Iran : La semaine en images n°143 14.11.2010 La semaine a commencé par des tentatives de médiation de la part de deux grands alliés régionaux des Etats-Unis. Mais Téhéran a encore refusé l’apaisement proposé par Washington car il sait que cela est une étape vers la réconciliation diplomatique avec les Américains et en conséquence un moyen pour ces derniers de revenir en Iran avec leurs pions pour prendre le pouvoir de l’intérieur avec une révolution de couleur. La fermeture affichée par Téhéran a été suivie par plusieurs claques : comme le refus de l’Unesco de cautionner la conférence internationale sur la philosophie, un événement qui avait été accordé aux mollahs pour les entraîner dans le dialogue. On peut dire que Washington, qui craint de renverser les mollahs s’il les sanctionnait davantage, a cherché à les humilier pour les contraindre à s’asseoir à la table des négociations avant de perdre davantage la face et son aura de leader régional. Téhéran a refusé, on lui a refusé un siège au conseil onusien des femmes, mais on l’a accordé à son rival régional, l’Arabie Saoudite. Il y a eu aussi des frappes terroristes contre le régime qui se veut le maître du chaos. Le dernier coup est la réapparition du cargo d’armes capturé il y a 15 jours par le Nigeria. Bref, du lundi au vendredi, on a sans cesse dévalorisé les mollahs dans tous les domaines… En réponse, tout au long de cette semaine d’épreuves, les mollahs ont pris sur eux pour ne pas paraître affectés. Images d’une semaine défensive. Il y a une semaine, le régime avait d’autres soucis en tête. Sur le plan international, il cherchait à provoquer un clash afin que le risque d’une guerre pousse les Américains à reculer. Sur le plan intérieur, il devait organiser une manifestation avec la participation de ses miliciens, les Bassidjis, alors que ces derniers ont coupé les ponts depuis plus d’un an parce que pour résister aux sanctions, le régime a réduit les salaires des fonctionnaires et augmenté les prix pour brider la consommation. Le régime a réussi la gageure d’organiser sa manifestation en réunissant ses derniers fidèles sur un seul lieu de taille réduite pour laisser supposer le retour des Bassidjis. Il a aussi diffusé des rumeurs d’opérations policières d’envergure pour afficher un regain d’autorité, mais comme il ne maîtrise pas les médias au delà de ses frontières, il n’a pas eu le dessus sur les Américains et n’a pas pu provoquer de clash. Ces derniers ont esquivé toutes les provocations des mollahs afin de ne pas assimiler les musulmans à l’ennemi, mais aussi pour éviter de les sanctionner davantage pour éviter la chute d’un régime impopulaire, mais utile aux intérêts des Etats-Unis. Le fait que le régime n’ait plus le soutien de ses miliciens est un facteur supplémentaire pour éviter le renforcement des sanctions et même trouver des moyens pour les alléger (comme le refus de la Turquie de les appliquer). Dans ces conditions, dimanche dernier (7 novembre), Washington n’a pas hésité à envoyer le ministre des affaires étrangères de Singapour en Iran à la rencontre de son homologue Mottaki. Le visiteur a aussi rencontré Larijani, n°2 non officiel du régime.
A 13h, une autre bombe a touché un autre bus iranien. Téhéran n’a rien dit ! Au lieu de pleurer et gémir, il a mis en scène son épanouissement lors de la rencontre des ministres des affaires étrangères des pays d’Asie alliés des Etats-Unis, une rencontre qui avait été programmée pour l’encourager à aller dans la voie d’apaisement souhaité par les Etats-Unis.
Ce même mardi, au moment où le régime allait finir en beauté son pied de nez aux Etats-Unis lors d’une rencontre autorisée par ces derniers, l’Unesco qui est principalement financée par les Etats-Unis a annoncé qu’elle se retirait des manifestations marquant la Journée mondiale de la philosophie à Téhéran, prévues du 21 au 23 novembre, car « les conditions pour un bon déroulement n’étaient pas réunies ! » Le ministre a fait la gueule, mais le régime n’a pas protesté car cela l’aurait abaissé au niveau d’un roquet. Il a seulement signalé qu’un mois plus tôt l’Unesco avait expédié une grande délégation en Iran pour finaliser la rencontre !
Ce mercredi, le régime est sorti de ses gonds : on le privait de ses soutiens extérieurs : il a mis en scène le soutien du peuple et de ses milices et aussi de systèmes anti-missiles S-300 de fabrication locale actuellement en cours de mise au point. On n’a évidemment pas vu les fameux missiles. Par ailleurs, Mais étant donné que le régime manque d’effectif pour ses défilés, il a un peu rusé : pour les miliciens, avec des cadrages serrés et un certain goût pour la fantaisie… pour le peuple (à Qazwin), en variant les hauteurs de barrières et en créant une diversion oculaire avec un premier plan blindé de drapeaux pour faire oublier la désertification de la foule un peu plus loin.
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