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Iran : Brève histoire de « Golagha », journal satirique !
13.09.2008

Farhad Pouladi l’un des reporters les plus serviles de l’antenne iranienne de l’AFP a consacré un article aux difficultés que rencontrent les journaux satiriques en Iran. L’article évoque le cas de l’hebdomadaire, « Gol Agha » qui serait selon Pouladi « sur la corde raide, entre tabous religieux à ne pas briser et lignes rouges à ne pas franchir » ! Ce n’est pas tout à fait vrai.



Tout d’abord, un constat s’impose : loin d’être sur la corde raide, au-delà de sa couardise, « Gol Agha » n’est pas drôle. Il n’était pas drôle quand il était dirigé par son fondateur Kioumars Saberi, mauvais poète et comique poussif, et il l’est encore moins depuis sa disparition et la récente reprise de cette publication par sa fille Poopak, qui avoue ne pas avoir les talents de son père.

« Gol Agha » (trad : « chic type ») est d’ailleurs indissociable de son fondateur disparu : Saberi. Il y a peu de choses sur sa vie avant la révolution islamique. Saberi s’est inventé une biographie sans queue ni tête où il explique qu’il n’a pas pu passer son bac car il était trop pauvre –genre c’était la faute au Chah- alors que 4 lignes plus loin, il affirme qu’il s’est inscrit à l’université où il a connu Rajaï (un proche de Khomeiny). A l’université, cette connaissance l’a poussé à intégrer un mouvement pro-Khomeiny. Il affirme avoir manifesté contre la loi accordant des libertés aux femmes. A l’université, il affirme avoir obtenu une maîtrise en droit et un doctorat de littérature comparée dont le sujet était l’étude d’une lettre écrite par Ali le gendre de Mahomet à Malek Ashtar, un seigneur arabe imbu de sa personne et méchant homme.

Pour faire court : cette lettre n’existe pas car Ali était illettré, mais cette lettre d’Ali à Malek Ashtar est une référence récurrente dans les sermons prononcés par les mollahs. Cette biographie est un collage opportuniste d’éléments et de noms révolutionnaires et islamiques, un récit concocté pour plaire Khomeiny et sa clique. Enfin, si l’on se réfère à ce récit, les études de Saberi auraient duré 18 ans !

Le récit de Saberi a bien plu à Khomeiny et Khamenei. Ils ont bien aimé ses mensonges et détecté un vrai talent de lèche-cul chez ce petit bonhomme avide de gloire universitaire. Il a obtenu quelques postes dont celui du conseiller culturel de Khamenei au moment où ce dernier était le commandant en chef pendant la guerre Iran-Irak, guerre qu’il a continuée avec d’autres complices pour empocher de confortables commissions sur les achats d’armes. Après la fin de cette guerre qui a enrichi les mollahs et tué un million de jeunes Iraniens, Khamenei fut promu président de la république et Saberi fut promu directeur de « Gol Agha », journal satirique du régime des mollahs.

Cette promotion a été justifiée dans l’autobiographie sur mesure de Saberi comme un retour à ses amours de jeunesse. En effet, Saberi prétend que le directeur de Tofigh, le célébrissime quotidien satirique du temps du Chah, lui avait confié sa place de directeur de publication suite à la lecture de ses vers ! Ce soi-disant poste de directeur est chargé d’insinuation. En effet, Tofigh a été une fois suspendu sous le Chah et selon Saberi, la direction avait affirmé qu’elle préférait la suspension à des excuses. Indirectement, l’opportuniste Saberi se présentait comme un journaliste intègre, intouchable qui allait diriger un quotidien aussi intègre.

« Gol Agha » était donc présenté comme un ersatz de liberté d’expression, mais il était en fait comme les publications satiriques publiées en Chine communiste ou en Russie soviétique : il critiquait mollement la hausse de prix de la viande ou l’inconfort des autobus urbains. Il n’y avait rien sur les exécutions, les fortunes bâties grâce à la guerre Iran-Irak, sur les disparus de cette guerre, sur les villes rasées, sur les lapidations, la condition féminine, les lois qui autorisent le mariage avec des fillettes de 9 ans, le soutien au Hezbollah et tous les slogans nauséabonds du régime. Cette publication vide de contenu est passée après 4 ans d’un format hebdomadaire à un format mensuel.

Toujours très opportuniste, pour rester dans le coup et ne pas être poussé vers la sortie par la jeune génération de clowns officiels du régime, le fondateur de « Gol Agha » s’est découvert une passion pour Khatami en 1997. En s’affichant pro-Khatamiste et en critiquant ses prédécesseurs, il a déplu à Khamenei qui faisaient partie de ceux-là. Le Guide n’a pas aimé le comique plus poussif qu’à l’accoutumée de son ex-conseiller ingrat et il a fait fermer le mensuel « Gol Agha ».

Saberi, de son nom de plume « Gol Agha » (chic type), le journaliste intègre, a alors montré son vrai visage, en se jetant aux pieds du guide et en publiant plusieurs textes d’excuses et de soumission ! Malgré ses larmes et ses hommages à Khamenei, le régime a compris que Saberi était dépassé. Il l’a donc fait remplacer par le gluant Ebrahim Nabavi, collègue et copain de Zeydabadi, le journaliste bassidji. Saberi est sorti par la petite porte : ce fut la fin de l’histoire d’amour entre « Gol Agha » et le régime, un peu avant la mort de son fondateur. Une fois disparu, tout le monde y compris Ahmadinejad lui a rendu hommage et continue de le faire à chaque anniversaire de sa mort.

Le régime semble vouloir réanimer le moribond, car un site a été créé en février 2008 et la fille du fondateur en a repris la direction en mars 2008 et commence à parler comme si elle faisait ce métier depuis 18 ans, allant jusqu’à donner la définition d’un vrai journal satirique : « la satire est comme un pétale de rose avec laquelle caresser la joue d’une personne qui dort pour la réveiller. Ce n’est pas un couteau de boucher ».

Comparer les bouchers du peuple iranien à un dormeur rêveur que l’on réveille avec un pétale de rose ! La dame ne semble pas pressée : elle ne voit pas les urgences, les pendaisons, les chômeurs, la très grande pauvreté. Tel père, telle fille !

C’est le point de vue de cet article du reporter de l’AFP. Il n’évoquait pas la vraie histoire de « Gol Agha », cette publication a été choisie pour illustrer l’existence d’une presse critique sous le régime des mollahs. C’est raté.

Pouladi que nous critiquons souvent pour la piètre qualité de ses écrits est allé chercher un exemple lointain d’une publication oubliée et inconnue parmi les jeunes afin d’échapper à nos critiques. Il voulait diffuser tranquillement sa propagande sur l’existence d’une certaine démocratie en Iran. D’ailleurs, l’article est le prétexte pour rappeler les noms des champions de cette soi-disant démocratie : « Gol Agha » Khatami, « Gol Agha » Rafsandjani, et les fausses féministes que les médias du régime portent à bout de bras. Et le mot de la fin (le pétale de rose) est là pour nous inciter à ne pas nous montrer impatient quant au rendement de ces faux opposants.

C’est un manque de pot que le reporter de l’AFP ait choisi « Gol Agha » dont le fondateur sans scrupule s’est inventé une biographie islamiste où il se félicite d’avoir manifesté au côté de Khomeiny contre les droits laïques accordés aux femmes iraniennes en 1963. C’est un manque de pot d’avoir choisi « Gol Agha » qui n’a jamais rien dénoncé des crimes du régime. C’est un manque de pot d’avoir choisi « Gol Agha » dont les Iraniens n’ont jamais voulu au point que son fondateur a dû troquer l’hebdo pour le mensuel puis pour des numéros annuels !

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Avis aux mollahs : Messieurs qui faites appel au service de Pouladi, changez de commis, celui-ci est trop nul. Prenez à sa place Ramin, le fils de Bagher Parham, un autre opportuniste de gauche qui s’est découvert une vocation d’islamiste en 1979. Ramin Parham est un caméléon parfait pour diffuser de fausses nouvelles riches en insinuations qui semblent innocentes.

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| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Selon l’AFP |</font