Accueil > News > Iran : Ahmadinejad enterre tout compromis - Décodages



Iran : Ahmadinejad enterre tout compromis - Décodages
24.07.2008

A Genève, le régime des mollahs a opposé un refus catégorique à l’offre des Six et remis en cause l’ordre du jour sans provoquer une rupture immédiate des négociations, mais encore un nouveau délai. Au pire, les Six promettent de faire adopter une nouvelle résolution ce qui signifie un long délai de marchandages internes au Conseil de Sécurité. Cette situation a réconforté le régime des mollahs et provoqué le dernier discours d’Ahmadinejad.



Ce discours très raide résulte évidemment de l’attitude molle de Washington : les mollahs ont désormais la certitude que rien ne sera entrepris par l’administration Bush qui au contraire cherche à tout entreprendre pour conclure une entente géopolitique avec l’Iran, entente incontournable pour l’avenir de son hégémonie sur les ressources énergétiques de la planète.

Il y a quelques semaines, ces mêmes mollahs aujourd’hui très arrogants avaient moins de certitudes. C’est Washington qui avait le dessus sur eux et les bombardait de sanctions pour les affaiblir afin de les pousser à accepter l’entente dans les termes conformes aux intérêts américains. Les mollahs avaient alors évoqué la possibilité d’un compromis, non pas avec les américains, mais avec les Six, afin d’obtenir une pause dans l’application des sanctions américaines pour neutraliser la stratégie de l’administration Bush et ainsi gagner du temps.

Avec les promesses d’un nouveau délai direct et des retards prévisibles avant une nouvelle résolution, ce délai a été gagné et par conséquent l’offre de compromis formulée par Velayati est morte. Ce délai virtuel change la donne : C’est l’administration Bush qui est à présent sous pression car elle ne dispose plus que de 3 mois pour forcer Téhéran à accepter un deal, et c’est bien court.

La certitude d’être indispensable aux Etats-Unis et surtout le peu de délai imparti à l’administration Bush font jubiler Téhéran qui a décidé d’annoncer la mort clinique du compromis, désormais qualifiée d’initiative isolée.

C’est parce que Téhéran est en position de force que l’on n’entend plus les soi-disant modérés qui critiquaient les excès d’Ahmadinejad. Le régime se garde ce joker : si une réaction vraiment hostile est enregistrée de la part de Washington, le régime alignera en première ligne ses soi-disant modérés ou ses soi-disant pragmatiques. Mais pour l’instant, il laisse libre cours à son franc tireur pour titiller Washington.

C’est ainsi qu’aujourd’hui, dans un long discours lors d’un déplacement en province, Ahmadinejad a évoqué une unité intransigeante du régime et du peuple sur le droit à l’enrichissement, avant d’annoncer la mort du projet de compromis et de se réjouir d’avoir transformé la joie des occidentaux en veillée de deuil. Cependant, il a pris le soin de laisser la porte ouverte à Washington s’il devenait plus raisonnable !

« Le gouvernement américain a déclaré qu’il participait aux négociations. Nous l’avons bien accueilli. Leur représentant a parlé avec politesse et respect. C’est un pas positif. Nous conseillons donc aux responsables américains de ne pas anéantir leur pas positif par des propos inadéquats, colonialistes et des vociférations », a-t-il déclaré.

Très en confiance et un peu grisé par ce discours, Ahmadinejad a un peu dépassé les bornes et a également affirmé qu’en cas de nouvelles menaces américaines, la seule réponse du régime serait « mort à l’Amérique » !

Cette phrase non prévue a été supprimée par l’AFP sur les recommandations du régime qui ne souhaite pas entacher sa nouvelle image d’ouverture à un dialogue avec le bon peuple américain.

Cependant, cette phrase supprimée est sans doute la plus importante : elle nous renseigne sur le véritable état d’esprit des mollahs, capables de revenir aux slogans d’origine en cas de besoin.

Très récemment, certains analystes à la petite semaine nous prédisaient une refonte totale au Moyen-Orient : Le Liban pacifié par un Hezbollah rentré dans l’ordre politique, la Syrie détachée de Téhéran et reconnaissant le Liban, Téhéran acceptant un compromis…

On n’entend plus ces diseurs de bonne aventure (ils font semblant d’être en vacances). Contrairement à leurs prévisions, c’est Washington qui tremble à l’idée de rater une entente avec les mollahs et ce sont ces derniers et leurs alliés qui se portent bien. Le mieux loti est le Hezbollah qui sort renforcé par la restitution israélienne de ses prisonniers, restitution qui vaut une quasi reconnaissance. Mieux encore, Michel Sleimane, le nouveau président libanais, est devenu le porte-parole du Hezbollah et a épousé sa vision sur le droit au retour des Palestiniens. On peut censurer ces propos imprévus et se voiler la face, mais souvent il vaut mieux avoir toute l’info et la bonne analyse qui va avec. Et la nôtre est que vous n’êtes pas au bout de vos peines avec les mollahs.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir plus :
- L’Iran s’attend à des « négociations constructives » - Décodages
- (19 JUILLET 2008)

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (des mollahs) |

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les relations avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |