pendaison d’une « mineure en instance d’exécution »
- (3 MAI 2009)

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[1Le commerce entre l’Iran et l’Allemagne se porte bien. Selon les chiffres du Bafa, l’autorité en charge du contrôle des exportations allemandes, il a représenté un volume de 4 milliards d’euros en 2008, en hausse de 10,5 % par rapport à 2007. En 2008, le ministère de l’Economie allemand a donné son aval à l’exportation de trente-neuf biens dits à double usage, qui peuvent servir à des fins autant civiles que militaires.