Iran : La semaine en images n°80 30.08.2009 Cette semaine, deux grands évènements ont eu lieu en Iran : mercredi, le guide suprême a annoncé l’absence de preuve à l’encontre des accusés du Mouvement Vert et vendredi, ce pays réputé musulman est entré dans l’ère du ramadan. Aucun des deux n’a donné lieu à des manifestations de joie. Explications en images ou absence d’images. Lundi : un procès | Cette semaine a commencé avec la quatrième séance du procès médiatique des figures modérées du régime accusées d’avoir voulu organiser une révolution de couleur en Iran, ce qu’on appelle le Mouvement Vert. Ces procès intéressent beaucoup les journalistes étrangers qui travaillent sur l’Iran, mais ils n’intéressent guère les Iraniens car ils ne se sentent pas proches de ce mouvement qui affiche fièrement son attachement à la révolution islamique et à son leader Khomeiny. C’est le 13 juin que les Iraniens ont découvert ce mouvement via des images des télévisions étrangères regardées par satellites. De jeunes Iraniens habillés de vert défilaient dans les rues avec des cris hostiles à Ahmadinejad sous le regard médusé des caméras de médias étrangers sans que les miliciens n’interviennent. Habitués à des manifestations téléguidées par le pouvoir, les Iraniens se sont méfiés et n’ont pas rejoint la danse. Leur ressentiment était juste puisqu’il s’agissait d’un mouvement de foule autorisé par le régime pour simuler une révolution interne en faveur des islamistes modérés. Téhéran espérait obtenir un soutien international à ce mouvement apparemment indépendant pour deux objectifs : faire admettre l’attachement des jeunes Iraniens à une république Islamique et faire admettre l’absence de légitimité d’Ahmadinejad, ce qui aurait privé le pays de dirigeant et donc bloqué les négociations avec les Six, permettant à l’Iran de ne pas répondre aux offres de dialogue et d’apaisement. En l’absence d’un soutien, le régime a appelé à une manifestation populaire pour le 15 juin. Ce jour-là, 3 millions d’Iraniens sont descendus dans la rue à Téhéran, mais sans afficher de sympathie pour ce Mouvement Vert qu’ils associaient au pouvoir. Avant la fin de la journée, le régime a interdit aux caméras étrangères de filmer cette manifestation avant de donner l’ordre de feu. Le soir du 15 juin, il n’y a eu aucune rupture entre les Verts et le pouvoir, ni d’ailleurs pendant les 10 jours de soulèvement populaire qui avaient pour objectif de renverser le régime. Aujourd’hui, les jeunes que nous contactons en Iran affirment que pour eux le Mouvement Vert est mort ce 15 juin. Ce qui explique son incapacité à mobiliser les masses dans les rues. C’est pourquoi, ces jeunes sont très en colère quand on leur parle du Mouvement Vert ou du procès de ces chefs ! Pour eux, ce mouvement est une pure création médiatique sans membre mais dotés d’innombrables chefs. Ceux qui se sont soulevés contre le régime en juin dernier voient dans ce procès un moyen de médiatiser « ceux du pouvoir » qui veulent se substituer au peuple pour empêcher tout changement. Ils ne croient pas à ces emprisonnements et les images d’accusés souriants et détendus nullement marqués par deux mois de taudis les confortent dans ce jugement. Ce lundi, le procès était focalisé sur Saïd Hajarian ! On dirait qu’il sort d’un mois de vacances, plus joufflu que jamais, entouré de camarades issus comme lui des services secrets du régime tout aussi détendus et souriants.
Quelle grosse bourde ! Pourtant, ils ne pouvaient pas avoir raté l’info car le régime a donné une publicité monstre à ces déclarations en l’étalant à la une de ses 3 principaux quotidiens. Sans doute, trop concentré sur la promo de ces paroles surprenantes du Guide et l’explication de ce retournement, le régime a oublié d’organiser des manifs de joie de Verts. De faits, les seules images de cette journée sont celles du Guide en train de tenir ces propos devant une salle ronflante, images reproduites à la une des quotidiens.
Ce jugement va être également appliqué au Parlement Islamique. En effet, quand Téhéran n’a pas obtenu de soutien international à la contestation de la légitimité d’Ahmadinejad, il a décidé de sous-traiter en interne : le Parlement a été chargé de contester ses choix de ministres pour obtenir la même crise de légitimité. Depuis mercredi, les parlementaires ne veulent plus contester car ce serait contredire le Guide ! Ils se sont donnés rendez-vous pour parler de la validation des ministres. En fait, ils ont passé leur temps à rigoler et draguer les rares femmes de cette assemblée avant d’aller briser le jeûne avec le Guide autour d’un gigantesque plat de Zereshk-polo avec d’énormes bouts de poulet !
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