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Iran : Le pouvoir du NON !
28.04.2010

Depuis toujours Washington utilise ses alliés pour tenter des médiations avec les mollahs dont il veut faire des partenaires régionaux utiles. Le dernier médiateur choisi par Washington est le Brésil : son ministre des Affaires étrangères Celso Amorim était hier à Téhéran. Après avoir joué le rôle du frein à toute nouvelle sanction pour laisser ouverte l’option américaine de la médiation, hier pour la première fois il a fermé un peu la porte en évoquant la nécessité pour les mollahs de garantir l’absence de volet militaire dans leur programme nucléaire. Tous les médias ont rapporté cet avertissement d’Amorim qui sonne comme la fin de la médiation brésilienne, mais personne n’a évoqué la réponse des mollahs car elle était évidemment négative. Téhéran s’est même offert le luxe d’un festival de Non car il a compris le pouvoir du Non. | Décodages |



Il y a deux semaines, le Brésil, qui est le principal partenaire économique des Etats-Unis en Amérique du Sud, a expédié en Iran une importante délégation diplomatico-économique composée du ministre brésilien du commerce et des 250 premiers investisseurs privés et publics de ce pays pour évoquer de coopérations économiques qui ne pourraient pas se concrétiser tant que Washington sanctionnerait les mollahs. Via cette mission, Washington entendait encourager les mollahs à faire le nécessaire pour faire cesser les sanctions : c’est-à-dire accepter le compromis proposé par Washington qui passe par le dialogue et l’apaisement. Cette mission a été un échec. Auparavant, en octobre 2009, la Turquie, qui est aussi un grand partenaire économique et stratégique des Etats-Unis, avait expédié une délégation de genre menée par le 1er ministre Erdogan. Si elle avait été couronnée de succès, il n’y aurait pas eu d’intermédiation Brésilienne. Cette délégation turque succédait à une délégation indienne en novembre 2008 sous Bush qui avait succédé à une délégation diplomatico-économique émiratie le même mois, deux tentatives qui avaient succédé à une première mission ratée menée par la Turquie en 2007, l’année de l’adoption des premières sanctions américaines contre le programme nucléaire iranien.

En résumé, on peut affirmer que Washington ne cesse de chercher un terrain d’entente avec les mollahs et ces derniers ne cessent de refuser toute entente ou réconciliation. Nous ne cessons pour notre part de rappeler les raisons des uns et des autres. Washington propose sans cesse et régulièrement une entente aux mollahs car il a besoin de ces agitateurs charismatiques du monde musulman pour agiter l’Asie Centrale, région gazière, musulmane et persanophone, afin de l’éloigner de la Chine et d’en faire la base arrière de soutien aux musulmans séparatistes chinois pour déstabiliser la Chine avant que ce pays ne parvienne à l’égaler ou le dépasser. Au passage, Washington prendrait le contrôle des réserves gazières de l’Iran et d’Asie Centrale pour détenir au final plus de 55% des réserves énergétiques du monde. C’est la version américaine du Grand Echiquier… Les mollahs refusent non par amour pour la Chine, mais parce qu’une réconciliation avec Washington les forcerait à démilitariser le Hezbollah, leur force de dissuasion anti-américaine, se retrouvant sans protection. Par ailleurs, une réconciliation avec Washington les forcerait à se démocratiser, c’est-à-dire autoriser la participation à la vie politique d’exilés issus du régime et proches des Etats-Unis. Cela reviendrait à céder une partie de leur pouvoir aux Américains pour se retrouver non seulement sans protection, mais aussi en minorité au sein de leur propre régime : privés de leurs privilèges et surtout exposés à la menace de poursuites judiciaires pour leurs crimes passés sans avoir un quelconque moyen pour garantir leur sécurité.

Les Mollahs n’ont en fait d’autres choix que de refuser. Il est cependant nécessaire de préciser que leur refus n’est pas passif, mais actif : ils privent Washington de son accès à l’Asie Centrale afin de négocier leur adhésion au camp américain en échange du droit de préserver le Hezbollah et le Hamas pour garantir leur sécurité. C’est une condition incompatible avec les intérêts américains. Il en résulte la lente guerre d’usure américaine contre les mollahs, guerre qui semble pouvoir durer indéfiniment vu que Washington ne peut pas adopter des sanctions fatales contre ce régime. Il a même autorisé l’Irak à signer un contrat de 600 millions de dollars avec les mollahs pour éviter l’effondrement du système bancaire des mollahs.

C’est une situation pénible pour les mollahs de dépendre de leur pire ennemi, mais aussi une situation pénible pour les Américains de ne pouvoir trouver une solution au cas des mollahs. Cela pourrait même s’aggraver car le rappel intensif des médias américains sur l’absence de retombées politiques positives du Discours de Caire a fait prendre conscience aux mollahs qu’en disant NON à Obama, ils n’avaient pas seulement privé Washington d’une victoire sur le Grand Echiquier dont l’opinion ignore l’existence, mais qu’ils l’avaient privé de la neutralisation nécessaire du Hamas et du Hezbollah, obstacles à la paix au Moyen-Orient, le seul sujet qui préoccupe le monde musulman.

Hier, alors que Celso Amorim, le ministre brésilien des affaires étrangères, était à Téhéran pour leur adresser son avertissement signalant une possible fin de la médiation de son pays, les mollahs ont eu la révélation en lisant la presse américaine : ils ont privé Washington d’une victoire sur le petit Echiquier du Moyen-Orient. Ils lui ont en fait infligé une défaite majeure car le monde et en particulier le monde musulman juge Obama sur ses promesses du Caire. Hier, les mollahs ont réalisé le Pouvoir du Non. C’est pourquoi ils ont offert un festival de non à ce pauvre Amorim qui n’a rien compris à la déferlante.

Portés par cette lame de fond, les mollahs ont étalé leur joie à la une de leur principal quotidien Kayhan :

Les médias américains vous le recommandent :
Monsieur Obama, accepte ta défaite face à l’Iran !


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Le pouvoir du NON s’affirmera :
- Iran : Vers un enrichissement des annonces nucléaires
- (13 février 2010)

| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement (américain) |
| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Institutions : Provocations |