![]() | |
Iran : La semaine en images n°173 12.06.2011 Dans la précédente édition de la semaine en images, nous avons vu comment vendredi dernier, les Iraniens, mais aussi les Pasdaran ou encore des alliés économiques du régime ont boycotté la journée d’hommage à Khomeiny. Cette semaine, ils ont recommencé le même manège le dimanche 5 juin en boycottant l’anniversaire de la première révolte de Khomeiny ou l’émergence politique de Khomeiny. Le régime était doublement abandonné et désavoué par le peuple et par les siens. Ses alliés économiques se sont agités : ventes d’actions et achats de dollars ! Secoué, craignant que cette agitation ne révèle son isolement en n’encourage le peuple à songer à un soulèvement, le régime a passé la semaine à prendre des mesures discrètes pour laisser supposer qu’il avait du répondant et même la capacité de punir ses adversaires. Ce fut la semaine des bluffs compliqués, de déprimes et de coups de folie ! le contexte général : il bluff comme il respire | Depuis des mois, les 500,000 Pasdaran et bassidjis, mais encore les 80,000 mollahs de base, défient le pouvoir en boycottant les manifestations officielles. Cela a commencé l’été dernier, avec le boycott de la Journée de Qods qui célèbre l’interventionnisme islamique du régime au Liban. Puis, ces mêmes « serviteurs dissidents » ont boycotté d’autres journées à la gloire de l’islamisme (il y a en chaque semaine) en particulier, la Journée du Bassidj, la Journée de l’Etudiant islamiste et enfin l’anniversaire de la révolution islamique. À chaque fois, le régime s’était senti menacé : il avait fait appel à son opposition officielle pro-islamique, le Mouvement Vert, pour intervenir et se poser en leader des manifestations à venir afin de diriger le peuple vers des réformes plutôt que vers une révolution. Le mode opératoire de cette entité pro-régime était d’appeler le peuple à manifester sous sa bannière verte islamique lors de la prochaine journée officielle et islamique. Le régime islamisait de facto et par avance tout manifestant. Il n’était pas possible d’aller dans les manifestations pour les détourner. Nos compatriotes ont boycotté ces appels pour refuser toute légitimité au Mouvement Vert. Mais en faisant ce choix, ils s’interdisaient de manifester. De là est née l’idée et la nécessité de manifester en dehors du Mouvement Vert et à des dates symboliquement hostiles à la révolution ou à l’islamisme. Nos compatriotes ont choisi le 15 mars, l’anniversaire de la naissance de Reza Shah, le champion de l’anti-cléricalisme, qui cette année a coïncidé avec la Fête du Feu, symbole de la résistance culturelle à l’islamisme. Le peuple a massivement investi les rues pour danser dans des réunions mixtes, défiant ainsi mentalement et physiquement le régime. Les Pasdaran ne sont pas intervenus ! Le régime était de facto condamné. L’opposition officielle (qui va fêter ce dimanche son anniversaire) était dépassée, une nouvelle révolution devenait possible. Le régime pouvait basculer, mais Washington n’a pas soutenu cette option (il a défendu le Mouvement Vert) car il ne veut pas la fin du régime islamique, mais faire pression sur les mollahs pour qu’ils cèdent le pouvoir à ses pions afin de disposer d’un allié islamiste révolutionnaire pour agiter l’Asie Centrale qui échappe à son contrôle. Néanmoins, les nantis du régime ont paniqué : ils se sont mis à vendre leurs actions pour acheter de l’or ou des dollars en prévision de la chute inévitable du régime (de facto condamné avec la rupture des Pasdaran). On avait alors assisté à une brève hausse des activités boursières qui fut suivie d’une chute des indices, chute qui continue encore. En revanche, l’or et le dollar avaient battu des records. Depuis cette période, les Pasdaran ont boycotté plusieurs manifestations officielles. Le régime s’est mis à diaboliser ces miliciens dissidents (en leur attribuant le grotesque projet d’un putsch pro-Ahmadinejad), mais les nantis du régime ont jugé la ruse bien faible pour empêcher l’union sacrée entre le peuple et les forces armées : ils ont redoublé d’efforts pour acheter de l’or ou des dollars en prévision à la chute du régime. Ainsi au lendemain de chaque boycott des Pasdaran, on a assisté au retour de la ruée vers l’or et le dollar. La hausse et les pics de ces deux valeurs sûres sont devenus les indicateurs de la diminution de la cote du régime. Au point que le régime a imité la diffusion des nouvelles financières. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Ces deux informations ont perturbé le régime. On a eu droit à un vide médiatique pendant la journée, vide comblé par des événements et des reportages bouche-trous qui sont quand même intéressants car ils montrent la vie en Iran où ce qu’il ressort est la pauvreté et la tristesse comme ici à Pol-dokhtar … ce que l’on ne voit guère dans les films iraniens primés à Cannes ou dans les documentaires de la chaîne ARTE sous la direction éthique de BHL, ami du Mouvement Vert pour le compte de l’Amérique.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG
La mesure avait l’avantage d’évoquer des menaces lourdes pour ces véritables nouveaux adversaires du régime dans le cadre d’une législation générale donc sans évoquer l’existence d’un nouveau conflit interne nuisible pour le régime. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Mais en août 2010, le régime avait été amené à renoncer à cette tactique dès le début de son conflit interne avec les Pasdaran afin de les convaincre qu’il avait des moyens pacifiques et moins onéreux en termes économiques pour s’en sortir. Avec la rupture définitive des Pasdaran, il était inopportun de continuer à éviter cette solution offensive, il y est revenu récemment tout en évitant des annonces nucléaires explicitement militaires afin de ne pas donner à Washington l’opportunité d’augmenter sa pression. Dernièrement, il avait trouvé une idée plus intéressante : profiter du scénario de coup d’Etat interne des Pasdaran pour catapulter Ahmadinejad à la tête du ministère du pétrole afin de l’envoyer ce mercredi 8 juin à Vienne pour agiter la réunion annuelle de l’OPEP ce mercredi 8 juin et parvenir à la case « conflit » sans passer par la case des provocations et des sanctions. Mais entre temps, avec son isolement grandissant, il devait affirmer sa capacité à réprimer : il a abandonné le scénario de conflit interne avec les Pasdaran. D’un point de vue politique, il s’était à nouveau reposé sur l’inefficace Mouvement Vert pour accompagner un possible soulèvement pour éviter une révolution. Par ailleurs, la fin du scénario bancal du coup d’Etat d’Ahmadinejad contre le guide n’autorisait plus Ahmadinejad à garder le contrôle du pétrole. Ce lundi a eu lieu la nomination de son successeur Ali-Abadi (à gauche) qui devait partir à Vienne avec l’impossible mission de provoquer une crise alors qu’il n’a pas la notoriété pour y parvenir.
Le régime était défié par le maillon faible de la chaîne de ses crises financières ! Il n’y a évidemment eu aucune photo officielle de cet événement faisant état de la disparition de la peur du gendarme en Iran ! Il y avait là un signal fort pour encourager des révoltes que le pauvre Mouvement Vert, qui est incapable de mobiliser 20 personnes, ne pourrait pas contrôler. Le régime était mis face à la nécessité de sévir : il fallait frapper les agents de change. Il n’a rien fait de ce genre. Il a augmenté ses taux officiels du dollar car il n’avait pas les moyens de punir. Ce mercredi, le régime a montré qu’il était faible. Il était nu et exposé. Il allait perdre encore des atouts avec l’incapacité de son seul joker, le Mouvement Vert, à mobiliser des partisans à l’occasion de son anniversaire ce dimanche 12 juin. Le régime a alors de nouveau parlé de la pollution en évoquant l’apparition de cas de cécité immédiate pour encourager les gens à fuir la capitale dans l’espoir de diminuer le nombre des adversaires. C’était ridicule. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Gholam-Reza Madhi était boycotté par tous et seulement fréquenté par des faux opposants liés au Mouvement Vert comme Jahanchahi, Khonsari (photos 1, 2 & 3) et Nourizadeh (photo 4).
Ce même jour, le patron du régime, Larijani a bifurqué du côté de l’Indonésie pour y trouver les aides qu’il n’avait pas su trouver à Singapour ! Mais il n’y a pas été reçu par des ministres. Il s’est rabattu sur son homologue, le président de l’assemblée qui ne l’a même pas reçu dans l’hémicycle local mais dans une dépendance !
© WWW.IRAN-RESIST.ORG
On dit que la folie est le fait de recommencer sans cesse les mêmes gestes pour parvenir à dses effets différents. Le régime est devenu fou. Mais il a aussi des éclairs de lucidité pour pondre des tactiques inédites. Ainsi, ce vendredi, il a parlé de la circulation de fausses pièces d’or pour démotiver les investisseurs, mais samedi à la veille de la mort annoncée de son joker, il a rechuté dans sa folie d’auto-persuasion en diffusant des images rassurantes de dollars à gogo chez les agents de change et le retour de l’affichage serein des prix chez ces commerçants. Le bluffeur est à bout d’idées.
|