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Iran : Le sacrifice d’un bloggeur inconnu
20.03.2009

Omid-Reza Mir Sayafi, un bloggeur iranien (sur rooznegaar.blogfa.com), est mort en prison. Comme cela est déjà arrivé, le récit de sa mort a été romancé afin que ce jeune homme sans histoire puisse être exploité comme le héros martyr des faux opposants liés au régime et ainsi pouvoir rebooster cette dissidence moribonde.




© WWW.IRAN-RESIST.ORG
En mai 2008, Omid-Reza Mir-Sayafi, responsable d’un blog (hébergé par blogfa) consacré à la music pop a été arrêté pour la publication d’un article humoristique que le régime avait jugé insultant contre les croyances religieuses et le guide suprême (article par ailleurs introuvable sur le net). Il a alors été placé en détention, mais libéré après 41 jours contre une caution de 100,000 dollars. Dès sa libération, il a tenu à préciser qu’il n’avait jamais eu aucune activité politique ou dissidente et que ses priorités étaient la music pop des années 70 à aujourd’hui (ce qui est vrai, nous avons trouvé des textes écrits par Omid Reza sur ce thème).

En novembre 2008, Omid-Reza Mir Sayafi a été jugé pour les faits qui lui étaient reprochés et il a été condamné à 30 mois de prison. Il a commencé à purger sa peine à partir du mois de mi-février 2009. Sa mort a été signalée hier par un co-détenu : le docteur Hessam Firouzi, qui affirmait qu’« après avoir découvert le bloggeur mal-en-point dans sa cellule, il l’avait conduit à l’infirmerie de la prison où il lui avait administré un lavage d’estomac, avant de demander son transfert vers un hôpital où il pourrait recevoir des soins plus appropriés ». Selon le docteur détenu, ce « transfert n’a jamais eu lieu et le patient est certainement mort faute de soins appropriés ». Pour finir, Firouzi affirmait que « les infirmiers étaient au courant de l’état mental du bloggeur car il avait fait plusieurs tentatives de suicide ». L’avocat du défunt affirme également que ce docteur « Firouzi l’avait appelé plusieurs jours plus tôt pour le mettre en garde contre l’état suicidaire de son client ».
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Malheureusement, il est difficile de croire ce bon docteur Firouzi car il a pas mal menti par le passé pour inventer des récits de maltraitance pour d’autres soi-disant prisonniers dissidents comme Ahmad Batebi ou encore Akbar Ganji, des personnages qui n’étaient ni opposants, ni malades et vivent à présent en très bonne santé à Washington où ils font du lobbying en faveur d’un dialogue avec l’Iran. Passons le fait qu’il est inimaginable qu’un prisonnier puisse avoir ses aises dans l’infirmerie de la prison pour administrer des soins à un autre détenu, il y a un détail chronologique qui ne tourne pas rond : selon RFI, ce soi-disant docteur a été incarcéré le 14 mars 2009, 3 jours avant la mort du bloggeur !

Contrairement à ce qu’il affirme, ce docteur Firouzi n’était donc pas là pour constater les multiples tentatives de suicides du défunt, ni la soi-disant dégradation continuelle de son état, et également il n’avait pas pu appeler son avocat plusieurs jours plus tôt (à moins d’avoir des dons de voyance). Il n’était pas non plus un ami d’un détenu qu’il ne connaissait pas. Le récit est entièrement faux et monsieur l’avocat de mèche avec ce faux témoin pour donner un cachet de vérité à ce récit.

Tout repose sur le faux témoignage du docteur : ce dernier affirme que le défunt pouvait selon son diagnostic être sauvé. Aussitôt le récit diffusé sur le net, les plus médiatiques des faux dissidents à savoir les deux frères Alayi et Farzad Kamangar ont publié une lettre ouverte pour évoquer le danger que courent les dissidents en prison face à des geôliers sans pitié. Depuis Washington, un autre de leurs collègues, Kianoush Sanjari a aussi publié un texte, suivi par les Etudiants Dissidents, mais tous ont vite oublié le défunt pour ne parler que d’eux-mêmes !

Ce n’est pas la première fois que la mort d’un jeune détenu innocent dans les prisons du régime est exploitée par ce même régime pour inventer un martyr pour crédibiliser une soi-disant dissidence interne sans aucune activité d’opposition et qui n’existe que dans les récits de ses supposées souffrances.

En janvier 2008, les faux étudiants dissidents avaient récupéré la mort d’un autre prisonnier innocent : le jeune kurde Ebrahim Lotfollahi. A voir la rapidité de la publication d’un même faux récit sur tous les sites liés aux faux dissidents iraniens, on pourrait envisager le pire, c’est-à-dire le sacrifice organisé d’un innocent. C’est un nouvel an triste pour sa famille.


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Une autre victime exploitée par ou pour le régime :
-  Iran : Delara Darabi, 20 ans, dans le couloir de la mort
- (10 DÉCEMBRE 2006)

L’utilité politique de cette dissidence pour Téhéran :
- Iran : Mansour Ossanlou, un Lech Walesa iranien !
- (10 AOÛT 2007)

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