Accueil > News > Iran-Ashton : Publicité pragmatique pour un dialogue hypothétique



Iran-Ashton : Publicité pragmatique pour un dialogue hypothétique
30.10.2010

Hier, Catherine Ashton, intermédiaire des Six avec les mollahs, a annoncé que Saïd Jalili, le négociateur iranien sur le programme nucléaire, lui avait donné son accord par écrit pour la reprise des négociations après le 10 novembre. Ashton a parlé d’un très important pas en avant alors qu’il n’y a pas de quoi pavoiser car les mollahs ont accepté des négociations sur la base des conditions formulées le 6 juillet dernier comme la reconnaissance du droit de l’Iran à l’enrichissement. Ashton fait beaucoup de bruit sur rien, mais pas sans raison.

Décodages


Il y a deux semaines, nous avons connu une situation similaire. Catherine Ashton avait annoncé que Saïd Jalili, le négociateur iranien sur le programme nucléaire, lui avait écrit pour annoncer sa disposition à reprendre les négociations. Téhéran avait alors démenti en précisant qu’il avait seulement rappelé sa position permanente à savoir qu’il était « prêt au dialogue si les Six arrêtaient leurs sanctions et leurs menaces pour le considérer comme un partenaire à part entière ». Le régime des mollahs avait ajouté que pour savoir si les Six se présentaient devant lui « en amis ou en ennemis », en juillet dernier, il leur avait demandé de satisfaire trois conditions « pour le respect du TNP » : s’engager à lui reconnaître son droit à l’enrichissement à des fins pacifiques, s’engager à démanteler leur arsenal nucléaire et aussi s’engager à forcer Israël à démanteler son arsenal nucléaire. Enfin (il y a deux semaines), le régime avait précisé qu’en l’absence de réponses positives d’Ashton à ses trois conditions, il ne pouvait pas donner de suite à proposition de reprise des discussions.

Hier, après l’annonce d’Ashton, Téhéran a précisé qu’il avait « récemment renouvelé sa proposition à cette dernière et qu’il n’avait reçu aucune réponse sur ses trois conditions, mais qu’il considérait l’annonce de la reprise des négociations comme une acceptation implicite de ses trois conditions de la part des Six ».

Cette affirmation n’a provoqué aucune contestation. Washington qui a besoin d’un dialogue avec les mollahs pour normaliser ses relations avec l’Etat islamique afin de revenir en Iran avec ses pions islamistes pour prendre le pouvoir de l’intérieur, n’a pas contredit Téhéran pour l’attirer à la table des négociations.

L’enjeu est énorme. L’américanisation du régime islamique d’Iran permettrait à Washington de contrôler les mouvements islamiques révolutionnaires pour chasser la Chine et les grandes compagnies pétrolières non américaines (surtout les Britanniques) de l’Asie Centrale. Il pourrait aussi s’approprier la riche région musulmane de Xinjiang ou encore démanteler l’Arabie Saoudite (qui refuse de lui donner l’exclusivité pétrolière depuis 1996) afin de la remplacer par un grand Etat Chiite qui engloberait également le Sud pétrolier irakien (occupé par les Britanniques) pour devenir la plus grande puissance énergétique et économique au monde.

Il n’y eut également aucune contestation de la part des cinq autres membres des Six. La France, la Grande-Bretagne, la Chine, la Russie et l’Allemagne qui sont des partenaires commerciaux de Téhéran ne l’ont pas contredit pour l’attirer à la table des négociations afin d’éviter de nouvelles sanctions qui nuisent à leurs intérêts.

Mais étant donné que les Etats-Unis et les quatre autres membres permanents du Conseil de Sécurité qui composent le groupe des Six avec l’Allemagne ne comptent pas démanteler leurs arsenaux nucléaires, leur silence va offrir à Téhéran une excuse pour crier à la tricherie avant de refuser le dialogue à risques proposé par Washington comme il l’a toujours souhaité et mieux qu’il ne l’avait jamais espéré !

En fait, c’est un pas en avant pour Téhéran et accessoirement pour tous les Etats qui souffriraient de l’américanisation du régime, en particulier la Grande-Bretagne, d’où l’enthousiasme de Lady Ashton et son énergie à promouvoir le dialogue, ce qu’elle n’avait jamais fait auparavant. En revanche, Washington a été piégé. De fait, alors qu’il doit promouvoir le dialogue et la réconciliation avec Téhéran, il devrait, dans les prochains jours, trouver un moyen pour intimider les mollahs ou alors pour saboter cette rencontre pour ne pas s’engager sur un terrain glissant.


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |
| Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne |