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L’Esclavage et le commerce des femmes en Iran
11.06.2004

Par Donna M. Hughes, professeur, ayant une chaire d’études sur les femmes (Carlson Edowed Chair) à l’Université de Rhode Island. Toute information sur la prostitution et l’esclavage et le commerce des femmes en Iran peut lui être expédiée à dhughes@uri.edu & pour en savoir plus faire www.uri.edu/artsci/wms/hughes
Article paru le 11 juin 2004 dans Insight on the News & Front Page Magazine.com



Un des moyens les plus efficaces pour contrôler la société, utilisé par les mollahs intégristes d’Iran, est de dépouiller la femme de ses droits et de sa liberté. Ces islamistes appliquent depuis 25 ans des règles sadiques et humiliantes contre les filles et les femmes du pays, les transformant en esclaves dans un système d’apartheid sexuel, les forçant à se voiler, les traitant en citoyens de seconde zone, les fouettant et les lapidant à mort.

Dans le même esprit, ces mollahs fondamentalistes ont ajouté un autre moyen de déshumaniser filles et femmes, en en faisant commerce pour la prostitution. Il est impossible d’avoir le nombre précis des victimes, mais selon une source officielle à Téhéran, on a recensé un accroissement de 635% des jeunes filles qui se prostituent.

Ce chiffre donne un idée de la vitesse de propagation de tels abus. À Téhéran, on estime le nombre de filles et de femmes prostituées à 84 000, la plupart dans les rues, certaines dans les 250 bordels connus de la capitale. Le commerce est international et des milliers de filles et de femmes ont été vendues à l'étranger pour l'esclavage sexuel.

Le chef du bureau d’Interpol en Iran pense que ce type de commerce est l’un des plus lucratifs aujourd’hui en Iran. Cette activité criminelle est menée avec l’assentiment et même la participation des mollahs intégristes. De hauts fonctionnaires du gouvernement sont impliqués dans l’achat, la vente et l’abus des filles et des femmes. La plupart d’entre elles viennent de régions rurales pauvres.

L'usage de la drogue est très répandu dans ce pays et des parents dépendants de la drogue vendent leurs enfants pour alimenter leur accoutumance. Le niveau élevé du chômage (28% des jeunes de 15 à 29 ans, 43% des femmes de 15 à 20 ans) incite les filles à accepter des opportunités risquées. Les marchands d’esclaves n’ont plus qu’à ramasser les plus vulnérables. L’exemple du récent tremblement de terre à Bam qui a rendu un grand nombre de filles orphelines est frappant. Sous prétexte de protection, ces filles ont été enlevées, emmenées sur le marché de Téhéran pour être vendues à des marchands Iraniens et étrangers. Dans ce dernier cas, la destination la plus courante est le Golfe persique.

D’après le chef du tribunal de la province de Téhéran, les trafiquants visent des jeunes filles de 13 à 17 ans pour les envoyer dans les pays arabes, mais des informations par ailleurs nous donnent une tranche d’âge de 8/10 ans. Une jeune fille de 18 ans a réussi à s’échapper d’un sous-sol de rassemblement avant expédition au Qatar, au Koweit et aux émirats, et le réseau a été découvert.

Le nombre de filles Iraniennes déportées des pays du Golfe donnent une idée de l'ampleur de ce commerce. À leur retour en Iran, les Islamistes blâment ces victimes et souvent les punissent et les mettent en prison ; elles sont "examinées" pour savoir si elles ne se sont pas eu des "activités amorales" et, dans ce cas, ils leur interdisent la sortie du territoire (1).

La police a découvert plusieurs réseaux de prostitution et de commerce opérant à Téhéran et exportant en France, en Grande Bretagne et en Turquie. Un réseau basé dans ce dernier pays, achète des filles iraniennes passées en contrebande, leur donne un faux passeport et les expédie de là en Europe ou dans le Golfe. Dans un cas précis, une fille de 16 ans a été vendue à un citoyen européen de 58 ans pour 20 000 $ !

Dans la province du Khorassan, au Nord-Est, la police locale a rapporté que les filles étaient vendues à des Pakistanais comme "esclaves sexuels". Les Pakistanais épousent ces filles de 12/20 ans, puis les vendent "après usage" à des bordels appelés "kharabat". Un réseau a été découvert, contactant des familles pauvres autour de Mashad et leur offrant "le mariage". Les filles sont alors emmenées dans des bordels pakistanais à travers l’Afghanistan. Au Sistan Balouchestan, à la frontière du sud-est, des milliers de filles iraniennes ont été vendues à des Afghans. La destination finale n’est pas connue.

L'accroissement de la prostitution et du commerce de filles est lié à celui des fugues. La rébellion des filles contre la rigueur intégriste, l’absence de liberté, les abus domestiques et la dépendance familiale à la drogue contribue à cette calamité. Mais la fuite vers plus de liberté à l’extérieur mène à plus d’abus et à l’exploitation, 90% des filles qui fuguent se retrouvent prostituées. À Téhéran seulement, on compte 25 000 enfants des rues, la plupart des filles. Les proxénètes chassent les fugueuses et les écolières vulnérables dans les rues et les parcs. Dans un cas précis, on a découvert une femme vendant depuis quatre ans des filles pour les pays du Golfe, les enlevant dans la rue ; elle a même vendu sa propre fille à 11 000 $.

L’Iran est un pays totalitaire et la plupart des activités organisées sont connues des autorités. De nombreux mollahs et officiels du pouvoir sont impliqués dans les réseaux d’esclavage sexuel. On sait que pour obtenir le divorce une femme est obligée de couchée avec le juge. Les femmes arrêtées pour prostitution sont obligées de coucher avec l’officier qui les arrête. On nous a signalé le cas d’officiers de police traquant des jeunes femmes pour les amener aux riches et puissants mollahs.

On a construit des abris pour assister les fugueuses. Les fonctionnaires qui gèrent ces abris sont souvent corrompus et montent des réseaux de prostitution autour des filles qu’ils sont censés protéger. À Karaj par exemple, l’ancien chef du tribunal révolutionnaire et sept autres officiels ont été arrêtés, car ils étaient impliqués dans un réseau utilisant des jeunes filles de 12/18 ans venant d’un abri appelé "Centre d’Orientation Islamique".... À Qom, le centre spirituel de l’Iran, quand un réseau a été éventé, on a découvert qu’il était animé par des fonctionnaires, certains appartenant au Département de la Justice.

Les mollahs au pouvoir ont des opinions officielles différentes vis à vis de ce commerce. Les uns le nient en le cachant, les autres le reconnaissent et s’en accommodent. En 2002 une journaliste de la BBC a été chassée du pays car elle avait pris des photos de prostituées. On lui a dit "on vous chasse...pour les photos de prostituées que vous avez prises, car ce n’est pas le reflet de la vie dans notre République Islamique, car nous n’avons pas de prostituées". Plus tôt la même année, des officiels du Département Social au Ministère de l’Intérieur ont suggéré de légaliser la prostitution, afin de la contrôler et d’éviter la propagation du Sida. Ils ont proposé la création de bordels qui seraient appelés "maisons de la moralité", en utilisant la coutume traditionnelle du "mariage temporaire", le couple se mariant un laps de temps très court, pour faciliter la prostitution. Quand il s’agit d’utiliser ou de contrôler les femmes, les Islamistes ne manquent pas d’imagination.

On pourrait penser qu’un commerce de filles aussi florissant, dans une théocratie, avec des mollahs comme maquereaux, est en contradiction avec la loi religieuse du pays. En fait non ! D’abord l’exploitation des femmes est étroitement liée à leur répression et elles sévissent ensemble là où les droits de la femme et sa liberté sont dénigrés, individuellement ou collectivement. Ensuite les fondamentalistes islamiques d’Iran ne sont pas simplement des musulmans conservateurs : on est devant une idéologie politique raciste qui considère la femme comme inférieure sur le plan intellectuel et moral. Ces gens-là haïssent l’esprit et le corps de la femme. Vendre des filles et des femmes pour la prostitution n’est que le complément déshumanisant à l’obligation de se couvrir entièrement le corps. Dans une dictature basée sur la religion comme l’Iran, on ne peut faire appel à la loi pour obtenir justice. Il n’y a aucune garantie et aucun espoir d’obtenir un quelconque respect ou dignité. Seule la fin du régime des mollahs pourra libérer les filles et les femmes iraniennes de toutes les formes d’esclavage qu’elles subissent.