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Iran : vers une acceptation d’un Iran nucléaire militaire ?
05.05.2010

À chaque fois que s’approche l’échéance d’adoption de nouvelles sanctions contre les mollahs, on entend ou on lit des analyses qui plaident en faveur de l’acceptation d’un Iran nucléaire militaire. Hier, on en a de nouveau entendu parler aux Etats-Unis, mais aussi en France sur France 24, la chaîne du Quai d’Orsay dans un dialogue entre Bernard Hourcade, un lobbyiste des mollahs en France et le journaliste Sylvain Attal. On commence à préparer l’opinion à l’acceptation d’un Iran nucléaire militaire.



L’acceptation d’un Iran nucléaire militaire ! Mais pourquoi on n’y avait pas pensé plus tôt ? Tout simplement parce qu’il y a 7 ans, avant que les Américains ne parlent des dizaines de sites en activités en Iran, tout le monde ignorait que les mollahs voulaient la bombe nucléaire. Et par la suite, Washington a sans cesse parlé, via ses myriades d’experts en tout, des progrès nucléaires iraniens pour créer une psychose de l’imminence de la bombe nucléaire iranienne afin qu’on l’autorise à renforcer ses sanctions contre l’Iran.

Les mollahs qui sont sanctionnés depuis des années dans le domaine pétrolier et s’estimaient incapables de résister à un renforcement des sanctions ont joué la carte de la fermeture comme Saddam en se montrant très forts comme ils continuent de le faire en tablant sur la crainte d’une guerre nuisible à l’approvisionnement pétrolier. Ils se sont ainsi engagés à diffuser des rumeurs de progrès nucléaire pour provoquer un état de guerre. On est aujourd’hui très loin de ce qu’ils promettaient comme capacité d’enrichissement. Mais à l’époque, on avait Colin Powell qui agitait sa fiole pour recommander une intervention rapide en Irak. Les Européens, les Chinois et les Russes, qui ont tous d’importants intérêts en Iran, ont craint la répétition de scénario irakien et ont autorisé les sanctions pour éviter la guerre.

Washington a obtenu cette autorisation en décembre 2006 et dès le 1er janvier 2007, il a commencé à adopter ses sanctions contre les mollahs et un programme nucléaire imaginaire fait de fausse rumeurs iraniennes ou américaines. L’acceptation d’un Iran nucléaire militaire n’était pas alors à l’ordre du jour. Quand il a complété sa gamme de pressions sur les mollahs, en novembre 2007 – un an exactement avant l’élection présidentielle américaine - Washington a annoncé qu’il s’était légèrement trompé sur ses prévisions : les mollahs étaient très en retard en matière nucléaire, la bombe n’était pas imminente ! George Bush s’autorisait donc à avoir des discussions avec eux, s’ils acceptaient une suspension de leurs activités nucléaires (imaginaires), pour proposer la fin de ses sanctions contre un projet d’entente bilatérale !

En fait, une entente avec les mollahs est sans doute l’alliance la plus importante pour l’avenir de l’hégémonie américaine. L’Iran contient 15% des réserves gazières du monde et il est un couloir d’accès terrestre et maritime vers l’Asie Centrale qui contient aussi environ 15% des réserves gazières du monde. Grâce à une alliance avec l’Iran, les Etats-Unis qui contrôlent déjà plus 21% du marché gazier parviendraient à contrôler plus de 50% du marché. Ils pourraient alors contrôler l’avenir de tous leurs adversaires économiques. Par ailleurs, grâce aux mollahs et surtout les Pasdaran, Washington pourrait embrigader l’Asie Centrale, région musulmane et persanophone, pour créer une base arrière de soutien aux Ouïghours, les musulmans chinois, pour séparer la très riche région de Xinjiang de la Chine et ainsi détruire définitivement l’économie émergente chinoise.

Mais l’annonce américaine de novembre 2007 en faveur d’un dialogue n’a pas enthousiasmé les mollahs. Ils y ont vu dans un moyen détourné pour les engager de force dans un processus d’apaisement qui les obligeait à renoncer au Hezbollah, puis à autoriser le retour en Iran des islamistes proches de Washington, synonyme d’un partage de leur pouvoir absolu avec les Américains. Outre la perte de privilèges financiers, les mollahs y ont vu une menace pour leur vie. Ils ont donc refusé tout dialogue avec Bush au prétexte que ce dernier leur demandait un gel de leurs activités nucléaires.

Face à ce refus, Washington devait passer à l’offensive avec des pressions et des intimidations en tous genres, y compris des promesses de changements de régime, pour faire capituler les mollahs. Les candidats à la succession de Bush parlaient aussi de leur volonté de mener la même politique. Cette unanimité n’a pas fait flancher les mollahs qui avaient tout à perdre dans le processus forcé de réconciliation. Ce refus pragmatique les a en quelque sorte sauvés car durant l’été 2008, Washington a constaté une chute des indices économiques iraniens : le régime islamique dont il avait besoin était en danger. On a alors constaté une pause dans les sanctions américaines. Au même moment, Obama a évoqué la possibilité d’un dialogue sans aucune condition préalable.

De novembre 2007 à novembre 2008, Bush, toujours en place, a essayé diverses menaces de sanctions combinées à des promesses d’investissements, mais les mollahs n’ont pas accepté. En novembre 2008, Obama a été élu. Il a prêté serment en janvier 2009, en s’octroyant une pause dans les sanctions jusqu’en 2010 pour réussir. Il a sensiblement fait les mêmes choses que Bush : des menaces de sanctions combinées à des promesses d’investissements. Il n’a pas plus réussi que l’autre et dans le même temps, l’économie iranienne est entrée dans une phase d’agonie, ce qui exclu toute nouvelle sanction. C’est depuis 2010, avec l’apparition de cette obsédante impossibilité de nouvelles sanctions que l’on a vu fleurir aux Etats-Unis des expertises recommandant au président Américain l’acceptation d’un Iran nucléaire militaire.

Pragmatiquement, c’est une solution à la Nord-coréenne pour continuer la lente guerre d’usure économique mise en place par Bush sans aller vers des sanctions fatales pour les mollahs. Il y a en plus la garantie que ce programme nucléaire est presque entièrement fantasmé. La France qui s’est approchée des Etats-Unis participe à cette recommandation en la diffusant sur France24, la chaîne préférée des mollahs (en lien permanent sur le site de l’IRNA).

Pourtant cette acceptation d’un Iran nucléaire militaire serait une catastrophe car il s’agirait d’une victoire diplomatique incontestable pour un régime anti-occidental qui depuis 30 ans se dit le porte-parole du Moyen-Orient et le véritable interlocuteur des Américains dans cette région, mais aussi en Irak ou en Afghanistan.

Grâce à cette victoire sur l’Occident, la Chine et la Russie réunis, après une bataille de 7 ans, ce régime (détesté par les Iraniens) deviendra le héros intouchable des peuples frustrés du Moyen-Orient qui cherchent un sauveur intrépide.

Grâce à cette victoire qu’on lui offre, on ne pourra plus lui refuser l’accès aux conférences sur le Moyen-Orient. Ce serait la fin de toute paix dans cette région.

D’un point de vue pragmatique, Téhéran allumera sans cesse des feux via des organisations terroristes jetables pour augmenter ses interventions pacificatrices directes ou via le Hezbollah. Tout deviendra possible. Le pire deviendra possible : une nouvelle guerre civile au Liban pour propager le feu dans toute la région deviendra possible. Il ne faut pas accepter un Iran nucléaire militaire. Il faut aider le peuple iranien à renverser ce régime pour le retour d’un Iran pacifique, laïque, et pro-occidental.


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Article complémentaire :
- Iran - EU : L’heure des choix
- (6 NOVEMBRE 2009)

| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Enjeux : Changement de régime |
| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |
| Mots Clefs | Terrorismes : Hezbollah |