Accueil > News > L’Alliance Iran-Russie à l’assaut des marchés pétroliers



L’Alliance Iran-Russie à l’assaut des marchés pétroliers
13.08.2006

Il y a quelques jours nous vous signalions un accord gazier signé entre la Russie et l’Algérie : accord que nous jugions préoccupant car nous avions signalé le rapprochement de plusieurs pays dont l’alliance aura des conséquences pour l’Europe. De notre point de vue, l’Alliance comprenait initialement l’Iran et la Russie et son objectif était le contrôle du transport des hydrcarbures par le Golfe Persique et la Mer Caspienne.



Selon notre théorie, la Russie voudrait contrôler toutes les routes européennes d’approvisionnement du pétrole et du gaz. Depuis peu, le Venezuela a rejoint cette alliance et on s’achemine vers un Cartel qui semble formé uniquement de pays idéologiquement hostiles à l’Occident et partageant des objectifs économiques et énergétiques particuliers.

Nous l’avions surnommée l’OPEP bis ou méga-OPEP. Cette organisation a franchi une nouvelle étape décisive avec la signature d’importants accords pétroliers entre l’Iran, le Venezuela et l’Indonésie. Cet accord ressemble à celui qui a déjà été signé entre la Russie et l’Algérie.

La compagnie publique iranienne pétrolière et gazière Petropars a signé un accord de 4 milliards de $ pour exploiter deux champs pétrolifères du Venezuela [1]. Petropars est une filiale de la Compagnie Nationale iranienne de pétrole et a commencé ses activités en 1998. Elle est active dans l’exploitation de nombreux champs pétrolifères ou gaziers en Iran .

Petropars a déclaré qu’il s’agissait là de son premier grand investissement international et d’une 1ère coopération de ce genre (elle était déjà présente au Venezuela sur la région Orinoco Oil Belt en compagnie de Gazprom et Lukoil).

Petropars exploitera dans un premier temps un champ pétrolier d’une valeur de 2 milliards de $. Ce champ est situé dans le golfe du Venezuela et a été divisé en 7 parcelles de 540 km2 chacune. On estime que sa capacité s’élève à 18 milliards de barils. A titre d’exemple, la consommation mondiale s’élève à 80 millions de barils par jour. Parallèlement, la compagnie iranienne s’intéressera à deux champs gaziers, l’un situé dans le Golfe du Venezuela et l’autre au Nord du champ gazier Falcon.

Dans le domaine pétrochimique, le régime des mollahs projette de créer 2 joint-ventures pour accompagner les exploitations précitées. Par ailleurs, le régime des mollahs a proposé un partenariat pour la création d’une raffinerie en Indonésie et inversement, l’Iran associé à l’Indonésie bâtira une raffinerie au Venezuela.

Ce qui distingue la méga-OPEP du modèle initial (OPEP) est qu’il ne s’agit pas d’une organisation limitée à la promotion des prix équitables et la stabilité des marchés. Cette organisation est constituée de pays qui ont soutenu le droit à l’enrichissement nucléaire par l’Iran [2].

Ce détail est un point essentiel de cette Alliance car l’ensemble de ces pays a une attitude équivoque sur la possibilité d’acquisition de l’armement atomique par l’Iran, sans aucun égard pour le caractère islamiste terroriste du régime des mollahs. Ces pays remettent également en cause la discrimination volontaire établie par le TNP et sont par le plus grand des hasards des clients potentiels pour l’industrie nucléaire Russe. Tout porte à croire qu’ils transformeront ce Cartel pétrolier en un Cartel énergétique comprenant l’ensemble des énergies commercialisables (pétrole, gaz et atome) et qu’au nom du développement industriel, ils briseront la loi du TNP sous la houlette de la Russie, leur fournisseur et garant de leur bonne conduite pacifique.

Parallèlement, les têtes d’affiche de ce Cartel se considèrent comme « hostiles aux Etats-Unis » et prônent la solidarité entre tous ses ennemis dans un amalgame de tous les populismes (alter-mondialisme, tiers-mondisme et islamisme). Il y a une symbiose idéologique entre les membres fondateurs. Par ailleurs, les pays membres sont des clients de l’industrie militaire Russe.

Il s’agit d’un premier cas unique de Cartel militaro-énergético-idéologique de pays qui pourront bientôt vivre et évoluer en dehors des circuits économiques occidentaux et ce alors que l’Occident ne peut se passer de leur production de pétrole ! Ce Cartel veut remplacer l’OPEP et attirer ses membres en leur promettant :

une solidarité militaire,

une protection maximale au niveau de l’ONU,

des droits énergétiques supplémentaires et,

cet ensemble mirobolant est assorti d’exigences démocratiques minimes.

Une des possibilités de désamorcer la formation et la consolidation de ce Cartel est d’en éliminer un de ses membres fondateurs, c’est-à-dire le régime des mollahs car c’est lui la pièce maîtresse [3] de cette stratégie conçue par la Russie. Quant à la Chine, elle observe la plus grande prudence et cherche à éviter les problèmes sans s’engager pour ou contre ce Cartel. La Chine préfère stocker du pétrole pour une longue période d’instabilité. L’Europe est tétanisée par cette montée en puissance de la Russie et ne trouve mieux que de renforcer le régime des mollahs, croyant ainsi lui faire tourner la tête par la promesse d’une entrée à l’OMC, alors que le Cartel veut créer sa propre OMC.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

[Recherche Par Mots Clefs : Prolifération ]

[Recherche Par Mots Clefs : Pétrole & Gaz ]

[Recherche Par Mots Clefs : Gazoduc, Oléoduc & pipelines ]

Pour en savoir + :
- Analyse : L'Iran insistant sur son droit à l'enrichissement
- (27.02.2006)

Iran / Union Européenne :
-  L'Irans P5+1 à l’Iran ne comporte pas de clause de politique Internationale
- (23.07.2006)

WWW.IRAN-RESIST.ORG

[1Source de News : Isa.org | Iran, Venezuela in oil deal |

[3A très court terme, les mollahs sont dans une stratégie de nuisances régionales par l’intermédiaire du Hezbollah et les autres groupes terroristes qu’ils financent (le Hamas, le Jihad, le FPLP, les GIA, al Qaeda…) et à court (voire moyen) terme, ils revendiquent le droit inconditionnel à l’enrichissement nucléaire. Comme nous l’avons affirmé dans notre texte consacré à la doctrine nucléaire des mollahs, cette revendication s’inscrit dans l’optique de créer une jurisprudence internationale du droit à l’enrichissement. Qui à moyen-long terme aboutira à ce que nous avons appelé l’Abolition de l’Exclusivité de la Dissuasion Nucléaire.


L’Iran n’est pas isolé quant à cette revendication et il est suivi par ses alliés (Corée du Nord, Venezuela, Qatar, Russie
, etc…). Ces derniers (sauf la Russie qui les soutient dans un pur style soviétique) sont en mesure de reprendre le relais en demandant le même droit qui est aujourd’hui exigé par l’Iran. La victoire de l’un profitera à tous.


Cependant pour réaliser cet objectif à moyen terme (d’ici 10 ans), les alliés de l’Iran ont maintenant besoin de lui et de sa capacité de nuisance aussi bien au Moyen-Orient que sur les deux routes de transit du pétrole vers l’Europe : le Golfe Persique et la Région Caspienne.