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A propos de la manifestation féministe du 12 juin
27.06.2006

Le 12 juin se déroulait à Téhéran une manifestation féministe. Dès l’annonce de cette manifestation, nous avions décidé après nous être concertés en comité de rédaction de ne pas en faire l’écho et aussi de ne pas y apporter notre soutien et ce pour diverses raisons (que nous allons détailler).



De nombreux opposants iraniens de toutes tendances y avaient apporté soutien et publicité. Aujourd’hui, quelques femmes sont en prison pour avoir participé aux manifestations, et de nombreuses voix s’élèvent pour demander leur libération.

Effectivement le motif de leur manifestation pouvait sembler très légitime : il y a 75 années, les Iraniennes étaient devenues les égales des Iraniens. En 1931, Reza Chah Pahlavi était allé à l’encontre du puissant clergé chiite, contre toutes les Fatwas et contre le machisme ambiant, pour accorder les mêmes droits aux femmes et aux hommes et ce bien avant certains pays européens. Ces droits obtenus contre l’avis des mollahs, leur ont été repris par la république islamique en 1979

Parenthèse… Certains se souviennent que les intellectuelles iraniennes de gauche (comme la poétesse Beh-bahani) avaient même porté le voile pour aider Khomeiny. Ces actes sont aujourd’hui jugés sévèrement par les Iraniens et les jeunes générations ne reconnaissent pas la légitimité de tels actes qu’elles qualifient de trahison envers la modernité et envers les possibilités que l’Iran laïque aurait pu avoir sans l’accession de Khomeiny au pouvoir…

Nous avons ouvert cette parenthèse car la manifestation du 12 juin était lancée à l’initiative de cette branche d’intellectuelles de gauche qui ont soutenu Khomeiny en 1979 et sont demeurées en Iran pour y vivre et travailler sans honte d’avoir couvert la femme iranienne avec le voile de la honte. Car la devise des mollahs et des Pasdarans (comme Akbar Ganji) était le voile ou la claque.

Après la victoire du mollah Khomeiny, ces femmes et leurs homologues masculins se sont fait discrets tout en profitant des avantages de leur soutien à la révolution. Ils ont toujours été la caution morale du régime et parmi eux, on trouve les juristes Abdolkarim Lahidji, Mehranguiz Kar, Shirin Ebadi et les réformateurs comme Kadivar, Aghajari, Shamsol-vaezin ou la poétesse Beh-bahani. …

Ce sont les « défenseurs des droits de l’homme » dans sa version admise par le régime : ces personnages ne remettent pas en cause le régime des mollahs et même sous couvert d’action humanitaire entretiennent des relations cordiales avec certains responsables qualifiés de moins intégristes. Leur argument est qu’ainsi, ils pourront intervenir et sauver des vies. Cependant, ils n’ont jamais sauvé des vies et participent avec le régime à une sorte de mise en scène. Le régime autorise un rassemblement, une association ou un organe de presse, ensuite il arrête les responsables : (à ce moment là) les « défenseurs des droits de l’homme » interviennent et accaparent les medias tant occidentaux que ceux des iraniens expatriés toujours à l’affût d’une brèche dans la république islamique.

Cette frange vendue de la gauche est même devenue le fer de lance de Khatami. Elle a non seulement couvert l’ensemble des forfaits commis sous sa présidence, mais ses membres ont aussi entrepris de garder vivace la mémoire de cette prétendue ouverture durant laquelle il y a eu plus de lapidations que précédemment.

La raison de notre boycott de la manifestation du 12 juin était que cette manifestation féministe était initiée par ce groupe de faux intellectuels, faux socialistes et vrais hypocrites pro-mollahs. D’ailleurs, ces femmes avaient publié deux faire-parts, un en iranien où l’on ne voyait aucune revendication en faveur de l’abolition du voile et un second en anglais avec cette revendication. Ce genre de détail et la date qui célébrait l’arrivée au pouvoir de Khatami n’échappent généralement pas à nos compatriotes ! …

La manifestation n’a recueilli qu’un nombre très restreint de participantes, mais elle avait été couverte par une batterie de photographes qui ont diffusé leurs images par plusieurs blogs domiciliés en Iran sur des serveurs iraniens tout ce qu’il a de plus officiel ! Quelle mascarade. D’ailleurs les photos avaient été prises suivant des angles très cinématographiques afin qu’on assiste à tous les détails, on aurait dit des photos posées, quiconque a déjà fait quelques images dans la bousculade d’une manif s’en aperçoit immédiatement…

Depuis, les photos sont sur le blog et personne ne les a interdites !

Un site a même été créé en Iran pour exposer les revendications des manifestantes ! Ceci nous rappelle la mise en scène des grévistes du syndicat des chauffeurs de Bus, mise en scène qui a eu lieu quelques semaines après d’authentiques grèves sauvages des chauffeurs de bus à Téhéran. Dans la version organisée, le nouveau chef syndicaliste (Ossanlou… : issue de cette gauche vendue aux mollahs) avait été présenté comme ayant subit des actes de torture : une vidéo avait même circulé sur le net et l’on voyait l’homme avec la jambe tordue et la langue coupée : nous avons décidé de boycotter ces images et nous avions raison. Moins de 48 heures après les images de la langue coupée, le vaillant syndicaliste faisait un discours où il disait qu’il était arrivé à un accord avec un frère milicien. Mais le seul hic était qu’il n’avait guère l’air de souffrir de la langue.

Nous ne ferons pas cette fois aussi de la publicité pour une fausse manifestation dont les participants se réclament de la révolution islamique, et de Khatami mais refusent, par une foi inaltérable en la non-violence, de cautionner un soulèvement populaire en affirmant sans cesse la nécessité de réformer (on ne sait quoi) et rien d’autre. Il suffisait d’ailleurs de voir les slogans qui ont été servis lors de la manifestation, des slogans plutôt lisses et surtout pas anti-islamiques ou contre le régime. On a pu voir écrit ça et là « égalité devant la loi » ou « respect de nos droits par tous » (quels droits ?). Pas un seul slogan n’a osé remettre en cause la constitution iranienne basée sur le coran qui ne comporte aucun passage sur l’égalité entre les sexes, et plus spécialement en matière judiciaire.

Cette mise en scène est une vitrine médiatique pour le régime qui prouve la vitalité de la démocratie islamique, ainsi peut-on lire ici et là que l’Iran des mollahs est bien différent de l’Arabie Saoudite. De fait les Français ne prêteront plus une oreille attentive à ceux qui leur parleront de ce régime comme un enfer, un enfer où une journaliste est arrêtée pour quelques images d’un mur de prison, violée par 2 miliciens et 2 juges, griffée, molestée et achevée à coup de pieds sans que les défenseurs des droits de l’homme s’en souviennent ne serait-ce qu’une fois par an.

Nous ne cautionnerons pas cette manifestation qui œuvre pour cacher la laideur de ce régime… et dénigrer l’aide dont nous avons besoin pour renverser ce régime. Nous conseillons à ceux qui ont soutenu ces femmes prétendument maltraitées de faire un tour sur leur site pour voir si elles condamnent ou pas la révolution islamique, le port obligatoire du voile, la prostitution institutionnelle, le terrorisme du Hezbollah (un des fleurons du régime), les propos antisémites de Ahmadinejad qui ont été salués par Khatami, la possibilité de détournement de la recherche nucléaire afin d’acquérir une bombe… Vérifiez et vous vous apercevrez que ce mouvement est une coquille vide.

Aucun des mouvements autorisés par les mollahs ne condamne le terrorisme, le détournent nucléaire, l’homosexualité passible de la peine capitale ou le port obligatoire du voile… Vérifiez.

Cette manifestation était organisée par des groupes pro khatamistes et les inévitables mesdames Ebadi et Kâr, toujours promptes à ranimer le souvenir de l’élection de Khatami.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

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