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Iran : L’avertissement raté de Washington
27.10.2010

Le samedi 23 octobre, le New York Times a rapporté que les mollahs remettaient régulièrement des sacs d’argent à Omar Daoudzaï, le chef de cabinet de Karzaï, pour acheter sa loyauté et promouvoir les intérêts iraniens en Afghanistan. Le lendemain, le président afghan a réuni la presse pour préciser que les Américains étaient au courant et qu’il n’y avait là rien de secret, ce que le New York Times qui est une sorte de Pravda à l’américaine n’aurait pas pu ignorer. En revanche, l’Américain moyen, qui ignorait cela, sait désormais que les mollahs qui aident les Talibans ont aussi des amis hauts placés qui peuvent leur donner des informations susceptibles d’être utiles aux combattants islamistes afghans. C’est une info propre à exclure le dialogue avec Téhéran et lui faire valoir de nouvelles punitions. À qui profite le crime ? A quiconque aimerait faire pression sur les mollahs. La participation du New York Times désigne évidemment Washington comme le coupable de cette fuite. La raison se trouve dans l’échec du dernier effort de Washington pour forcer les mollahs à se réconcilier avec lui et devenir ses alliés régionaux.

| Décodages d’un avertissement |

+ un article sur les liens historiques entre les Mollahs et les Frères Musulmans
ainsi que leurs liens avec diverses organisations terroristes islamiques sunnites



Il y a une semaine (le samedi 16 octobre), après un nouveau refus des mollahs de reprendre le dialogue, le groupe pétrolier Total partiellement contrôlé par les Américains a annoncé la suspension de ses relations commerciales avec l’Iran. La presse n’a guère expliqué les modalités de cette suspension et les mollahs qui commentent la moindre menace de rupture de contrat n’ont même pas évoqué le sujet dans leur presse. Cette double discrétion était due au fait que depuis des années, l’Iran n’extrait pas son pétrole directement, il vend des droits d’exploitation à des compagnies étrangères (comme Total) qui au retour doivent lui restituer 1/3 de leurs productions pour les besoins domestiques iraniens. Total étant la dernière très grande compagnie pétrolière active en Iran, la suspension a privé en fait l’Iran de la majorité de pétrole qui lui permet actuellement de produire 25% de ses besoins en carburant : de l’essence, mais surtout du kérosène dont il a besoin pour faire fonctionner ses centrales thermiques de production d’électricité.

Avec cette suspension, Washington a en fait infligé une sanction discrète et puissante aux mollahs. Il les a mis devant une échéance à court terme de la panne sèche et du black-out quand ils auront épuisé leurs réserves de carburant (3 à 6 mois) et leur réserve flottante de 16 millions de barils de brut qui peut leur accorder un sursis supplémentaire de 3 à 5 mois (selon le succès du plan de diminution forcée de la consommation d’électricité). Washington, qui a besoin de nouer le dialogue avec ce régime pour embrigader les islamistes de la région contre la Chine, la Russie et les autres puissances pétrolières internationales, semblait avoir trouvé le moyen d’assouplir les positions des mollahs.

Mais pour les mollahs, le dialogue et l’apaisement proposés par Washington sont des étapes vers la réconciliation et en conséquence un moyen pour les Américains de revenir en Iran avec leurs pions pour prendre le pouvoir de l’intérieur avec une révolution de couleur afin de disposer d’une république islamique à leur goût. C’est pourquoi malgré les risques d’émeutes fatales après la panne sèche, les mollahs n’ont pas assoupli leur position. Par le passé, dans ce genre de cas, ils multipliaient les provocations pour forcer Washington à renoncer au dialogue. Ces provocations sont devenues difficiles à réaliser car le régime a perdu le soutien de ses miliciens de base et cette fermeture a provoqué la rupture définitive entre le Bazar et le pouvoir. En l’absence d’une possibilité de provocation, Téhéran a uniquement ignoré son adversaire car il estime que ce dernier a trop besoin d’un allié islamique pour aller jusqu’au bout de ses sanctions, en l’occurrence cette dernière sanction, d’autant plus qu’elle est secrète donc facile à supprimer. Ce point de vue est basé sur le fait que Washington a en effet toujours laissé ses plus proches partenaires contourner ses propres sanctions pour éviter la chute du régime à chaque fois que ce dernier a touché le fond.

Cette réponse molle de Téhéran a mis Washington en demeure de montrer qu’il pouvait aller plus loin, mais l’Etat américain devait toutefois éviter un avertissement qui soit synonyme de plus de sanctions contre un régime très mal-en-point. À un moment précis où Washington avait besoin de secouer les mollahs, le New York Times a révélé un lourd secret de l’administration américaine sur les agissements des mollahs en Afghanistan pour donner l’illusion que Washington avait changé sa politique globale vis-à-vis de Téhéran. La frappe était bonne puisque Téhéran a nié les faits avant d’admettre quand le très servile Karzaï a fermé le piège en avouant les faits.

Si Téhéran a cru au bluff afghan c’est parce que cet échantillon des signes avant-coureurs d’un revirement américain n’était pas arrivé seul : la veille, le site Wiki-leaks avait fait des révélations croustillantes sur les agissements des mollahs en Irak sur la base de rapports militaires confidentiels dont il ne peut justifier la provenance et comme par hasard, Washington ne mène aucune enquête pour trouver les officiers coupables de ces fuites utiles.

L’avertissement a fonctionné ponctuellement puisque Téhéran avait après ce doublet affirmé qu’il s’apprêtait à rependre le dialogue, mais in fine l’absence d’une prise de position officielle de l’administration américaine qui s’est contentée de tancer son bon serviteur Karzaï a encouragé Téhéran à changer de position et à revenir à un refus nonchalant.
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Article complémentaire sur la médiatisation de cet avertissement


les mollahs et le terrorisme islamique sunnite

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Ce coup médiatique très ingénieux de Washington a également échoué car le récit des sacs de billets a semé la pagaille dans le pays comme la France qui ont des soldats engagés en Afghanistan. Le bluff rendait les mollahs coupables des morts sur le front afghan, on a tenté une analyse évitant de faire le point sur l’ensemble des agissements des mollahs en Afghanistan. Pour cela on ne pouvait trouver un meilleur analyste que Delphine Minoui, l’attachée de presse du régime des mollahs et Michel Makinsky, un « expert des affaires iraniennes » qui exprime les points de vue du régime. Selon eux, les mollahs chiites ont aidé Karzaï pour combattre les talibans qui sont des sunnites !

C’est là une chose que l’on entend souvent dans les médias français, mais c’est une ineptie pure car le courant islamiste né au sein du clergé iranien et sous l’impulsion de Navvab Safavi, le groupe Fadayian-é Eslam (les dévots d’islam), ne se définissait pas comme chiite, mais comme partisan d’une réunification du chiisme et du sunnisme ou l’Unité Islamique (وحدت اسلامی) qui était professée à la même époque par les Frères Musulmans. Navvab s’est d’ailleurs rendu en Egypte sur une invitation de Seyed Ghotb, le bras droit d’Al Banna, afin de mettre au point une stratégie commune pour l’unité Islamique (وحدت اسلامی) que Navvab appelait aussi l’Eveil Islamique, nécessaire pour combattre les ennemis de l’islam, c’est-à-dire les serviteurs de l’Occident.

Après l’exécution de Navvab pour de nombreux assassinats qu’il avait commandés pour purifier le pays de ses éléments impies, le flambeau a été repris par Khomeiny qui a gardé les liens avec les Frères Musulmans qui ont servi d’intermédiaires pour le financement de ses activités. Cette relation pour l’unité de l’Islam entre les mollahs et les Frères musulmans s’exprime aujourd’hui par le financement du Hamas qui est la branche palestinienne des Frères Musulmans par le régime des mollahs et le soutien de Tariq Ramadan aux mollahs au point que certains ont cru que ce dernier était de confession chiite, alors que selon l’idéologie d’unité Islamique (وحدت اسلامی) on ne raisonne pas en ces termes.

Dans le contexte très précis de cette idéologie d’unité Islamique, en critiquant les Wahhabites, les mollahs n’attaquaient pas des « sunnites », mais des mauvais musulmans alliés à des ennemis. Il en est allé de même pour « les Talibans » qui ont tout d’abord été une création américaine, en revanche Téhéran a toujours aidé ses propres islamistes afghans comme le Commandant Massoud et bien plus encore Al Qaeda qui était et reste une émanation des Frères Musulmans. Téhéran a financé plusieurs opérations terroristes d’Al Qaeda. Aujourd’hui, Téhéran aide « les Talibans » car ces derniers ont quitté le giron américain.

On est dans un contexte très loin de la théorie rudimentaire de la guerre entre sunnites et chiites qui est digne d’un Que sais-je destiné aux 10-12 ans. On y reste malheureusement fidèle en France qui est un grand partenaire pétrolier des mollahs pour ne pas entrer dans des considérations susceptibles de remettre en cause une relation commerciale très avantageuse au vu des prix très bas de vente de concession d’exploitation.

Parallèlement, dans le contexte de la stratégie commune pour l’unité Islamique, les sacs de billets des mollahs ne sont pas un acte de résistance aux Talibans sunnites (qui sont d’ailleurs aidés par les mollahs), mais de la corruption pure pour avoir accès à des informations utiles à ces nouveaux protégés des mollahs pour organiser des embuscades. La France fuit ce fait car elle ne veut pas lier les mollahs à la disparition de ses soldats en Afghanistan vu que le dernier fait de ce genre impliquait un ami des mollahs. Cela est bien navrant pour les soldats français et pour des millions d’Iraniens qui sont de facto les victimes des mollahs ainsi protégés. Nous ne manquons pas à notre devoir de demander à la France de rompre avec cette conduite qui la déshonore et ne lui apporte plus rien car ce régime est fini et elle chutera avec lui.


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en savoir plus sur le même sujet :
- L’Iran serait bien un sanctuaire pour Al Qaeda
- (25 JUILLET 2007)

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