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Iran : Delara Darabi, 20 ans, dans le couloir de la mort
10.12.2006

Delara Darabi est une jeune fille qui intéresse les défenseurs des droits de l’homme et nombreux sont ceux qui luttent pour la sauver. Ces derniers multiplient les médiations, les pétitions et vont même jusqu’à relire les minutes de son procès pour y déceler un détail qui pourrait la sauver. Ce sont des personnes désintéressées et louables qui se battent contre un ennemi doué d’une raison machiavélique. Nous pensons que le régime des mollahs aussi s’intéresse à sa manière au cas de Delara Darabi. Elle est utilisée pour une campagne abjecte et le régime y trouve son compte. | Décodages



Selon certaines informations relayées en langue persane par l’agence de presse Aftab, Delara Darabi et son ami Amir Hossein, un jeune homme de dix-neuf ans, s’étaient introduits par effraction chez une femme en vue de la cambrioler, mais l’avaient tuée quand elle les avait surpris. Après avoir « avoué » le meurtre, Delara Darabi s’est rétractée. Elle a déclaré qu’Amir Hossein lui avait demandé de s’accuser du meurtre afin de lui permettre d’échapper à la peine capitale. Il pensait qu’étant mineure au moment des faits (17 ans), elle ne serait pas condamnée à mort. En outre, Delara Darabi a affirmé qu’elle était sous l’emprise de sédatifs pendant le cambriolage.

Toute cette affaire sent le mensonge. En Iran, sous le régime des mollahs et depuis 1980, l’âge de la majorité pénale est de 9 ans pour les filles. Comment aurait-elle pu l’ignorer ? idem pour son complice ? L’âge de la majorité pénale en Iran est de 15 ans pour les garçons. C’est en Europe que l’âge de la majorité pénale est de 18 ans : cette affaire semble avoir été arrangée pour des européens.

Quelques règles de base du régime des mollahs | Le régime des mollahs ne se résume à une majorité pénale fixée à 9 ans pour les filles et à 15 pour les garçons. Le régime des mollahs est dirigé par quelques-uns, mollahs ou miliciens islamistes, mais ce régime possède pour le décorum républicain une assemblée et des députés dont certains font semblant de ne pas être d’accord avec les autres. Cette Assemblée n’a aucun pouvoir réel car le Guide Suprême peut à tout moment poser son veto à chacune de ses décisions. Le Parlement a un rôle décoratif et son rôle est de brouiller les cartes et créer la confusion en occident.

Le régime des mollahs est aussi doté de tribunaux où est rendue la justice et les accusés ont droit à une défense, mais le verdict est prononcé par un mollah qui applique la charia, code islamique qui n’admet pas le rôle de la défense. L’avocat et le député sont des éléments du décor et chacun le sait en Iran. Des femmes très proches du régime y jouent le rôle d’avocates et sont les alibis d’un régime insensé. Précédemment, nous avons consacré des articles à Shirin Ebadi et Shadi Sadr qui participent à cette comédie et expliquent à chaque fois que « malheureusement, c’est la loi en vigueur en Iran ».

La malheureuse Delara a eu plusieurs avocates de cette espèce, avocates en qui les Européens croyaient. Pourtant les militants européens des droits de l’homme ont relevé de nombreuses irrégularités dans les dossiers et des preuves qui avaient été négligées par l’avocate pour sauver l’enfant. Nous leur avons précisé que d’après notre expérience, ces procès étaient toujours joués d’avance et que la participation des « avocates » était instrumentalisée par le régime pour donner une image « moderne » au système politique iranien.

Le régime des mollahs doit sur-médiatiser cette participation féminine des avocates iraniennes et nous avons l’impression que des cas judiciaires sont utilisés à cette fin. L’objectif est de prétendre que ces femmes sont en train de révolutionner le régime de l’intérieur et qu’il faut donner du temps à l’Iran pour se démocratiser de l’intérieur et à son rythme (prétendu apprentissage démocratique).

Et Delara risque la peine capitale car elle n’est pas l’objet central de ce procès. Les procès se suivent pour asseoir la réputation de ces fausses suffragettes que sont ces avocates annonceuses de la future république islamique réformée. D’ailleurs, les avocates en question sont d’anciennes militantes des réformes en Iran. Réformes qui ont fait beaucoup de bruit, mais personne n’en a jamais vu la couleur. Il s’agit malheureusement d’une propagande déguisée. La dernière recrue de cette campagne abjecte qui utilise le procès d’une jeune fille est l’avocate Nasrin Sotoudeh. [1]

L’entrée en scène de Sotoudeh a été synchrone avec de nouvelles révélations sur Delara. Car l’affaire est pavée de révélations qui relancent son intérêt. Ainsi récemment, il y avait eu une exposition des toiles de Delara, toiles peintes avec les ongles et les mains en prison : connaissant les geôles iraniennes, trous où la pourriture et la drogue sont les seules matières disponibles, on se demande comment Delara aie pu trouver le temps, les moyens et la quiétude pour peindre. Ces toiles ont suscité des doutes par leur style inégal et les sujets hétéroclites. Des militants qui luttent pour sauver cette fille perdue dans affaire ont décidé de jouer le jeu et essayer d’organiser une exposition pour elle en dehors de l’Iran, au Canada. Mais dès que l’affaire semble pouvoir sortir des nasses des « avocates iraniennes », d’autres révélations viennent relancer « leur rôle », ainsi exit Delara Artiste, désormais, on remet au premier plan sa minorité.

Delara Darabi était âgée de 20 ans jusqu’à il y a une mois. Ayant passé 3 ans en Prison, elle aurait commis le meurtre à 17 ans. Depuis hier, un certificat de la médecine légale du régime des mollahs lui donne subitement 16 ans ! En même temps, on a appris que Delara n’aurait pas de papier d’identité et l’on est prié de se ranger au verdict scientifique de l’avis médical de la médecine légale de la république islamique d’Iran. Si cette fille n’avait pas de papiers donc pas de casier, pourquoi l’avoir arrêtée à 13 ans ? Par ailleurs, il n’existe qu’une seule photo d’elle, minuscule et floue… Quoiqu’il en soit, Nasrin Sotoudeh est intervenue pour donner son avis sur l’âge de l’accusée et relancer le débat sur la réforme en Iran.

- A aucun moment, aucune des avocates féministes en Tchador ne prend contact avec les amis Européens de Delara et n’évoque les détails que ces derniers ont soulevés dans les minutes du procès, détails qui pourront sauver cet enfant.

Nasrin Sotoudeh a recentré le débat non pas sur cette personne en danger mais sur un plan politique. C’est à dire sur la propagande du régime ! Et Sotoudeh rappelle : il y a 3 ans une demande avait été proposée au vote des députés pour instaurer des tribunaux spéciaux pour les enfants et adolescents de moins de 18 ans mais le vote n’a toujours pas eu lieu et n’est d’ailleurs même pas à l’ordre du jour pour l’année à venir.

Pour contrebalancer cette incroyable avocate réformatrice, la presse iranienne a publié également un défenseur de l’orthodoxie : Mohamad Hossein Farhangui, membre de la commission des lois, qui a annoncé que la justice de chaque pays était indépendante de celle des autres pays en vertu de la charte des Nations Unies.

- Le régime des mollahs se réfère donc à la charte des Nations Unies pour justifier la pendaison d’une mineure. L’objectif est évidemment de polémiquer et de créer un grand débat irano-iranien où nous sommes impliqués et sommes priés de prendre la défense de faux-opposants internes qui veulent uniquement perpétuer l’illusion d’une démocratie islamique en construction en Iran. Sotoudeh a évoqué les travaux d’un Parlement qui n’a aucun pouvoir.

Que Faire ? | Attention, cette affaire doit sauver Delara et non servir de marche-pied pour lancer la carrière des avocates féministes en Tchador. Vous devez extraire l’affaire des débats stériles du régime et obtenir une intervention internationale pour sauver Delara.

Nous vous encourageons à suivre l’exemple de M. Vincent Maunoury dont nous saluons les initiatives pour médiatiser le cas de Delara. Selon Vinvent Maunoury, il ne faut pas hésiter à écrire au gouvernement, à l’ambasseur de France à Téhéran... Et écrire régulièrement, pour demander quelles actions ont été entreprises, ou pour signaler un fait nouveau. Même si vous ne recevez pas de réponse, vos lettres sont lues : plus il y en aura et plus elles seront suivies et plus on pourra espérer une intervention ferme auprès des autorités iraniennes pour sauver la vie de Delara Darabi, Nazanin Fatehi, Kobra Rahmanpour, Malak Ghorbany, Ashraf Kalhori, et encore d’autres personnes qui nous sont inconnues.

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[1Nasrin Sotoudeh | Cette dernière s’est fait connaître en défendant un faux bloggeur du nom d’Omid Memarian. Selon le processus habituel, le régime l’arrêta et l’avocate entra en scène, le bloggeur s’exila au Canada et on perdit la trace de l’avocate. Aux dernières nouvelles, Memaian est en Californie où il anime un site d’information très indulgent envers les mollahs. Canada : patrie des bloggeurs exilés ! |