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Iran : 16 janvier 1979, le Roi est parti
15.01.2009

16 janvier, cela fait 30 ans que le Shah d’Iran a quitté le pays alors que l’ensemble de la classe politique et quelques grandes figures de l’opposition lui demandaient de rester et d’envoyer l’armée mater les révolutionnaires. Il a fait le choix de ne pas donner cet ordre de feu et il a quitté le pays pour un exil sans retour.



Car telle est la vérité : le Shah a refusé que son armée ouvre le feu sur les Iraniens, il n’existe d’ailleurs aucune photo montrant des soldats iraniens faisant feu sur des manifestants. Bien que l’idée puisse paraître farfelue aux Français, tous les Iraniens le savent y compris les mollahs. D’ailleurs, ces derniers répètent souvent « nous ne sommes pas comme le Shah ». Le sujet ne fait même plus débat en Iran. S’il y a débat, il est de savoir pourquoi il n’a pas donné cet ordre, si on doit l’en blâmer, ou pas, pourquoi il a quitté le pays…

Tout le monde a oublié l’ambiance qui régnait en 1979 : les articles et livres assassins le décrivaient alors comme un despote sanguinaire, responsable de 100,000 morts, un corrompu qui avait détourné les caisses de l’Etat ! Un article d’archive de la revue Express (par Yves Cuau) nous rappelle ces critiques ; il y était question du Shah faisant frire les mollahs, des achats somptueux alors que le peuple vivait dans la misère la plus totale !

Ceux qui écrivaient ce genre d’articles en persan ont depuis longtemps demandé pardon auprès des Iraniens notamment après la publication en Iran d’un rapport sur les victimes du Shah. Ce rapport (aujourd’hui interdit) affirmait que de 1963 à la révolution, 3164 personnes avaient été arrêtées en Iran. Le rapport évoquait un nombre très bas de tués en précisant que tous avait trouvé la mort au cours de fusillades et d’affrontements armés avec la gendarmerie ou l’armée. En fait, le Shah décédé depuis 17 ans n’avait plus besoin de cette preuve de plus quand le rapport est paru, mais le rapport a conforté l’idée qu’il a été victime de calomnies.

En 1979, Shah affirmait également avoir légué sa fortune (celle de la couronne) à sa fondation (Pahlavi) qui allait financer les études des étudiants brillants mais nécessiteux. Les journaux, les communistes iraniens et leurs amis occidentaux criaient au mensonge. Il y a deux semaines, les Américains ont saisi un gratte-ciel de NY construit par la Fondation Pahlavi, qui était entre temps devenue la Fondation Alavi. Si les diffamateurs avaient raison en 79, à l’heure de l’exil, le Shah se serait installé dans cet immeuble qui lui appartenait pour y vivre une retraite cossue à NY. Tout était faux, tout était calomnie. L’article de l’Express est une tache honteuse de la presse française, mais une parmi cent.

Pauvres Iraniens, ils attendent des excuses de la part des auteurs de ces articles ! Qu’ils leur écrivent en rappelant les progrès réalisés par l’Iran sous le Shah par les équipes extraordinaires qu’il avait composées. En 1965, un attentat a lieu contre sa personne. 5 personnes sont arrêtées, parmi eux un jeune ingénieur brillant, qui avait été le porte-parole des jeunes du Toudeh. Le Shah lui propose de venir travailler avec lui ! Son nom était Parviz Nik-khah [1]. Il deviendra un conseiller politique alors qu’il était plus jeune que lui. D’autres suivront son exemple.

Quand les Américains ont décidé de renverser la monarchie pour la remplacer par un régime instable, l’Iran était un pays apaisé, avec un projet pour travailler avec la gauche, un véritable centre de réflexion pour imaginer une nouvelle gouvernance. L’Iran grouillait de projets industriels, politiques, universitaires, culturels. Un grand nombre d’Iraniens ne le savaient pas (ils l’auraient su sans ce chambardement), ils l’ont appris en exil de la bouche des rares survivants qui avaient échappé à la lame des révolutionnaires islamiques et leurs alliés.

Le 16 janvier est un triste anniversaire pour les Iraniens.

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Pour en savoir + :
-  Iran : Il était une fois un homme
- (28 Octobre 2006)

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[1En 1979, Parviz Nik-khah a été fusillé à 46 ans à l’issue d’un procès révolutionnaire pour « lutte contre dieu ». Selon les témoignages, il aurait rigolé à l’annonce du verdict en répliquant qu’il était communiste et incroyant alors comment pouvait-il lutter contre ce en quoi il ne croyait pas !