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Iran : La semaine en images n°90
08.11.2009

L’événement central de cette semaine était sans nul doute le 30ième anniversaire de la prise d’otages de l’ambassade américaine qui a eu lieu le 4 novembre 1979. A cette date, les partisans de Khomeiny ont pris le dessus sur les autres composants de la coalition révolutionnaire islamique. Khomeiny a baptisé le 4 novembre (13 Abân) : Journée Divine, Youm Allah. Cette année, le régime a eu droit à une journée infernale. (Vous pouvez cliquer puis zoomer sur certaines images pour les agrandir une ou deux fois)



De l’eau, de l’eau | Il y a une semaine, nous clôturions notre semaine en images avec Ispahan. Depuis un an, cette ville est en état de révolte : les mollahs fans de spéculation immobilière ont détourné l’eau de la rivière Zayandeh Roud pour alimenter leurs cimenteries basées dans une région voisine, transformant ce verger de l’Iran en terre aride. De fait, pendant le soulèvement ce l’été dernier, c’est à Ispahan que l’on a entendu pour la première fois : Mort à la république Islamique. C’est là aussi que les premiers coups de feu ont tué des manifestants. La semaine dernière, cette ville a encore surpris car en guise de protestation contre le régime, les commerçants ont orné leurs boutiques sur une avenue clef de la ville avec des drapeaux iraniens sans inscription islamique ni le sigle d’Allah. Nous avions salué ce geste unique et parlé de désobéissance civique. Le message est aussi passé du côté du régime : cette eau que l’on disait tarie par la faute d’une mauvaise année de précipitation ou des algues venues d’ailleurs a coulé de nouveau et à grands flots dans le lit de la rivière asséchée. Le régime a annoncé que cela résultait de pluies, il avait en fait réouvert les vannes du barrage de rivière Zayandeh Roud !
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Il nous a paru nécessaire d’en parler en ouverture de ce nouveau numéro de la semaine en images, car le régime a reconnu avoir ouvert les vannes du barrage Zayandeh Roud ! Il a donc reculé face à une action de résistance pacifique. C’est une première, mais il ne faut pas en tirer des conclusions hâtives : il avait une bonne raison de le faire : encourager les habitants à participer massivement à la plus importante journée politique de la république islamique.

La petite histoire | La date du 4 novembre est en fait une date historique extrêmement importante pour deux raisons. Il y a 45 ans, un tel jour, Khomeiny avait été exilé en Irak pour avoir soulevé les étudiants en théologie (les jeunes mollahs) contre l’octroi du droit de vote aux femmes. Il avait en fait servi de catalyseur aux mouvements islamiques financés par les Etats-Unis pour déstabiliser le Chah qui avait déplu pour avoir créé l’OPEP. Suite à cette révolte, Khomeiny avait payé le prix fort, mais pas les politiciens musulmans qui s’étaient servis de lui. Pour se consoler de cette défaite et narguer le pouvoir impérial, ses partisans avaient donné le nom de la Journée de l’écolier au 4 novembre.

Quand en 1979, Khomeiny et musulmans pro-US ont rejoué la même partie contre le Chah, les partisans de Khomeiny, les « écoliers », ont choisi l’anniversaire du départ forcé de leur idole en exil pour prendre d’assaut l’ambassade américaine afin d’éliminer les pro-US et sceller son retour politique de leur idole.
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Entre temps, les révolutionnaires ont inventé bien des légendes pour donner une couleur locale à cette révolution faite avec l’aide des Etats-Unis. La prise de l’ambassade qui a été le sommet visible d’une lutte interne entre les islamistes depuis une quinzaine d’années a aussi eu droit à son histoire off. Le régime a prétendu que les « écoliers » avaient pris l’ambassade américaine en mémoire de 57 enfants écoliers tués un an auparavant par l’armée du Chah à la même date, un événement totalement fictif qui ne figure dans aucun livre d’histoire.

Pas de bassidjis pour le Guide | En se basant sur cette fiction, le régime peut consacrer plusieurs jours à la célébration de la prise justifiée de l’ambassade américaine et les festivités commencent par une célébration de la figure de l’écolier !

Lors de cette célébration, on ne cite jamais les noms des 57 enfants tués par la Chah, pour la bonne raison que l’histoire est fictive. Ils sont remplacés par Shahid (martyr) Fahmideh, un écolier de 13 ans, volontaire du front, tué au 38ième jour de la guerre Iran-Irak. Etant donné que ces volontaires ont formé le corps des bassidjis, la célébration est une occasion pour célébrer cette milice chargée de la sécurité intérieure, milice dont les cadres (en tenue civile et non la base) a maté le soulèvement de cet été.

Chaque année, cette semaine est une occasion de voir les jeunes bassidjis féroces marcher en armes dans les rues pour terroriser le civil, comme cela a encore été vu l’année dernière. Cette année, il n’y a eu rien de tel : juste une expo photo de Shahid Fahmideh et un discours du nouveau chef du Bassidj.
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Cela n’a l’air de rien, mais les bassidjis sont issus des familles pauvres qui sont les plus touchées par les difficultés économiques dues au manque de souplesse des mollahs dans le dossier nucléaire. La suppression de ces défilés laisse supposer une difficulté à mobiliser la base, chose également visible pour la commémoration de la prise de l’ambassade elle-même.

Après avoir salué l’existence des bassidjis, on les a emmenés chez le Guide Suprême pour applaudir son discours intransigeant. Mais là aussi pas de bassidjis de base, mais des vieux ou encore des tous jeunes et même des filles.
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Une journée en enfer | Jamais deux sans trois, la journée Youm Allah a aussi été un fiasco en termes de mobilisation privant de régime du défilé des différents groupes politiques devant l’ambassade occupée. Téhéran s’est replié sur une manifestation statique ce qui est visible sur ces photos où les gens ne sont pas alignés mais debout et en désordre.
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Voici une photo aérienne de la zone : l’espace libre devant l’ambassade a une superficie de 6000 m2, de quoi contenir au maximum 4000 personnes.
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Ce manque d’effectifs a poussé le régime à mettre les bouchées doubles sur les affiches. Il a ressorti tout son stock, des drapeaux à gogo et même les affiches anti-Israël qui ne sont pas de mise lors de cette journée exclusivement anti-américaine.
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Cette année, nous avons également revu des images comparables à celles d’il y a 29 ans (1ier anniversaire de l’événement) : il y a une certaine continuité dans les créations du régime.
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Autodérision | Autre gadin de la journée pour le régime, les Iraniens ont encore boudé le Mouvement Vert, opposition interne mais fidèle à la révolution et ses écoliers. Téhéran qui a besoin de cette contestation pour remettre en cause la légitimité d’Ahmadinejad pour rendre impossible toute négociation a décidé de sauver la situation en faisant de la publicité pour le Mouvement Vert en annonçant des arrestations massives !

Il existe en Iran une expression qui dit : nul ne me grattera mieux que mon doigt ! En suivant cet adage et en l’absence de photos probantes sur l’existence de cette contestation utile, c’est l’IRNA, l’agence officielle de presse des mollahs, qui a publié des vues de leurs actions. Alors que ce même régime et cette même agence ont superbement ignoré les manifestations de cet été qui réunissaient quotidiennement de 100,000 à 3 millions de personnes.
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Ça chauffe pour les absentéistes | En province aussi, le régime a enregistré une baisse de mobilisation très visible sur les photos : en fait, on peut le supposer en l’absence de vue d’ensemble. Ispahan en faisait partie. Mais une ville manquait dans les imagiers : Tabriz, ville patriote et insoumise, également troisième ville du pays. Le verdict est tombé de la manière la plus radicale : face à la menace réelle que représente la rupture avec le Bazar, le régime a encore répondu par le feu : le bazar de Tabriz a brûlé comme celui de Téhéran quelques jours plus tôt à un moment où le régime était en baisse de confiance et avait peur que son allié historique ne l’abandonne.
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2012 | Parallèlement à cette actualité très dense et riche en signification, l’Iran a aussi eu une semaine riche en catastrophes naturelles : au nord, la terre est inondée et au sud, il a tremblé à 3 heures du matin.
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Au nord, le régime a dit que cela était inévitable car il y avait trop de fleuves et au sud, malgré ce que l’on a vu, il a comme à chaque séisme depuis 2006 nié tout mort pour dissimuler l’absence de secours suffisants.

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La semaine du 4 novembre de cette année est à marquer d’une pierre blanche. Le régime a collectionné les défaites, non pas parce que les Iraniens se sont soulevés contre lui, mais parce que la base de Bassidj n’a pas répondu présent tout comme les Bazaris de Tabriz, ville connue pour sa ferveur religieuse.

C’est l’annonce d’un vent de désordre, un séisme dont le régime a sans doute conscience, un mouvement qui s’amplifiera cet hiver quand les intempéries seront plus grosses et l’économie sanctionnée toujours plus à la traîne. Ceci explique l’absence des jeunes bassidjis en armes que l’on a vus l’année dernière dans nos rues : le régime aurait-il peur de ces jeunes que l’on ne voit plus ?