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Iran : La drôle de qualification des candidats
11.05.2009

Il y a une semaine, Keyhan, le principal quotidien iranien (ci-dessous), annonçait 1000 candidats enregistrés le premier jour de l’ouverture des inscriptions ! Au but de 5 jours de cirque médiatique, le régime annonce le nombre exact de 475 de candidats potentiels à l’élection présidentielle du 12 juin !



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Comment est-on passé de 1000 candidats le premier jour à 475 après 5 jours ? En fait, les chiffres n’ont aucune valeur sous le régime des mollahs. En annonçant 1000 inscriptions, le régime voulait évoquer le succès et la popularité du processus démocratique en Iran. Le chiffre de 475 est aussi fictif que le chiffre 1000 du 1er jour : on peut tabler sur une quarantaine de figurants qui se seraient prêtés au spectacle. Mais il faut oublier tous ces chiffres : ils n’ont aucune importance.

Explications | Le processus démocratique sous le régime des mollahs est un leurre, un moyen pour donner de la légitimité au régime et à ses choix, choix qui sont formatés pour lui permettre de rester un agitateur au Moyen-Orient, l’arbitre du chaos, et intouchable. C’est pourquoi tous les principaux candidats présidentiels sont du même avis sur les sujets fondamentaux pour le régime : en faveur de la poursuite du programme nucléaire clandestin, opposés à tout compromis, pour le soutien financier et militaire au Hamas et au Hezbollah, en faveur de la diffusion de l’idéologie islamiste, en faveur de l’application de la charia et aussi en faveur d’une économie de spéculation qui a détruit le travail et la production de biens dans ce pays.

C’est un faux processus démocratique, mais pour une parfaite simulation, il lui faut respecter la forme démocratique, ce qui nous ramène à la procédure des candidatures fantaisistes !

Dans un système où tous les candidats ont le même avis, il n’y a pas de débat entre les candidats. Le processus est une coquille vide. Le régime des mollahs a trouvé la parade pour le dissimuler en occupant le temps avec des rebondissements médiatiques.

Ainsi on a eu droit à plusieurs annonces de candidature de Khatami qui ont donné lieu à des débats sur l’opportunité de cette candidature et non sur le fond ou un éventuel programme. Après plusieurs annonces suivies de démentis qui ont occupé les médias pendant deux mois, Khatami s’est retiré. Et nous avons eu droit à des débats sur les raisons de ce retrait. Puis, il y a eu l’annonce de la candidature de son remplaçant Moussavi et des débats sur l’opportunité de cette candidature !

A présent, on est prié d’attendre 11 jours pour savoir si des candidats fantaisistes ont été qualifiés ou pas : la période sera cette fois occupée par des débats sur les critères de qualification. Le 21 mai, c’est-à-dire à trois semaines du vote, le régime annoncera une liste des candidats qualifiés et nous aurons droit à des contestations des invalidations qui donneront lieu à d’autres débats sur les critères de qualification et à de possibles repêchages de candidats tout à fait inutiles.

Il restera alors quelques jours à remplir par d’autres évènements para-électoraux avec la bonne complicité des médias que l’ont dit réformateurs ou dissidents. Il y a quatre ans, pour animer ces quelques jours finaux, le régime avait opté pour beaucoup de tapage médiatique : des distributions de tracts par des jeunes délurés, des annonces de figures populaires à l’étranger comme Kiarostami ou Ebadi (qui ont appelé à voter) et enfin des faux attentats à l’explosif à Téhéran…


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Qui gouverne en Iran ?
- La République Islamique expliquée
- (26 AOÛT 2005)

article complémentaire :
- Iran : La double mystification de Shirin Ebadi
- (30 AVRIL 2009)

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