La mascarade continue autour de cette crise où tout est faux : aussi bien la menace nucléaire des mollahs que ce dernier rapport qui a été réalisé sans que le chef de l’AIEA ait visité les sites suspects en Iran !

Comme nous l’avons écrit en août dernier puis en septembre, l’unique objectif américain est de faire plier les mollahs (et non de leur faire la guerre). C’est pourquoi les américains insistent sur une solution multilatérale ; ils savent que cette solution est lente.

Leur objectif est de soumettre les mollahs à petit feu : maîtriser leur nuisance, récupérer les réseaux des Pasdaran et du Hezbollah, demander la tenue d’élections libres afin de placer leurs pions au pouvoir en Iran et de reproduire le scénario irakien d’une république fédéraliste respectueuse de l’Islam. L’objectif final de ce projet est le remodelage du Moyen-Orient.

Les Européens se contentent de suivre les américains en espérant que leurs intérêts économiques seront préservés au-delà du projet de remodelage régional. Cette situation d’attentes contradictoires est justifiée par un discours unifié sur la priorité de la diplomatie. On n’a pas assisté à ce genre d’approche américaine à propos de Saddam. Dans son cas, les américains voulaient l’éliminer pour prendre pied en Irak, d’où ils espéraient venir à bout des mollahs notamment en utilisant des groupes ethniques comme les PKK. La réalité est différente car ce sont les mollahs qui utilisent aujourd’hui l’Irak pour forcer les américains à les accepter tels qu’ils sont et à admettre leur rôle régional.

Dans ce jeu très bizarre, les Européens espèrent préserver leurs intérêts en Iran à l’issue de la guerre d’usure entre les deux pays, quel que soit le vainqueur. C’est ce qui explique l’actuelle unité de point de vue entre Merkel et Bush. Cependant, cette unité de vue n’est pas l’expression d’un objectif commun et risque d’être mise à rude épreuve au moment de l’examen du rapport d’El Baradei.

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