Iran : La semaine en images n°93 29.11.2009 La semaine en images est une véritable aubaine pour nous. Elle montre la république islamique sans son masque de slogans et d’annonces grandiloquentes et nous rappelle qu’elle est de plus en plus faible. Cette semaine par exemple, le régime célébrait la création de la milice Bassidj qui est réputée d’avoir au moins 10 millions de membres. Nous ne les avons pas vus manifester dans les rues. Modestement, le régime a revendiqué un rassemblement de 60,000 miliciens dans une salle de prière qui peut contenir 10,000 personnes. Ils étaient en vérité moins de 5,000, principalement des vieux et non ces jeunes costauds qui devraient défendre le régime. Cette semaine, Téhéran devait aussi déployer des centaines d’avions et de missiles, mais nous ne les avons pas vus non plus. Il y a 10 jours, Téhéran annonçait des manœuvres aériennes extraordinaires appelées « Défense du Ciel du Guide », exercices qui devaient pendant 5 jours fournir des motifs dissuasifs à quiconque souhaiterait attaquer l’Iran. Il était question de batailles aériennes faisant intervenir des dizaines de F-4, F-5, F-14, F-7, MIG-29, Su-24 et Su-27 dans le ciel islamique d’Iran et aussi questions de déploiements de missiles jamais vus pour montrer la qualité de la DCA iranienne. Or, cela fait deux ans que le régime fait ce genre d’annonces mais l’on ne voit jamais d’images prouvant ces déploiements. La raison est d’une part qu’il n’a pas les équipements annoncés et d’autre part, qu’il manque de carburant pour faire décoller ces chasseurs qui consomment 7000 litres de kérosène pour une heure de vol contre 3200 pour un avion de ligne de taille moyenne. Lundi, au second jour de ces dernières manœuvres, en l’absence d’images (zéro image), nous avons émis des doutes sur l’authenticité des dizaines de dépêches sur les actions entreprises avec succès pendant ces exercices militaires. Dans la journée de mardi, le régime a réagi à cette attaque contre le Ciel du Guide avec l’annonce de déploiement de missiles TOR-M1 dont les performances auraient été améliorées pour abattre des super bombardiers et les premières images ont fait leur apparition sur les sites d’info iraniens. On n’y voyait pas ces TOR-M1 dont la livraison par les Russes reste douteuse, mais des canons de pauvre qualité et des missiles sol-air Hawk, vestiges des achats iraniens faits par le Chah dans les années 70. Cependant, les missiles Hawks étaient présentés sur des tréteaux (ci-dessous) et non des lanceurs, ce qui laisse des doutes sur leur mobilité.
Puisque le régime évoque au moins 10 millions de membres pour cette milice, on aurait dû assister à une fiesta nationale à tout casser. Nous n’avons pas vu ces 10 millions manifester dans les rues. On n’a même pas vu le dixième ou le centième de ce chiffre, mais quelques milliers réunis loin des regards indiscrets dans la salle de prière du mausolée de Khomeiny, car les relations ne sont pas au beau fixe avec cette milice, notamment les jeunes engagés de milieux pauvres révoltés par le fait que les dirigeants aient éliminé les allocations aux pauvres pour préserver leurs propres privilèges. Cela dure depuis plus d’un an. Cet été au moment du soulèvement populaire, beaucoup de jeunes bassidjis ont déserté, d’autres ont refusé de combattre et vu les images, on peut supposer qu’un certain nombre ont participé pour casser le régime. A ce moment, le régime avait fait appel à des engagés plus âgés encadrés par des agents en civil issus des services secrets car les jeunes miliciens étaient manquants à l’appel. Ce fait est corroboré par le fait que depuis cette date, l’on ne voit plus de jeunes miliciens dans les manifestations officielles du régime, on a aussi déprogrammé leur défilé en armes ou tout autre exercice où ces derniers pourraient tenir en main des armes. La semaine dernière, en préparation de cette semaine invisible de la commémoration de la création du Bassidji, on les avait vus équipés de bouquets de fleurs au lieu de fusil. Cette semaine au rassemblement dans le mausolée de Khomeiny, ils étaient moins de 10% des personnes présentes, le reste était composé de vieux miliciens en charge de familles donc beaucoup moins rebelles, de jeunes femmes et même de jeunes mollahs. Les photos les montrent peu, mais quand on les voit de plus près, on ressent un corps hermétique et compact. (Vous pouvez cliquer puis zoomer sur certaines images -surtout celles avec une bordure grise- pour les agrandir une ou deux fois)
Ici, à Masjed Sloyeman مسجد سلیمان, ville où le pétrole a jailli pour la première fois en Iran il y a 101 ans, belle petite ville qui fut moderne et riche sous le régime du Chah...
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