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Iran : Les mollahs se moquent de Nabucco
24.08.2010

Washington, qui a besoin des mollahs pour agiter l’Asie Centrale, a toujours soutenu l’intégration de l’Iran au projet européen Nabucco qui doit acheminer du gaz naturel vers l’Europe en contournant la Russie. Mais les mollahs ne peuvent pas accepter une entente avec les Etats-Unis car cela les obligerait à autoriser le retour en Iran d’islamistes iraniens liés aux Etats-Unis qui pourraient prendre le pouvoir de l’intérieur lors des élections organisées par le régime lui-même. Face à leur refus sans appel, hier, le consortium Européen construisant le gazoduc a fait savoir publiquement qu’il suspendait la participation hypothétique de l’Iran au projet.



Le gazoduc Nabucco est d’un des grands projets gaziers du moment. Il projette d’acheminer annuellement près de 31 milliards de m3 de gaz naturel de la mer Caspienne vers l’Autriche à travers l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie et la Hongrie. La construction du gazoduc est pilotée par un consortium réunissant l’allemand RWE, l’autrichien OMV, le roumain Transgaz, le bulgare Bulgargaz et le hongrois MOL. Le coût de la construction est de 9 milliards d’euros et les revenus du gazoduc pour le ou les pays exportateurs seront de l’ordre de 14 milliards de dollars par an. Plusieurs pays peuvent se partager ce butin : l’Iran, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan. En s’appuyant sur ces données, les médias occidentaux ont présenté l’éviction de l’Iran comme une punition pour les mollahs.

Mais ce commentaire est une absurdité car Téhéran, qui ne peut pas accepter une proposition soutenue par Washington, n’avait jamais accepté de participer au projet Nabucco. Il le contrait même en s’opposant à l’adoption d’un statut juridique pour la Mer Caspienne afin de bloquer toute exploitation de ses ressources. Les mollahs menaçaient également de contrer la réalisation du gazoduc en participant au projet concurrent lancé par les Russes : le South Stream et enfin cette punition n’aggrave pas l’économie iranienne malmenée par les sanctions américaines car on parle d’élimination d’une participation à un projet hypothétique et non d’annulation d’un contrat.

Ce n’est pas la première fois que l’Europe agit ainsi. Il y a un mois, elle a adopté (sous les applaudissements américains) des sanctions pétrolières qui étaient en fait des sanctions américaines qu’elle applique déjà depuis 1996 ! L’Europe reste donc dans une approche dictée par Washington où l’on évite des sanctions plus fortes afin de ne pas renverser les mollahs (utiles aux Etats-Unis).

Mais cette récente approche basée sur des annonces fortes, mais de vraies nouvelles sanctions, n’est cependant pas dénuée de dangers pour les mollahs : elle les a mis mal à l’aise dès son application car elle a inversé le principe du chantage pétrolier cher aux mollahs. Ils menaçaient de couper l’approvisionnement pétrolier de l’Occident, l’Europe a rappelé qu’elle le privait de tout investissement et que ses menaces étaient du vent.

Sans ajouter une nouvelle pression économique susceptible de les fragiliser, Washington a humilié les mollahs en les privant de leurs derniers grands partenaires. Cette approche a eu trois effets sur les mollahs : le lâchage de leurs grands partenaires a fait fuir les autres investisseurs. L’opération a également discrédité leur régime auprès de la rue arabe et elle enfin a ébranlé la confiance de leurs alliés internes, les Bazaris et les miliciens, dans la survie du régime. Il y a eu des tensions. Washington espérait que Téhéran cède par la crainte d’un éclatement du régime. Mais, les mollahs n’ont pas cédé : ils ont d’abord intensifié leur refus pour plaire à leurs fans arabes avant de modérer le ton pour calmer le jeu afin de rassurer leurs alliés internes.

Ce refus de compromis a conduit le camp américain à devoir frapper via sa nouvelle approche. Pour être efficace, les Américains auraient dû choisir le projet du gazoduc Iran-Pakistan-Inde dont ils se servent obstinément pour assouplir les mollahs. Mais ils n’ont pas choisi cette carte, les Américains ont choisi Nabucco qui n’a jamais intéressé les mollahs. Pire encore, la décision européenne a été annoncée par un communiqué diffusé hier soir. Mais plusieurs heures avant cette annonce, Téhéran a fait inaugurer en grande pompe et en présence de ses médias le chantier de la construction du gazoduc Iran-Pakistan-Inde pour neutraliser son éviction symboliquement humiliante du projet Nabucco par un autre projet du même genre. Ceci laisse supposer que les Américains et leurs alliés, les Européens, l’avaient informé de leur décision molle dans l’espoir d’un assouplissement. Téhéran n’a pas saisi l’occasion car il ne le peut pas. Sa réponse est bien sûr absurde car c’est Washington qui décide du sort du projet Iran-Pakistan-Inde. Mais c’est un pied de nez pour se moquer des lignes rouges de son adversaire.

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| Mots Clefs | Enjeux : Gazoduc, Oléoduc & pipelines |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Caucase |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (des mollahs) |

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