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Iran : La semaine en images n°38
09.11.2008

L’événement de la semaine a été Obama dont l’élection a surpris les mollahs. La surprise a fait place à la déception après ses premières déclarations : le nouvel élu a évoqué son refus de composer avec le programme nucléaire iranien et le soutien au Hezbollah, deux attitudes synonymes d’une poursuite des sanctions adoptées par Bush et des offres de dialogue sous condition de rompre avec le nucléaire et le Hezbollah. Cette diplomatie rigoureuse avait sous Bush un aspect inconnu du public : des contacts secrets qui reprendront aussi, mais sans doute sans la participation d’un homme politique du régime des mollahs qui se disait l’Obama de l’Iran. Cet homme est Ali Larijani.



Il était en disgrâce depuis le mois d’août, il est désormais en danger et il le sait. Ali Kordan (ci-dessous), son homme de confiance a été lynché et destitué de son poste de ministre de l’intérieur par ses pairs du Parlement islamique du régime (sous son regard).

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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La chute d’un caïd | L’épopée de Larijani a commencé il y a 3 ans quand le régime a décidé de remplacer Khatami le modérateur par un agitateur afin de rompre ses engagements de suspension des activités nucléaires conformément aux accords de Paris.

Différents agitateurs se sont portés candidats : Ahmadinejad (maire de Téhéran), Ghalibaf (le chef de la police-milice), Velayati (le conseiller diplomatique du guide) et Larijani, le chef de la Télé iranienne, fondateur de la chaîne du Hezbollah.

Le régime a finalement choisi Ahmadinejad (le tribun) et promis aux autres des postes clefs et la création d’un club des 15 qui comprenait les 4 jeunes ténors, d’autres personnalités et leurs amis ou lieutenants. Mais peu après, les figures les plus connues se sont retirées pour laisser éclore les 9 lieutenants (club des 9) parmi lesquels Ali Kordan qui vient d’être destitué et son successeur au ministère de l’intérieur le milicien millionnaires 160M$) Sadegh Mahsouli, un proche ami d’Ahmadinejad (son commandant pendant la guerre et son piston auprès du guide).

Après l’élection d’Ahmadinejad, Sadegh Mahsouli a brigué le ministère du pétrole mais ne l’a pas obtenu (ce sont des postes à acheter et il n’a pas accepté le prix exigé).

Larijani a été plus malin : il a placé son ami Kordan comme vice-ministre du pétrole, un poste d’où l’on supervise les contrats avec l’étranger. Son autre ami Nahavandian (qui avait aussi un passeport américain) était le président de la Chambre iranienne de commerce et d’industrie et avait commencé à nouer des contacts avec des élus américains : Larijani a ainsi complété son panel d’hommes clefs chargés de relations commerciales avec l’extérieur. Lui-même a brigué et obtenu le poste de négociateur en chef du nucléaire : le poste central de relation avec l’étranger en vue d’un deal.

Larijani s’est fait apprécier par ses interlocuteurs étrangers dans le rôle d’un anti-agitateur et le régime l’a sélectionné pour devenir l’un des candidats à la succession d’Ahmadinejad. Tout allait bien pour Larijani jusqu’à ce qu’il décide de déplacer un de ses autres amis le mollah Pour-mohammadi du poste du ministre de l’intérieur à l’inspection générale du régime pour le faire remplacer par son alter ego Kordan. Il allait ainsi disposer de toutes les cartes pour contrôler la police qui veille à la sécurité des mollahs, et aussi avoir accès à tous les dossiers de corruption compromettant pour les vieux mollahs fondateurs du régime. Après un temps où il avait laissé faire, Rafsandjani, le patron actuel du régime, est reparti à la charge et pour couper les ailes de l’Obama de l’Iran, il a décidé de le priver de son lieutenant.

Ahmad Tavakoli, un des membres du club des 9, a dénoncé le doctorat bidon de son collègue Kordan sur son blog et les médias du régime ont épinglé le lieutenant déchu pour incompétence et abus de confiance. Le nom de Larijani a été cité ça et là et ce dernier a dû très rapidement prendre ses distances avec son homme de confiance et même encourager sa mise à pied.

Cette semaine à l’heure où dans une séance survoltée de 5 heures, les députés du régime votaient la censure contre Kordan, Larijani a présidé la crucifixion de son ami d’un air serein. Bien qu’il n’ait rien dit, son corps a parlé pour lui !

Décodages des gestes de Larijani | Dès l’arrivée de Kordan à la tribune (vidéo), Larijani a une microdémengaison au front. Selon les experts du langage du corps (synergologie), se gratter la tête, ou une autre partie de son visage, c’est vouloir reprendre contact avec son corps. C’est signe d’un petit manque de confiance, d’une hésitation. S’essuyer le front s’assimile aussi à la peur. Reprendre contact avec son corps, c’est chercher à se rassurer, car lui est bien là, inamovible.

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D’ailleurs, alors que tous les participants s’agitent ou sont raides, il est le seul affalé, presque effondré sur son siège ou encore recroquevillé.

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Se gratter, surtout le haut de la tête, est aussi un signe de mensonge. Selon Philippe Turchet, synergologue canadien de renom, « chaque fois qu’on est mal à l’aise, le corps a tendance à se gratter. On fait ça pour se sortir d’une situation désagréable ou gênante. On a vraiment l’impression que ça nous pique. Ça arrive quand il y a un décalage entre ce que je dis et fais, ce que je montre et pense ou ce que je dis et montre ».

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Kordan parle et les autres l’interrompent pour le faire dégringoler. Larijani reste de marbre, affalé dans son fauteuil de président, la main devant la bouche. Ce qui signifie : Je ne suis pas d’accord, mais je ne suis pas forcément prêt à l’exprimer. Deux doigts masquent la bouche pour ne pas parler. Ces deux doigts sont dressés, derrière eux il y a sans doute une objection. Le fait que ce soit la main gauche qui intervienne montre que la personne risque de dire ce qui la dérange.

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Il n’est pas certain qu’il puisse garder longtemps le silence car le Conseil Central des Associations Islamiques des Universités Indépendantes de l’Iran, une formation issue de la milice Bassidj, a immédiatement interpellé Larijani et a demandé sa mise en examen pour complicité avec le tricheur Kordan.

La séance survoltée de l’assemblée a été censurée par le régime : Kordan avait commencé son discours par une prière consacrée aux défunts (dénonçant sa propre mise à mort par ses pairs). Les Iraniens n’en ont rien su, mais ont seulement appris que Kordan avait été destitué. Il s’agissait donc d’une affaire privée et surtout le régime ne voulait pas que les Iraniens se focalisent sur ces histoires de diplômes parce que tous ses dirigeants ont des faux diplômes.

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Le remplaçant | Kordan a été viré et aussitôt remplacé par un autre membre du club des 9 : le milicien millionnaire Sadegh Mahsouli qui a ramassé 160 millions de dollars sous Rafsandjani et Khatami. Selon les médias, il affirme gagner 700 dollars par minute. Cette fortune est le résultat d’un système particulier : les hommes du régime ont accès des matériaux de construction à prix subventionnés et à une main d’œuvre presque gratuite.

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une des maisons du milicien milliardaire Sadegh Mahsouli


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Cette nomination est une insulte aux Iraniens et surtout aux ouvriers de bâtiments à qui ce milicien doit sa fortune : ils gagnent 150 dollars par mois et sont privés de couverture sociale (le tarif pour une couverture privée à 30% est de 70 dollars par mois). Ce choix discutable est pourtant un choix délibéré de la part du régime ! C’est un choix d’autorité : le régime affirme ainsi qu’il fait ce qu’il entend sans peur des reproches.

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Le pharaon | Tout pendant cette semaine d’arrivée d’Obama a été placé sous le signe de l’autorité du régime : après avoir destitué Kordan en catimini, et l’avoir remplacé par un ripoux fidèle au régime, le régime a inauguré en grande pompe de titanesques travaux pour améliorer l’alimentation en eau de la ville sainte de Qom, siège du clergé au pouvoir. C’est le guide qui a réglé la facture de 230 millions d’euros. Les Iraniens ont été surpris de voire les enfilades d’engins de chantier pour ces travaux inutiles alors que les villes du sud du pays sont encore en état de ruine 20 ans après la fin de la guerre, tout comme les villes sinistrées de Bam et d’Avej (ville des mines d’or) en ruine depuis plus de 7 ans.

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Le Kalash | Pour parfaire cette semaine d’autorité, le régime a mis le paquet pour la commémoration de la prise d’otages de l’ambassade américaine. La journée est aussi celle des écoliers, mais les habitants des villes ont surtout vu défiler des écoliers membres de la milice du Bassidj.

A Téhéran, on les a vus avec des banderoles, dans d’autres villes avec des Kalachnikov, de manière à rappeler à ceux qui vivent de rien la présence de l’autorité du régime.

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