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L’Iran et les 2 visages du « féminisme musulman »
08.11.2006

Il se tient actuellement à Barcelone le 2e Congrès international du « féminisme musulman ». Les nouvelles parues ont toutes évoqué les paroles d’une certaine Nayereh Tohidi qui représentait les iraniennes. Au même moment en Iran, Shadi Sadr, militante des droits des femmes, a lancé une campagne pour demander aux ayatollahs d’abroger la loi sur la lapidation pour adultère. | Décodages |



Il se tient actuellement à Barcelone le 2e Congrès international du « féminisme musulman ». Les nouvelles parues ont toutes évoqué les paroles d’une certaine Nayereh Tohidi qui représentait les iraniennes.

Tohidi n’habite pas l’Iran, elle est basée à Los Angles où elle fait du lobbying pour introduire Shirin Ebadi en tant que modèle de la femme iranienne. Ce qu’elle a dit à ce 2e Congrès international du « féminisme musulman » est riche d’enseignements et peut être utilisé par ceux qui veulent démasquer ces faux opposants, faux défenseurs de libertés, et authentiques lobbyistes pour relativiser la situation des droits de l’homme et de la femme en Iran.

Nayereh Tohidi n’est pas une femme libre : elle ne peut pas exprimer des idées qui soient déviantes vis-à-vis des doctrines du régime des mollahs ou contraires à ce qu’affirme le ministère iranien des affaires étrangères. Et l’on retrouve les mêmes arguments chez tous ces « dissidents réformateurs ».

Nayereh remet en cause uniquement « une lecture sexiste des textes sacrés du Coran » et non pas l’intrusion dans la vie sociale féminine d’un texte écrit il y a 1400 ans par un homme sans aucune connaissance des attentes d’une femme en 2006. Là s’arrêtent les revendications militantes de Nayereh Tohidi. Le reste de ses déclarations sont de nature politisée et dans la ligne des revendications du ministère iranien des affaires étrangères : « Les femmes en Iran, comme dans la majorité d’autres pays musulmans, sont confrontées à différents défis, mais l’incertitude et l’insécurité face à une attaque militaire potentielle contre l’Iran ont encore aggravé la situation. »

En d’autres termes, ce ne sont pas les mollahs qui maltraitent les femmes, mais « une attaque militaire potentielle contre l’Iran ». Il ne faut pas chercher à creuser ses paroles afin de faire une surinterprétation de ses propos car comme tous les agents de lobby du régime, la première phrase est suivie par ce qui serait son explication.

Le combat pour les femmes en Iran est « très délicat et il doit être mené par des femmes et par l’élite du pays, des réformistes de l’intérieur (c-à-d : mollah Khatami, milicien Ganji et Shirin Ebadi) », car selon Nayereh Tohidi, « la démocratie et les droits de l’homme ne peuvent pas être exportés ».

Décodages | « la démocratie et les droits de l’homme ne peuvent pas être exportés », il s’agit d’une condamnation de la politique de Grand Moyen-Orient démocratique de George Bush. Mais cette prise de position est choquante car par définition les pensées, les idées ou la démocratie doivent circuler en toute liberté sinon la déclaration universelle des droits de l’homme n’aurait aucun sens.

Si on ne pouvait pas exporter ses idées et en importer, si on ne pouvait pas renier une idée et en adopter une autre, le combat civique pour plus de droits n’aurait pas lieu d’être. Contrairement à ce que dit Nayereh Tohidi : la démocratie et les droits de l’homme peuvent être importés, imités, débattus et améliorés.

Cependant, Nayereh Tohidi n’est pas une idiote, elle connaît cette nécessité régénératrice, mais elle a été dépêchée au 2e Congrès international du « féminisme musulman » afin de plaquer un discours politiquement correct sur la négation même de la libre circulation des idées et surtout celles qui parlent de l’universalité.

Si Nayereh Tohidi admettait que la démocratie et les droits de l’homme pouvaient être importés là où ils font défauts, elle devrait nécessairement remettre en cause le Coran, texte figé, et se montrer universaliste et admettre aussi la nécessité de l’apport de soutiens extérieurs. Mais ceci sous-entendrait que l’on admette l’apport et le soutien des exilés, des opposants séculiers ou laïques ou encore l’ingérence humanitaire. L’opinion exprimée par Nayereh Tohidi est le discours politiquement correct qui justifie le refus de tout apport extérieur :

« Le combat pour les femmes en Iran est très délicat et il doit être mené par des femmes et par l’élite du pays, des réformistes de l’intérieur ». C’est tout de même la première fois que des défenseurs des droits de l’homme dans un pays refusent de l’aide.

« Laissez-nous entre musulmans, ne critiquez pas notre livre sacré, seuls les mollahs modérés peuvent nous aider, notre société évolue à son rythme, la démocratie ne s’importe pas »… et pourquoi donc l’Islam s’exporterait-il alors ?

Parallèlement 2e Congrès int. du « féminisme musulman » et exactement à ce moment, des Iraniennes militantes des droits des femmes ont lancé une campagne pour demander aux autorités d’abroger la loi sur la lapidation pour adultère. La nouvelle a été diffusée par une agence officielle du régime ILNA, proche des réformateurs !
Cette campagne nécessaire mais mensongère est lancée par Shadi Sadr, la nouvelle fausse dissidente du régime qui récupère tout, recycle tout. Pour ce faire elle a un statut particulier : elle est à la fois avocate et journaliste, militante des droits des femmes et militante politique en faveur de Moïn, un universitaire (islamiste) réformateur.

Shadi Sadr (33 ans) existe sur la scène médiatique depuis 2003 (l’année de la nobélisation d’Ebadi), avant rien. Elle n’évoque que très rarement le cas de Zahra Kazemi (pourtant tuée en 2003) ou des viols en prisons par les Pasdaran. Elle ne dépasse pas les lignes rouges. Elle se contente de faire remarquer les progrès de la condition féminine sous Khatami (18 cas de lapidation ont été recensés sous Khatami).

Depuis peu, Shadi (Joie – ndlr) s’occupe de tous les cas médiatiques : cas de pendaisons de mineurs ou de lapidations rendus célèbres par les ONG occidentales. En dehors de ces cas surmédiatisés, elle est peu active et ne se manifeste qu’après les évènements : elle se les approprie, les recycle en « combats des réformateurs contre les conservateurs ». Que dire ?

Il faut se mobiliser afin que les affaires ne puissent pas devenir les moyens de combattre l’ingérence humanitaire des ONG, il faut proposer à cette femmes de se positionner sur la Charia et non sur une moratoire de certaines clauses de la Charia car ceci sera « du Tariq Ramadan ». L’Iran et les iraniens méritent mieux qu’un Tariq Ramadan en Jupon. Il faut que vous nous y aidiez.

Exemple | Shadi Sadr est l’avocate de Nazanin et selon certaines informations que nous avons reçues [1], dans le compte-rendu du deuxième procès, on ne peut lire que les déclarations de Nazanin, de sa nièce Samieh, et de son père, mais pas un mot de l’avocate, comme s’il n’y avait que sa famille pour la défendre... Nous essaierons de vous apporter des éclaircissements sur ce dossier, afin d’apporter le plus possible de soutien à Nazanin afin que cette avocate médiatique soit contrainte de la sauver réellement. Pour l’heure, Nazanin est utile pour Sadr et ses amis et nous essaierons de jouer le jeu tout en dénonçant les manquements professionnels.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Recherche Par Mots Clefs : Misogynie Institutionnelle |

Les amis de Shadi Sadr :
- A propos de la manifestation féministe du 12 juin
- (27.06.2006)

Une autre Tariq Ramadan en Jupon :
- Fariba Adelkhah : le Fascisme en jupon
- (23.04.2006)

[1sourceV.M.