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Iran : La semaine en images n° 57
22.03.2009

Le vendredi 20 mars à 12h44 heure de Paris, l’Iran est entré dans une nouvelle année de sa longue histoire, officiellement l’année 2548, sur la base d’un calendrier adopté par la dynastie Achéménide plusieurs décennies après la fondation de l’empire. Les Iraniens attachent une grande importance à cette descendance ancienne, à cette dynastie qui a été à l’origine de la première déclaration des droits de l’homme et des centaines de fêtes qui célèbrent la nature. Parmi ces fêtes, il y a le nouvel an ou Nowrouz qui marque l’arrivée du printemps, la résurrection de la terre. Depuis leur arrivée au pouvoir, les mollahs ont combattu ces traditions, mais chaque année nous assistons à la même résistance pacifique des Iraniens qui célèbrent Nowrouz envers et contre le régime. Cette semaine en images est consacrée à cette résistance qui commence à prendre les couleurs d’une révolution.



Explosif | Le premier événement de la semaine a été la célébration de Tchahar Chanbeh Souri (la fête du mercredi) qui a lieu le dernier mardi de l’année (la veille du dernier mercredi de l’année). Pendant cette nuit, on allume des bûchers dans les rues : chacun doit sauter par-dessus ces feux pour se régénérer de sa chaleur et de ses couleurs vives et laisser derrière lui l’hiver et sa fadeur. Après la révolution, ce rite fut interdit, mais ces derniers temps le régime a lâché du leste. Cependant, le nom est resté tabou et le régime l’a rebaptisé « le dernier mercredi de l’année » ce qui est une bêtise car la fête a lieu un mardi.

Si la fête de Tchahar Chanbeh Souri a été autorisée il y a quelques années, elle a pourtant été délestée de quelques attributs comme le droit pour les garçons de se déguiser en fille ce qui était une manière de décréter une nuit de libertinage. Ceci étant interdit, les Iraniens ont été autorisés à garder les pétards, mais quand on est en pétard toute l’année, et que l’on a une seule nuit pour se défouler, le pétard ne fait plus l’affaire. Depuis 5 ans, les jeunes Iraniens sont passés à la vitesse supérieure avec des super pétards au bruit assourdissant appelés Narenjak ou littéralement grenade. Depuis 2005, la fête Tchahar Chanbeh Souri a même pris une coloration politique et profitant de l’obscurité, les jeunes défient par tous les moyens le régime et la milice : cela peut prendre la forme de soirée dansante mixte ou encore des actions plus musclées.

Cette année, il faisait chaud dans les rues du pays le mardi 17 mars. Il y a eu au moins 2200 arrestations dans l’ensemble du pays dont 700 à Téhéran.

Normalement, le nombre des arrestations est de moitié pour Téhéran et moitié pour le reste du pays. Ce déséquilibre résulte du fait que le régime avait concentré ses forces à Téhéran : il avait bouclé certains quartiers officiels et mis en place des patrouilles chargées de disperser la foule et éteindre le feu. Les jeunes sont restés dans leurs quartiers et les plus actifs ont été ceux de Tehran Pars (Nord Est), de Guisha (proximité de l’université de Téhéran), et de Sadeghieh (proximité de l’aéroport Mehrabad), des quartiers un peu en périphérie du centre historique de la ville et que l’on peut qualifier de populaires, mais pas pauvres.

Dans ces quartiers des classes moyennes (fournisseurs historiques de révolutonnaires), il y a eu des heurts entre les miliciens et les jeunes qui sont allés jusqu’à charger les miliciens à coup de pierres et divers projectiles. En province, les heurts les plus significatifs ont eu lieu dans les villes où le régime avait maltraité la population : à Ahwaz dans le Khouzestan, à Sanadaj dans le Kurdistan ou encore à Kermanshâh (dans la région du même nom)…

images officielles et amateurs de cette nuit | Évidemment, sur les photos des agences de presse du régime, on ne voit guère de miliciens en patrouille ou de jeunes en rogne. De préférence, l’accent a été mis sur le côté festif et par des cadrages habiles l’on a essayé de dissimuler le fait que les feux étaient allumés au milieu des rues. Nous avons donc sélectionné 3 images officielles suivies de 3 vidéos tournées avec des mobiles.

La raison qui nous pousse à leur accorder une valeur est l’absence de slogans suspects (uniquement anti-Ahmadinejad) et aussi le fait que l’ensemble des faux opposants intérieurs qui s’égosillent toute l’année pour des bêtises n’ont à aucun moment affirmé leur solidarité avec la politisation nécessaire de cette fête ni avec ces 2200 jeunes de milieux populaires arrêtés pendant cette nuit de folie.
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Tchahar Chanbeh Souri à Mash’had


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Tchahar Chanbeh Souri : Quartier de Tehran Paris


Slogan : Regarde Cyrus, nous venons à Toi !


Regarde Cyrus, nous venons à Toi !


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Tchahar Chanbeh Souri à Téhéran


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l’herbe anti-mollah | Le second événement de la semaine a été moins visible, mais néanmoins digne d’intérêt : la célébration de Nowrouz autour de 7 éléments symboliques de la tradition iranienne. Pour nuire à cette fête, le régime ne manque pas d’imagination : cette année au moment du changement du cycle, la télévision du régime diffusait un documentaire où l’on tentait de prouver que Nowrouz est en fait la même chose que la fin des temps, le jour de la résurrection et du châtiment des morts. Parallèlement depuis des années, le régime a instauré des pèlerinages sur les tombes de martyrs de la guerre Iran-Irak ou encore sur le front de cette guerre alors qu’elle n’a commencé ni fini à proximité de cette date. Et c’est là que l’on voit la profondeur de l’enracinement de Nowrouz : partout, les Iraniens ont dressé la traditionnelle nappe de Nowrouz, sur les tombes, sur les champs de mines.
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Cette résistance pacifique est l’esprit de Nowrouz, on tourne une page, on met des habits neufs, on donne le traditionnel présent : des cadeaux mais aussi des pièces de collections ou des billets neufs. Évidemment, quand nous étions petits (il y a longtemps avant la révolution), nous rêvions de billets de plus grosses coupures possibles (de préférence pas solitaire), mais une petite coupure faisait l’affaire, le plaisir étant qu’il soit neuf. Les parents faisaient l’effort d’aller d’en chercher à la banque. Sous le régime des mollahs, tout est différent : pour avoir des billets neufs, il faut les acheter à des revendeurs à la sauvette ! Enfin presque.
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C’est au fond logique : ce régime a sans cesse imprimé des billets sans contrepartie ce qui l’a poussé à inventer une nouvelle catégorie de coupures pour les plus riches. Il y a désormais deux sortes de billets en Iran, l’une réservée aux riches et l’autre à la majorité des Iraniens. Celle-ci est composée de billets usés peu renouvelés. Il y a cependant de la demande car il est par exemple d’usage de jeter des billets ou pièces neufs sur le passage des mariés… C’est ainsi que l’on retrouve à l’occasion de Nowrouz, ces revendeurs de billets neufs pour faire plaisir aux enfants, plaisirs symboliques, mais nécessaires car de nombreux iraniens font désormais l’impasse sur d’autres achats de fin d’année comme les habits ou même les fruits. En témoignent ces marchés vides de clients (3 photos), ce bazar dépeuplé et ces sandales qui tiennent les clientes en respect !
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