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Iran : Le faux sursis de Saberi !
12.05.2009

La prise d’otage de Roxana Saberi pour faire pression sur les Etats-Unis est presque finie. Téhéran a trouvé un prétexte pour libérer cette prisonnière encombrante via un second procès et un verdict très étrange qui sème la zizanie.



En avril dernier, pour faire pression sur les Etats-Unis, les mollahs ont condamné à 8 ans de prison Roxana Saberi, une journaliste irano-japonaise née aux Etats-Unis. Ils espéraient une intervention officielle américaine pour crier à l’ingérence afin de fuir le dialogue proposé par Obama ou encore une demande officielle de libération pour poser leurs conditions et exiger un changement dans la ligne diplomatique américaine vis-à-vis de l’Iran.

Washington s’est gardé de donner satisfaction aux mollahs. Il a réduit au minimum la médiatisation de cette affaire et a essayé d’obtenir la libération de Roxana Saberi par une médiation humanitaire américaine puis une médiation diplomatique japonaise. Téhéran n’a donné aucune suite favorable à ces deux initiatives.

Washington est alors passé à l’offensive en accélérant la procédure pour la mise en accusation d’un important responsable financier du régime, arrêté en décembre 2008 à New York pour financement du terrorisme par l’intermédiaire de la fondation caritative Alavi enregistrée aux Etats-unis. Une première audience a même eu lieu vendredi 9 mai à 16 heures. En fait, par cette accusation très grave, Washington a inversé les rôles car il a mis en danger tous les avoirs iraniens aux Etats-Unis (ceux qui sont gelés -et le régime demande leur restitution-, et ceux qui sont en sursis).

Téhéran a immédiatement réagi en annonçant la tenue d’un procès en appel qui s’est tenu dimanche à la veille du second jour du procès contre la fondation Alavi aux Etats-Unis. Pour dissimuler sa précipitation à en finir avec cette affaire, le régime a laissé passer quelques heures avant d’annoncer le verdict le lundi à 10 h du matin, heure de Téhéran, bien avant que le soleil ne se lève sur les Etats-Unis. C’est un texte conçu dans l’urgence : en voici la preuve !

Initialement, Téhéran avait affirmé que la culpabilité de Saberi était établie sans l’ombre d’un doute sur la base de preuves très fiables fournies par ses services secrets. Pour contourner cet obstacle à la remise de peine sans remettre en cause la fiabilité de ses services – sans quoi il ne pourrait plus arrêter arbitrairement des personnes avec le même profil que Saberi-, Téhéran a trouvé une astuce digne des téléfilms judicaires américains !

Selon les juges du procès en appel, la première condamnation de Saberi pour « coopération avec un Etat hostile » était une erreur de jugement de leurs collègues car les « Etats-Unis ne sont pas un Etat hostile envers l’Iran » !

Le problème est que cette phrase est en contradiction flagrante avec la politique étrangère du régime et aussi avec le texte de la constitution de la république islamique ! C’est pourquoi, Ali-Reza Jamshidi, le porte-parole du pouvoir judicaire des mollahs, a organisé une conférence de presse pour expliquer cette phrase ou plus exactement la démarche des juges par un laborieux effort rhétorique.

Selon cette version officielle, c’est là une preuve de l’indépendance du pouvoir judicaire de la république islamique d’Iran. Pour donner plus de poids a cette version, il a d’ailleurs insisté sur le fait que la remise de peine était totalement indépendante de la demande écrite d’Ahmadinejad formulée avant son départ à Genève pour Durban 2.

Dans cette séance du « ce qu’il fallait comprendre », Jamshidi a également précisé que Saberi avait regretté ses actes : ce qui veut dire que la culpabilité reste acquise, bien que la première peine ait été trop lourde en raison d’un mauvais jugement sur la nature du délit.

Toujours selon ce porte-parole du régime, sur la base de ces 2 éléments (les regrets de Saberi et le caractère non hostile des Etats-Unis), « les juges du tribunal révolutionnaire ont fait preuve de pitié islamique envers Roxana Saberi » : ils ont cassé sa première sentence, réduit sa peine à 2 ans avec sursis avec un délai de 5 ans avant d’ordonner sa libération immédiate.

Normalement, si dans ce délai 5 ans, Saberi commettait une autre infraction ou travaillait comme journaliste en Iran, elle ferait ses deux ans. Mais le porte-parole a précisé que la condamnée pouvait quitter le pays et passer ces 5 ans de mise à l’épreuve aux Etats-Unis ! C’est un acquittement non avoué !

Non avoué est le qualificatif qui convient à cette affaire : prise d’otage non avouée, pressions non avouées et finalement une reculade non avouée qui se dissimule derrière des évocations de pitié islamique et des histoires de faux sursis juste par la peur non avouée de nouvelles sanctions. C’est un terrible échec pour le régime : il ne peut rien revendiquer pour un acte non assumé.

En revanche, l’échec de cette prise d’otage est le ticket de sortie de Saberi.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Pour en savoir + :
- Iran : Les dessous du second procès de Saberi
- (10 MAI 2009)

A lire absolument :
- Iran : Affaire Saberi – Ebadi – Ghobadi
- (23 AVRIL 2009)

Article complémentaire :
- Iran : Roxana Saberi, otage américain des mollahs !
- (9 AVRIL 2009)

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Terrorismes : Prise d’otages |