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Iran – Inde : Non merci !
03.11.2008

Le ministre indien des affaires étrangères était à Téhéran à la tête d’une délégation composée de plusieurs ministres et banquiers pour rencontrer les ministres du pétrole et des affaires étrangères. Il a également rencontré Rafsandjani, le patron occulte du régime, mais aucune déclaration forte n’a été faite à l’issue de ces rencontres et réunions.



Si la visité avait été un succès, on aurait dû s’attendre à une annonce indienne de signature pour la réalisation du gazoduc IPI qui vise à acheminer du gaz iranien vers l’Inde via le Pakistan. Ce dernier a déjà donné son accord et il ne manque que l’accord indien.

Par le passé, afin d’accéder aux 7,5 milliards de dollars promis par New Delhi, Téhéran a essayé en vain de pousser l’Inde à signer le contrat en évoquant de possibles représailles économiques. Cette fois, le ton est modéré : le ministre iranien du Pétrole (Nozari) a uniquement demandé à l’Inde d’« être plus active dans le projet de gazoduc IPI ». Idem, Mottaki le ministre iranien des Affaires étrangères, s’est montré très modéré contre l’Inde, bien que par son refus de signature elle prive l’Iran d’importants capitaux. Mottaki a uniquement parlé de la nécessité d’une relation en dehors des influences étrangères : remarque destinée à Washington dont l’ombre pèse sur les relations entre les deux pays.

Décodages d’une modération qui pourrait sembler incompréhensible. | En fait, l’Inde ne peut investir en Iran sans l’accord de Washington qui peut à tout moment réactiver à son encontre des sanctions économiques. Au cours des dernières années, l’administration Bush a instrumentalisé les sanctions sur l’Inde pour bloquer la signature de ce gazoduc, levant épisodiquement ses réserves pour envoyer des signaux à Téhéran. Elle avait agi ainsi en avril 2008 quand les deux parties (iranienne et américaine) négociaient en secret pour se rencontrer à Bagdad et elle a retenté le coup cette semaine à 4 jours de l’élection présidentielle américaine. Le ministre indien est arrivé à Téhéran en compagnie de nombreux banquiers de son pays pour proposer, à l’instar l’offre faite par les Européens à l’Iran, des investissements en échange d’un geste nucléaire iranien qui gèlerait les sanctions.

Seule précision sur le bilan de la mission : ce projet datant de 1994 reste à l’étude, mais la rencontre tripartite entre l’Iran, le Pakistan et l’Inde pour parler du projet a été « repoussée à une date inconnue ». Cela pourrait être une déclaration métaphorique sur l’autre projet : l’entente irano-américaine (à l’étude, mais repoussée à plus tard).

Comme nous l’avions diagnostiqué dans l’analyse consacrée à cette visite indienne en Iran, le régime des mollahs et surtout son patron occulte Rafsandjani, que l’on voit ici très mitigé, ont dit « non merci » à l’émissaire indien de Washington. Ce dernier repart après une visite de trois jours sans faire d’annonce choc, une lacune comblée par le régime des mollahs.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Téhéran a essayé de tirer le maximum de profit de cette mission en faisant comme s’il n’était pas isolé comme partenaire régional et comme si le ministre indien était venu en Iran dans un geste de défi contre Washington. Pour enfoncer le clou, dans une conférence de presse en présence de l’émissaire indien de Washington, le ministre des affaires étrangères des mollahs a insisté sur la nécessité d’une coopération régionale loin de toute conspiration des puissances étrangères qui par leurs politiques stupides cherchent à semer la discorde entre les deux états.

Parallèlement à ses slogans très politisés, Téhéran qui avait par le passé toujours montré de l’empressement excessif pour récupérer le contrat gazier de 7,5 milliards de dollars, a également affiché sa sérénité face au refus des Indiens d’avancer une date pour des négociations tripartites en invitant calmement l’Inde à être plus active dans le projet de gazoduc IPI. Le ministre des affaires étrangères a complété cette approche détachée vis-à-vis du manque à gagner de 7,5 milliards de dollars en affirmant que la république islamique d’Iran était pleinement satisfaite du niveau actuel des relations commerciales entre leurs deux pays [1]. En d’autres termes, nous ne sommes ni à court de temps, ni à court de dollar.

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Pour en savoir + sur cette visite :
- Iran : Bush tente deux nouvelles missions d’intermédiation
- (31 OCTOBRE 2008)

Pourquoi Téhéran refuse la suspension :
- Iran : Décodage des soi-disant concessions nucléaires de Téhéran
- (4 OCTOBRE 2008)

| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Inde |

| Mots Clefs | Enjeux : Gazoduc, Oléoduc & pipelines |

[1L’Iran exporte des produits pour une valeur de 11.049 milliards de dollars vers l’Inde et importe pour 1.937 milliard de dollars de produits vers l’Iran (principalement du Thé, de l’essence et du gazole).