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Iran : Tentative manquée d’internationalisation du conflit
14.11.2008

Selon le quotidien Jomhouri Eslami (une des voix non officielles du régime), le lundi 9 novembre, Sheikh Ali Dehvari, responsable d’une école coranique sunnite de la province de Sistan-Baloutchistan, a été tué devant sa mosquée par deux hommes à moto. Cette version quasi officielle attribue la paternité de cet acte terroriste à ceux qui cherchent à dresser les sunnites contre les chiites.



Il est certain que les habitants de la région ne croiront pas cette version et pencheront pour une élimination décidée par le régime. En effet, depuis l’avènement de la république islamique, les sunnites n’ont plus le droit d’avoir de mosquées en Iran et les contrevenants risquent la démolition. En septembre dernier, les bulldozers des Pasdaran ont rasé au petit matin un village qui abritait la plus importante école coranique sunnite clandestine de cette même région. Cette fois la méthode est plus radicale puisque l’on a éliminé le directeur des lieux. Mais comme toujours, le régime entend exploiter l’affaire sur un plan politique et même international, c’est pourquoi il a adopté le mode opératoire du groupe armé le Jundallah (financé par Washington) dont l’une des spécialités est l’élimination physique des agents locaux du régime dont des mollahs par des tueurs à moto.

Le Jundallah est financé par Washington pour attaquer et démoraliser les miliciens du régime à l’Est de l’Iran alors que simultanément les guérilléros Kurdes du PKK les harcèlent à l’Ouest du pays. C’est une réponse au soutien des mollahs aux combattants musulmans en Irak ou en Afghanistan. C’est une des multiples facettes de la guerre indirecte entre Téhéran et Washington dont l’enjeu est la détermination des clauses d’une entente, entente que les deux adversaires souhaitent.

Dans ce contexte, « ceux qui cherchent à dresser les sunnites contre les chiites » peuvent être invariablement, le Jundallah, son protecteur américain ou encore l’Arabie Saoudite que Téhéran pointe du doigt plus facilement qu’il n’accuse les Etats-Unis. Cela se fait conformément à la logique de cette guerre irano-américaine par intermédiaires interposés : pour diverses raisons, il est plus intéressant pour Téhéran d’accuser les Saoudiens.

L’Arabie Saoudite a été la première cible de la république islamique naissante et Téhéran prend un malin plaisir à lui rappeler sa fragilité. D’une manière générale, en la menaçant, Téhéran nargue les Etats-Unis, mais il a actuellement deux raisons supplémentaires d’accuser les Saoudiens. D’une part ces derniers ont évoqué leur crainte du chiisme révolutionnaire des mollahs, laissant entendre qu’ils pourraient cautionner une attaque contre l’Iran, et d’autre part ils sont également en pourparlers directs avec les Israéliens pour aboutir à une paix qui si elle est conclue marquera la fin de l’ère Hezbollah : la fin du rôle régional des mollahs, de cette menace d’embrasement régional qui est l’assurance-vie des mollahs contre un changement de régime.

Le régime est assailli par des menaces diverses et réagit sous l’effet de la peur en se montrant très agressif : face à un possible retournement de l’aimable Obama qui pourrait bombarder les centres du pouvoir et désorganiser le régime, il a mis 30,000 miliciens dans les rues de Téhéran. Face aux dangers qui guettent le Hezbollah, il cherche à provoquer une escalade de la violence entre sunnites et chiites. Ce sont des réactions d’un régime qui se sent en danger.

En ce qui concerne ce meurtre du chef religieux sunnite, Téhéran a agi en tablant sur une absence de réaction de la part du Jundallah dont le chef est hors circuit suite à une fusillade qui l’aurait laissé quasiment mort. Mauvaise pioche : à Pishavar, une région pakistanaise frontalière de l’Afghanistan, 3 hommes armés et masqués ont intercepté un diplomate du régime devant son domicile à Hayat Abad. Le milicien Hojat-ollah Athar-zadeh a été enlevé et son garde du corps abattu.

Si Téhéran cherche à internationaliser le conflit pour faire reculer les menaces, ses adversaires américains évitent le piège et lui répondent sur un plan local par l’intermédiaire de leur commis, le Jundallah.

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Pour en savoir + sur le rôle limité du Jundallah :
- Iran : On évoque à nouveau un changement de régime (décodages)
- (8 NOVEMBRE 2008)

| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |

| Mots Clefs | Violence : Baloutchestan (Sistan & Baloutchistan) |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Arabie Saoudite |

| Mots Clefs | Terrorismes Islamiques : Guerre Chiite-Sunnite |

| Mots Clefs | Violence : Répression pour faire un exemple |